Résolution du Parlement européen sur l’Algérie : la réaction de Me Bouchachi
Riyad Hamadi, TSA, 29 novembre 2019
Me Mustapha Bouchachi a réagi ce vendredi 29 novembre à la résolution du Parlement européen sur l’Algérie, qui a été adoptée hier jeudi. « C’est une affaire interne algérienne. On va la régler entre nous. Le peuple doit compter sur ses enfants pour réussir. Jamais un pays étranger n’a aidé un peuple pour une véritable transition démocratique », a estimé Me Bouchachi alors qu’il participait au 41e acte du mouvement populaire à Alger.
Pour cette figure du hirak, « c’est le régime, en essayant de donner des rapports à des pays étrangers, qui a commencé à exposer la situation algérienne à l’étranger ». Il fait sans doute allusion à la rencontre entre le président par intérim Abdelkader Bensalah et le président russe Vladimir Poutine, jeudi 24 octobre à Sotchi en Russie, où le chef de l’État avait parlé de la situation politique en Algérie. « Si j’ai demandé à vous rencontrer, c’est pour vous rassurer sur la situation en Algérie qui est maîtrisée et que nous sommes capables de dépasser cette conjoncture », a dit Bensalah à Poutine lors d’une réunion avec la participation de responsables des deux pays. Une déclaration qui a provoqué un tollé en Algérie.
Me Mustapha Bouchachi a poursuivi en répétant que ce qui se passe en Algérie est une « affaire interne algérienne », et doit « rester une affaire interne entre algériens ». « C’est une question de principe », a-t-il insisté.
Pour argumenter, il estime « qu’une intervention étrangère ne va pas permettre d’aller vers une démocratie, au contraire ». Et il cite ce qu’il s’est passé dans les pays de la région où l’intervention étrangère a conduit au chaos, comme en Libye ou en Syrie.
« Nous avons vu que dans beaucoup de pays de la région, l’intervention étrangère a mise en échec les révolutions », met en garde l’avocat et militant des droits de l’Homme.
S’il rejette l’ingérence étrangère, Me Bouchachi plaide pour la poursuite du hirak. « C’est pour cela que nous devons rester pacifiques, et dire que les Algériens et seulement les Algériens qui sont capables de mener l’Algérie à une véritable démocratie », soutient-il.
Me Bouchachi pense que « les pays étrangers particulièrement la France, n’ont pas intérêt à une véritable démocratie dans notre pays ». Il contre-attaque les partisans du pouvoir qui accuse l’opposition de solliciter l’appui des puissances étrangères dans la crise qui secoue le pays depuis le 22 février.
« Une véritable démocratie signifie un président élu qui va servir l’intérêt de l’Algérie, et non pas celui d’un autre pays. Alors qu’un régime non démocratique, dictatorial s’appuie et se renforce avec l’étranger et cela ne sert pas les intérêts de notre pays », développe Me Bouchachi.
« Par principe, il faut que ça reste une affaire interne », insiste encore Me Bouchachi, en reprochant au pouvoir d’avoir ouvert la porte de l’ingérence étrangère. « Lorsque les droits humains sont violés, les pays étrangers doivent en parler. Je dis que le comportement du régime a laissé les pays étrangers intervenir dans nos affaires internes. Ces arrestations par centaines, celui qui s’exprime ou publie sur Facebook est arrêté. C’est cela qui a laissé les pays étrangers intervenir », accuse Me Bouchachi.
Jeudi, le Parlement européen a condamné « fermement les arrestations arbitraires et illégales ainsi que l’emprisonnement, les attaques et les intimidations de journalistes, syndicalistes, avocats, étudiants, défenseurs des droits de l’Homme et de manifestants pacifiques qui prennent part aux manifestations du Hirak ».
L’Algérie a réagi en dénonçant le « mépris » du Parlement européen, et accusé des eurodéputés de promouvoir « ouvertement leur agenda du chaos provoqué, qu’ils ont malheureusement mis en œuvre dans bien des pays frères ».