Arguant de la «crise politique dans le pays»: Volkswagen suspend la production de sa marque en Algérie

Houari Barti, Le Quotidien d’Oran, 15 décembre 2019

Le constructeur automobile allemand Volkswagen a annoncé avant-hier «la suspension de la production de sa marque en Algérie» justifiant sa décision par «la crise politique du pays hôte», selon plusieurs médias allemands citant la Deutsche Presse-Agentur «DPA», l’Agence de presse allemande.

Une suspension de production du géant automobile européen assortie d’une suspension de toute livraison de fournitures au partenaire officiel algérien SOVAC, affirme par ailleurs DPA.

Volkswagen justifie ainsi ces suspensions, selon la même source, par le contexte politique particulier qui prévaut actuellement en Algérie. Un contexte marqué par des enquêtes sur des affaires de corruption menées par la justice algérienne contre plusieurs anciens hommes politiques et hommes d’affaires connus, notamment le directeur général de Sovac, Mourad Eulmi. Le groupe automobile allemand affirme, par ailleurs, n’avoir pas connaissance d’enquête contre des employés de Volkswagen en Algérie.

Sovac est le partenaire officiel de Volkswagen dans le plus grand pays d’Afrique en termes de superficie depuis dix ans. Depuis 2016, le groupe automobile allemand exploite une usine d’assemblage en Algérie dans le cadre d’une joint-venture, dans laquelle environ 50.000 véhicules ont été assemblés l’année dernière, notamment pour sa SEAT qui connaît un grand succès en Algérie.

Luca de Meo, président de Seat, avait souligné en 2018 que l’usine du groupe Volkswagen de SOVAC Production Algérie est une étape importante dans la stratégie de la mondialisation de Seat. Luca de Meo avait ainsi rappelé que la société est présente dans plus de 80 pays, mais seulement 15% des ventes sont réalisées en dehors d’Europe. Dans cette optique, avait-il précisé, les régions stratégiques pour la croissance sont l’Afrique du Nord, où Seat dirige le projet d’usine d’assemblage de véhicules du Groupe Volkswagen en Algérie ainsi que l’Amérique latine.

Il est à rappeler que dans le cadre de ce qui est appelé l’Affaire SOVAC, le parquet de Sidi Mhammed, chargé de l’instruction, avait mis en juin dernier «en accusation 15 personnes physiques» pour plusieurs crimes liés notamment au «blanchiment d’argent, transfert de biens obtenus par des faits de corruption à l’effet d’en dissimuler la source illicite dans le cadre d’un groupe criminel, participation à la dilapidation et à l’utilisation de fonds de banque, incitation d’agents publics à exploiter leur influence réelle et supposée dans le but de bénéficier d’indus privilèges, bénéfice du pouvoir et de l’influence des agents de l’Etat…»

Parmi les personnes poursuivies pénalement, il y a «le Pdg du groupe Sovac, deux de ses frères et douze cadres et fonctionnaires, dont sept du ministère de l’Industrie et des Mines, ainsi que cinq cadres du Crédit populaire d’Algérie». Trois personnes morales ont été également accusées, poursuit-on de même source, relevant qu’il s’agit d’entreprises commerciales dépendant du groupe Sovac.