Le procès de Hamel et du commissaire Berrachedi reporté

Sonia L., TSA, 27 février 2020

27 Févr. 2020 à 17:53 Prévu ce jeudi 27 février devant le tribunal de Blida, le procès du général Abdelghani Hamel, ancien directeur général de la Sûreté nationale, et Noureddine Berrachdi, ancien chef de la sûreté de wilaya d’Alger a été reporté au 19 mars prochain.

La décision du report du procès a été prise à la demande du collectif de défense de l’accusé Noureddine Berrachdi, en raison de l’absence de certains témoins, et à leur tête l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, détenu actuellement, et qui aurait été transféré à l’hôpital, selon le même collectif, cité par l’agence officielle APS. 

Le collectif de défense de Berrachdi a demandé, en outre, la mise en liberté provisoire de son client jusqu’à la date de l’audience, demande qui a été rejetée par le Tribunal.

Les deux prévenus sont poursuivis pour « abus de fonction pour l’obtention d’indus privilèges à caractère professionnel en vue de la préservation du poste de DGSN ou d’un poste supérieur en vertu de l’article 33 de la loi relative à la prévention et la lutte contre la corruption ».

Noureddine Berrachdi est poursuivi pour « abus de fonction », en dépêchant des éléments de la police à la Conservation foncière de Bir Mourad Rais (Alger) afin d’obtenir, sans autorisation, des informations concernant la liste des personnes ayant acheté des appartement dans un immeuble appartenant à Kamel Chikhi ».

De nombreux témoins étaient présents à l’audience, dont Kamel Chikhi qui a été condamné hier par le tribunal de Sidi M’hamed à huit ans de prison dans une autre affaire, et des cadres de la police.


Poursuivis pour abus de fonction : Abdelghani Hamel et Noureddine Berrachedi devant le tribunal de Blida

Salima Tlemcani, El Watan, 27 février 2020

L’ex-patron de la police, Abdelghani Hamel, comparaîtra aujourd’hui devant le tribunal de Blida, avec son ancien chef de la sûreté de wilaya d’Alger, Noureddine Berrachedi, pour une affaire en lien avec Kamel Chikhi, principal accusé dans le dossier des 701 kg de cocaïne. Les deux prévenus doivent répondre du délit d’«abus de fonction», pour lequel ils ont fait l’objet d’un mandat de dépôt et risquent de 5 à 10 ans de prison ferme.

C’est aujourd’hui que s’ouvre le procès de l’ex-Directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, et de son chef de sûreté de la wilaya d’Alger, Noureddine Berrachedi, devant le tribunal de Blida, pour une affaire des plus étranges, liée au magnat de l’immobilier, Kamel Chikhi – impliqué dans le dossier des 701 kg de cocaïne -– et qui leur a valu la lourde inculpation d’«abus de fonction», passible d’une peine de 5 à 10 ans de prison.

Il s’agit en fait d’une visite de trois officiers de police en civil à la Conservation foncière de Bir Mourad Raïs pour récupérer, sans autorisation, la liste des personnes ayant acheté des appartements auprès de Chikhi, alors que ce dernier faisait l’objet d’une enquête menée par la gendarmerie.

Le conservateur foncier leur remet une quinzaine de copies des actes, mais informe le juge et les gendarmes du passage des officiers. L’affaire prend de l’ampleur et une enquête est ouverte. Les officiers en question affirment avoir agi «sous les pressions et les menaces» de l’ex-chef de sûreté de wilaya alors que ce dernier nie, mais précise que c’est à la demande de son directeur général qu’il a instruit les officiers.

Selon lui, ce n’est que la suite de l’enquête que la brigade économique et financière menait depuis 2016 sur les activités de Kamel Chikhi.

En effet, en novembre 2016, le procureur près le tribunal de Bir Mourad Raïs a instruit les services de la brigade économique et financière d’enquêter sur Kamel Chikhi, soupçonné de blanchiment d’argent en raison de ses nombreuses opérations d’acquisition de biens fonciers et immobiliers auprès des tribunaux dans le cadre de ventes aux enchères.

Les premiers éléments de l’enquête vont mener les enquêteurs vers un homme, M’barek M., natif de Médéa, ayant été condamné à 8 années de réclusion criminelle pour des actes de terrorisme, qui s’est recyclé dans le commerce des herbes, à Kouba, non loin des bureaux de Kamel Chikhi. M’barek connaît non seulement ce dernier mais aussi ses frères, avec lesquels il a de bonnes relations.

Aux policiers, il déclare que l’un de ces derniers lui a demandé de lui rendre service en lui signant, en septembre 2013, une reconnaissance de dette d’un montant de 125 millions de dinars, devant le notaire, mais sans lui remettre le montant.

Le bénéficiaire, quant à lui, confirme les propos de M’barek, mais précise que le montant de 105 millions de dinars lui a été remis, avec 20 millions de dinars de moins, que M’barek aurait prélevé en contrepartie de cette dette.

Les 105 millions de dinars restants auraient, selon lui, été prêtés à son frère Kamel, pour acheter aux enchères, auprès du tribunal de Koléa, un terrain dont il prend un tiers en retour.

Il affirme aussi que le montant mentionné sur la reconnaissance de dette a été remboursé intégralement, en septembre 2015, mais M’barek est formel : pour lui, cette dette n’existe que sur le papier.

Les investigations prennent du temps et le procureur de Bir Mourad Raïs relance la brigade économique en l’instruisant, le 27 avril 2018, d’axer particulièrement sur les biens immobiliers achetés par Kamel Chikhi et les registres du commerce qu’il utilise dans toutes ses opérations commerciales.

Un mois après, à quelques jours de l’audition de Kamel Chikhi, l’affaire des 701 kg de cocaïne éclate et les services de la Gendarmerie nationale sont chargés de l’enquête sous le contrôle du tribunal de Sidi M’hamed.

Le 2 août 2018, trois officiers de la brigade économique de la sûreté de wilaya d’Alger se présentent à la conservation foncière de Bir Mourad Raïs, et sans aucune réquisition, réclament les copies des actes de propriété des appartements achetés auprès de Kamel Chikhi, dans une promotion immobilière, sise à Hydra.

Le conservateur s’exécute, mais informe aussi bien les officiers de la gendarmerie, qui étaient passés avec une réquisition du parquet pour avoir des informations et les copies des mêmes actes, que le procureur. L’affaire tombe sous le coup d’une enquête.

Les trois officiers, les chefs de la brigade économique et de la police judiciaire sont entendus ainsi que le chef de la sûreté de wilaya.

Ce dernier nie avoir exercé une quelconque pression ou recouru à des menaces, tel que révélé par ses officiers, et affirme avoir exécuté les ordres du directeur général Abdelghani Hamel, qui nie catégoriquement ces propos. Inculpés pour «abus de fonction», Noureddine Berrachedi et Abdelghani Hamel sont placés sous mandat de dépôt par le tribunal de Boufarik.

Le 17 avril 2019, la Cour suprême, saisie dans le cadre du privilège de juridiction, renvoie l’affaire pour jugement devant le tribunal de Blida. Le procès s’ouvre aujourd’hui en présence des cinq officiers de la brigade économique et de la police judiciaire, convoqués en tant que témoins.