Réunies hier au siège du RCD : Les Forces de l’Alternative démocratique rejettent «l’agenda de la présidentielle»

Hocine Lamriben, El Watan, 10 septembre 2019

Les Forces de l’Alternative démocratique ont renouvelé, hier à Alger, leur rejet de la présidentielle et réclamé l’instauration d’un processus constituant. «Les Forces de l’Alternative démocratique réitèrent leur refus de l’agenda de la présidentielle que veut imposer le pouvoir, de fait, et ce, en symbiose avec la farouche volonté exprimée par le peuple algérien pour un changement démocratique radical consacrant sa pleine souveraineté, alors que le pouvoir s’évertue à maintenir le système en tentant un passage en force», ont estimé les Forces de l’Alternative démocratique dans la résolution finale sanctionnant les travaux de leur convention, organisée au siège du RCD, après le refus de l’administration de la wilaya d’Alger d’accorder une autorisation pour l’organiser à la Safex.

«La revendication de changement vers un Etat de droit fondé sur une légitimité démocratique, s’appuyant sur la souveraineté du peuple, exige un nouveau climat politique, incompatible avec les propositions du pouvoir actuel et appelle à l’ouverture immédiate d’une phase de transition démocratique, où les affaires de l’Etat seront dirigées dans un nouvel esprit, à travers un processus constituant souverain, ajusté aux aspirations démocratiques et sociales du peuple algérien», ont ajouté les auteurs de la résolution. Les Forces de l’Alternative démocratique constatent « qu’au moment  où le pouvoir de fait évoque un simulacre de dialogue en vue d’imposer une élection présidentielle, synonyme de maintien du système, des dizaines de citoyens sont toujours détenus arbitrairement pour leurs opinions ou leurs positions politiques».

L’Alternative démocratique –composée de partis de l’opposition (FFS, RCD, PT, PST, PLD, MDS, UCP), de la Laddh et de plusieurs personnalités politiques – compte organiser une conférence nationale autour de son projet. «La phase de refondation exige la mise en place d’un pouvoir judiciaire indépendant, mécanisme fondamental permettant d’instaurer un Etat de droit (…). L’indépendance de la justice va réunir les conditions nécessaires à même de prémunir contre toute reconstruction de l’esprit de la hogra, de vengeance et de règlement de comptes», lit-on dans le document en question. Pour les Forces démocratiques, «l’esprit d’adaptation des lois, des institutions et de l’Etat aux exigences de la souveraineté du peuple algérien constituera le travail de base qui assurera la période de transition démocratique». Déterminées à travailler dans un cadre «inclusif», les Forces de l’Alternative démocratique ont appelé les Algériens à «s’engager dans un processus constituant souverain, à travers l’auto-organisation au sein de structures et des comités de base à l’échelle nationale».

Lors de son intervention, le président du RCD a estimé que le pays «doit se donner une nouvelle Constitution qui redéfinit l’organisation de l’Etat». «Le processus constituant que nous voulons et devons construire ensemble est le choix de la rupture et de la raison, le choix de la souveraineté, le choix de la fin du système en place et celui d’un nouveau départ pour l’Algérie», a-t-il assuré.

Pour sa part, Ali Laskri, coordinateur de l’instance présidentielle du FFS, a souligné que seul un processus constituant est à même de garantir un changement de système et la restitution de la souveraineté au peuple. «Les Algériens réclament le départ du régime et de ses symboles ainsi que l’indépendance. Nous n’avons pas le droit de faillir», a-t-il relevé en rejetant la feuille de route de l’état-major.

Même son ce cloche auprès du MDS. «Il n’y aura pas de normalisation avec un régime répressif. La rupture avec le régime en place passe par un processus constituant», a souligné Fethi Gahres, coordinateur national du MDS. Ce dernier, qui a plaidé en faveur d’une Algérie plurielle, a mis en garde contre la division et l’exclusion.

Le  vice-président de la Laddh, Saïd Salhi, a plaidé, quant à lui, en faveur d’une transition «négociée» en vue de jeter les fondements d’une «nouvelle République». «Il faut travailler sur les alliances et élargir le front du refus. Il y a encore la possibilité de construire des compromis», a-t-il insisté, en suggérant que les forces de l’opposition engagent en interne un «dialogue ouvert et inclusif».