Incarcérés depuis avril dernier: Le chauffeur du général Toufik et Tarik Amirat libérés

Abla Chérif, Le Soir d’Algérie, 4 février 2020

L’ancien coordinateur général des services secrets algériens auprès de l’ambassade d’Algérie en France et le chauffeur du général Toufik ont été libérés au cours de la semaine dernière, a-t-on appris hier de sources concordantes.

Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Le premier n’est autre que Tarik Amirat, fils du défunt Slimane Amirat, homme politique décédé d’un malaise cardiaque au lendemain de l’assassinat du défunt Mohamed Boudiaf. Son histoire est survenue en avril dernier, un mois théâtre d’une guerre farouche visant à ôter le pouvoir à Abdelaziz Bouteflika, en poste depuis près de vingt années.
Tarik Amirat est à ce moment en fonction à l’ambassade d’Algérie à Paris, un poste auquel il avait été nommé plus d’une année auparavant. Et sa fonction principale consiste à jouer le rôle d’intermédiaire entre les services secrets algériens et français. Il est d’ailleurs l’interlocuteur principal de ces derniers. Sa mission consiste également à accompagner les délégations de la DGSE lors de leur déplacement à Alger. Peu avant avril, des éléments de la DGSE décident justement d’entreprendre un déplacement en Algérie. Le pays est à ce moment secoué par des évènements intenses, dont l’issue était encore difficile à cerner. Tarik Amirat les accompagne. Des informations concordantes font état d’une rencontre qui a lieu avec le général Tartag, actuellement incarcéré à la prison de Blida. Avec le général Toufik et Saïd Bouteflika, il a été condamné à quinze ans de prison pour «complot et atteinte à la hiérarchie militaire». L’ancien chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, avait fait publiquement état de l’existence d’une réunion à laquelle des services secrets étrangers, français en l’occurrence, avaient pris part.
Le général Tartag n’est pas le seul à avoir été arrêté pour non-dénonciation de l’existence du projet de cette rencontre, raison pour laquelle ses avocats insistent en affirmant que son «dossier est vide du moment qu’il était à cette période rattaché au président de la République, encore en poste». Tarik Amirat est lui aussi convoqué et interrogé durant plus d’une semaine par les services algériens. Libéré, il est convoqué à nouveau puis incarcéré à la prison militaire de Blida. Il est accusé de ne pas avoir révélé l’existence des entretiens qui ont eu lieu entre la délégation de la DGSE et les responsables des services secrets algériens. Jugé par le tribunal militaire de Blida, il est condamné à une année de prison. Au cours de la semaine dernière, son affaire a été rejugée par le même tribunal qui a décidé de le condamner à huit mois de prison ferme, et quatre mois avec sursis. Les huit mois correspondent à la période écoulée en prison.
Le jour même, une autre nouvelle tombe. L’ancien chauffeur du général Toufik a été lui aussi libéré. Les éléments d’information relatifs à cette affaire sont très peu connus, même les avocats de son ancien employeur (le général Médiène) affirment ignorer les tenants et les aboutissants de ce dossier.
Des sources biens au fait de la situation font, cependant, savoir que l’arrestation de ce chauffeur est intervenue peu de temps après l’arrestation du général Toufik. Il a été interrogé par les services de sécurité avec d’autres chauffeurs employés par Saïd Bouteflika, qui occupait alors le poste de conseiller du président de la République, et des autres personnes inculpées dans ce qui est appelé l’affaire du «complot».
Les enquêteurs ont recueilli des informations relatives aux déplacements effectués par les mis en cause dans le cadre de cette réunion.
A. C.