Ali Haddad s’explique

IL RÉPOND AUX MISES EN DEMEURE ADRESSÉES PAR LES POUVOIRS PUBLICS À SON ENTREPRISE, L’ETRHB

Ali Haddad s’explique

Le Soir d’Algérie, 26 juillet 2017

Le président du Forum des chefs d’entreprises et patron du groupe ETRHB, spécialisé dans les travaux publics, brise le silence. Sous les feux de la rampe depuis la mi-juillet, Ali Haddad finira par réagir à sa manière : il le fera en répondant aux mises en demeure que le gouvernement lui avait lancées depuis le 16 juillet dernier à propos des retards enregistrés dans la réalisation de certains projets qui concernent notamment les secteurs des transports, des travaux publics et des ressources en eau.

Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Les réponses du groupe ETRHB sont déclinées sous la forme d’une campagne publicitaire lancée à partir d’aujourd’hui, mercredi, à travers certains titres de la presse nationale. A chacune des mises en demeure du gouvernement, elles sont au nombre de neuf, le groupe ETRHB réagit par une «réponse à mise en demeure» où il donne sa propre version expliquant ou justifiant les retards ou autres défaillances relevés par les pouvoirs publics.
Pour rappel, toutes les mises en demeure du gouvernement ont fixé à l’ETRHB un délai de soixante jours pour, systématiquement et invariablement, pour chacun des neuf projets, satisfaire aux obligations suivantes : «Relancer les travaux arrêtés sans motif valable; relancer le chantier en moyens humains et matériels ; approvisionner le chantier en matériaux de construction et, enfin, respecter les engagements contractuels en général.»
Ce à quoi Ali Haddad répondra, via son groupe, au cas par cas. Il évoque, à son tour, des contraintes allant des «oppositions, retards pris par certains bureaux d’études ; les intempéries, les contournements nécessaires des zones urbaines : les retards de paiement de la part du maître d’œuvre, c’est-à-dire l’Etat, etc. A titre d’exemple, prenant le cas de la nouvelle ligne ferroviaire à voie unique Relizane-Tiaret-Tissemsilt sur 185 km : «En réponse à la mise en demeure de l’Agence nationale d’étude et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (…) l’entreprise SPA Groupe ETRHB Haddad informe le maître d’œuvre que les travaux n’ont jamais été à l’arrêt et se déroulent dans de bonnes conditions.»
Ceci étant, le groupe ETRHB, lit-on dans la même réponse, «demande au maître de l’ouvrage de lever les contraintes persistantes à ce jour et qui entravent l’avancement des travaux, à savoir : oppositions et déviations de réseaux au nombre de 317 : soit 1,7 contraintes/km ; libération des études du lot Gares, en souffrance depuis leur date de remise, le 13-3-2014 ; libération des études de changement de tracés demandées par le maître de l’ouvrage, pour contournement des contraintes techniques majeures et évitement des agglomérations urbaines sur un itinéraire minimum de 31 km».
Ce n’est pas tout. Le groupe ajoute, dans sa réponse, qu’il «sollicite le maître de l’ouvrage pour le paiement des situations des travaux n°60 (…) et la situation de révision des prix n°02 déposée le 8-5-2017, d’un montant cumulé de 3 638 622 263,01 DA/ TTC, auquel s’ajoute une production stockée de 1 283 000 000,00 DA/TTC, soit un montant total de 4 927 622 663,01 DA/TTC».
Le groupe conclut sa réponse en considérant que «la mise en demeure est injustifiée et infondée» et ajoutera qu’il réitère son entière disponibilité «à œuvrer en commun avec le maître de l’ouvrage pour la livraison du projet dans les meilleurs délais».
Dans une autre réponse à propos d’une autre mise en demeure, le groupe Haddad renvoie carrément l’accusation à l’Etat auquel il endosse la responsabilité dans le retard décrié. C’est le cas du projet de réalisation de la route reliant la ville de Bouinan à l’autoroute Est-Ouest, par le chemin de wilaya n°114. «On lit ce qui suit, en effet, dans la réponse du groupe Haddad : «L’entreprise SPA Groupe ETRHB Haddad précise que les travaux à l’arrêt depuis le 1-6-2017 sur ordre du maître de service n°36/DTP/SAM/2017 du maître de l’ouvrage pour cause de présence de contraintes (habitation en plus de réseau d’électricité) ont repris le 2-7-2017 sur ordre de service des travaux n°52/DTP/SAM/2017.»
De même que le groupe Haddad «demande au maître de l’ouvrage de lever les contraintes persistantes à ce jour (oppositions des riverains et déplacements des réseaux) afin de permettre l’achèvement de l’ensemble des travaux (et) informe le maître de l’ouvrage que l’avancement physique du projet a atteint les 80% alors que le paiement des situations n’est qu’à 30%.» Tout comme il réclame «le paiement de 9 situations des travaux d’un montant cumulé de 1 541 066 707,00 DA/TTC (…) auquel s’ajoute une production stockée estimée à 220 000 000,00 DA/ TTC, soit un total de 1 761 066 707,51 DA/TTC». Enfin, le groupe «signale que l’ODS d’arrêt, pour intempéries et contraintes, d’une durée cumulée de 11 mois, ordonnées par le maître de l’ouvrage ont engendré des immobilisations des moyens humains et matériels et des perturbations dans la programmation des travaux, ayant fait subir à l’entreprise un impact financier estimé à 85 849 719,36 DA/TTC».
Inutile de préciser que le groupe considère, dès lors, que la mise en demeure concernant ce projet est «injustifiée et non fondée». L’Etat est également désigné par le groupe Haddad comme le seul responsable dans les retards de réalisation d’un autre projet, celui de la réalisation de la ligne à double voie électrifiée Tlemcen-Akkid Abbès et Oued Tlelat-Akkid Abbès. Le groupe précise en effet «qu’après réception de l’ordre de service de démarrage des travaux en date du 20 mars 2013 a exécuté tous les travaux d’installation de chantier (bases de vie, carrière d’agrégats, centre de production).
Et a élaboré et déposé auprès du maître de l’ouvrage, l’étude de maturation du projet en date du 30 mars 2015 (…)». Par contre, «le groupe précise que le bureau de contrôle et de suivi (BCS) n’a été installé au niveau du projet qu’en date du 26-1-2017». Aussi, «le groupe signale que malgré l’installation tardive du BCS, ce dernier n’a approuvé, à ce jour, aucun dossier d’exécution permettant au groupement de démarrer effectivement les travaux».
Un retard qui, selon le groupe, lui a occasionné des pertes estimées à 3 531 270 648,68 DA/TTC. Ceci étant, les explications fournies par Ali Haddad seront-elles de nature à convaincre le gouvernement ? Affaire à suivre de très près…
K. A.