La justice espagnole enquête sur la centrale hybride de Hassi-R’mel

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La justice espagnole enquête sur la centrale hybride de Hassi-R’mel

Liberté, 4 février 2018

Le parquet espagnol a engagé une procédure judiciaire sur les moyens utilisés par Abengoa pour obtenir le marché.

Des soupçons de corruption pèsent sur Abengoa, un groupe industriel et technologique espagnol opérant dans le secteur de l’énergie et dont Abener, une de ses filiales, est actionnaire à hauteur de 51% dans la centrale hybride solaire-gaz de Hassi-R’mel. La justice espagnole veut faire toute la lumière sur cette affaire. Aussi a-t-elle engagé une procédure judiciaire sur les moyens utilisés par Abengoa, pour obtenir le marché de construction de cette centrale hybride. Des médias ibériques, dont la publication Inertia et l’agence de presse espagnole EFE, détaillent que la justice espagnole a perquisitionné le siège du groupe situé à Séville dans le cadre d’enquêtes complémentaires sur le marché obtenu par sa filiale Abener en Algérie et sa gestion.
L’enquête a été déclenchée en 2015 et la perquisition dont il est question s’inscrivait dans le cadre des compléments d’enquête. Les agents de la Police judiciaire espagnole ont récupéré, vendredi 2 février, plus de 130 giga-octets d’informations provenant d’e-mails de plusieurs ex-directeurs depuis 2007. La centrale hybride solaire-gaz de Hassi-R’mel, la première en Algérie, a été inaugurée le 14 juillet 2011. Abener, New Energy Algeria (Neal), Cofides (une compagnie espagnole de financement de projets dans les pays en voie de développement) et Sonatrach en sont les principaux actionnaires. Le montage du projet porte sur un contrat de vente et d’achat d’électricité entre SPP1, une joint-venture, produit d’un accord conclu en 2006 entre la société algérienne Neal et Abener, et Sonatrach, alors que son financement est assuré à hauteur de 80% par un syndicat de banques publiques constitué de la Banque extérieure d’Algérie (BEA), du Crédit populaire (CPA) et de la Banque nationale (BNA). SPP1 est la société de projet chargée de la réalisation et de l’exploitation de la centrale dont il s’agit. Neal SPA est une société commune de Sonatrach, Sonelgaz et du groupe privé SIM. Elle est spécialisée dans le développement des énergies renouvelables. L’électricité produite par cette usine est achetée par Sonatrach pour un prix de 3,13 DA le KW/heure. Pour certains observateurs, l’affaire de la centrale hybride solaire-gaz de Hassi-R’mel ferait partie des pratiques de mauvais aloi dans l’énergie ayant eu cours pendant la période où Chakib Khelil était aux commandes. L’ancien ministre de l’Énergie est mis en cause dans des affaires de corruption. Dans l’un de ses écrits, l’Association algérienne pour la lutte contre la corruption (AACC) soulignait, il y a quelques mois, que Chakib Khelil serait impliqué, entre autres, dans une affaire de corruption dans le commerce du gaz entre Alger et Madrid sur fond de Panama Papers. L’AACC avait rendu public un communiqué au titre des plus éloquents : “Le roi d’Espagne, une princesse allemande et Chakib Khelil”. Elle n’excluait pas qu’une grosse affaire devait éclater au grand jour (Sonatrach 3) entre l’Algérie et l’Espagne. Se basant sur des sources espagnoles, notamment médiatiques, sur des journaux européens, l’association indiquait que Corinna zu Sayn-Wittgenstein, “une intermédiaire” se présentant comme une “princesse” allemande de la jet-set, était présente “dans des négociations cachées de gaz” entre l’Algérie et l’Espagne, et qui s’étaient déroulées durant la première moitié des années 2000. Cette dame est en réalité une “femme d’affaires avisée” résidant à Monaco pour échapper au fisc

Youcef Salami