Placement sous mandat de dépôt de Khaled Drareni

Une pétition dénonce «l’acharnement sécuritaire et judiciaire» contre le journaliste

Iddir Nadir, El Watan, 30 mars 2020

Le journaliste Khaled Drareni a été placé, hier, sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach.

«Il passera sa première nuit à la prison d’El Harrach aujourd’hui dimanche 29 mars (hier, ndlr), après deux longues nuits en garde à vue au commissariat de police, et après présentation devant le procureur et juge du tribunal de Sidi M’hamed d’Alger pour exécution de la décision de la chambre d’accusation de la cour d’Alger», précise le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Présenté hier devant le procureur du tribunal de Sidi M’hamed, le journaliste était «en bonne santé et avec un bon moral», note le comité.

Arrêté le 7 mars, alors qu’il filmait une manifestation à Alger-Centre, Drareni, gérant du site Casbah Tribune et correspondant de l’ONG RSF, a été d’abord placé sous contrôle judiciaire après avoir été placé en garde à vue au commissariat Cavaignac, en compagnie des activistes Samir Benlarbi, Slimane Hamidouche et Toufik Hassani. La police a arrêté le journaliste vendredi après-midi à son domicile, pour le présenter devant le tribunal de Sidi M’hamed afin d’exécuter la décision de la chambre d’accusation en date du 24 mars, annulant le contrôle judiciaire. Il est accusé d’«atteinte à l’unité nationale» et «incitation à attroupement non armé».

Dans une pétition rendue publique, samedi 28 mars, des journalistes, des avocats, des militants associatifs et partisans réclament la libération immédiate du journaliste et la levée de toutes les poursuites pénales à son encontre. Pour ces signataires, les «faits qui sont reprochés à Khaled Drareni lors des différents interrogatoires qu’il a subis et dont il a rendu compte publiquement, sont liés exclusivement à l’exercice de sa profession». Tout en mettant en avant le caractère «attentatoire de l’acharnement sécuritaire et judiciaire» dont Drareni est victime, le texte précise que sa mise sous mandat «se déroule dans un contexte d’instrumentalisation manifeste de l’appareil judiciaire qui suscite l’indignation générale en particulier dans ce contexte de trêve sanitaire».

Les signataires affirment poursuivre la mobilisation pour la libération du détenu. «Malgré notre confinement, nous restons mobilisés pour rappeler par tous les moyens l’Etat algérien à ses obligations de protéger l’intégrité physique de ses citoyens. L’incarcération de Khaled Drareni pour son travail de journaliste et sa dangereuse surexposition au risque épidémiologique en plus de la privation de sa liberté resteront une tache noire au passif du pouvoir actuel, chantre de « l’Algérie nouvelle ».

Cette tache vient d’autant plus s’ajouter aux détentions arbitraires et inacceptables des journalistes Sofiane Merakechi et Saïd Boudour. Les journalistes ont payé un lourd tribut pour maintenir la liberté de leur parole durant les années noires.

Nous sommes toujours là et nous ne laisserons pas se poursuivre une telle forfaiture», note le document. Par ailleurs, le procureur près le tribunal de Bir Mourad Rais a requis deux ans de prison ferme et une amende de cinq fois le coût du matériel saisi à l’encontre de Sofiane Merakchi, correspondant local de la chaîne satellitaire arabe, El Mayadine. Merakchi est accusé d’«incitation à attroupement non armé à travers la chaîne de télévision Elmayadine TV» et d’«utilisation de technologie de diffusion directe pour des chaînes étrangères sans licence». Le verdict est mis en délibéré pour la semaine prochaine.