Après son interdiction par l’administration: Le RAJ tient son université d’été dans la rue
Karim Aimeur, Le Soir d’Algérie, 5 septembre 2019
C’est dans la rue que l’association RAJ a décidé d’organiser son université d’été cette année. Interdite pour la première fois par le pouvoir, après avoir été prévue du 28 au 30 août à Tichy (Béjaïa), la manifestation dénommée «université populaire» pour l’occasion, se tiendra aujourd’hui jeudi en pleine rue dans la ville de Béjaïa.
Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Comme quoi, le pouvoir et son administration ne peuvent rien contre la volonté et la conviction des citoyens d’organiser leurs activités. Ainsi, l’association RAJ organise aujourd’hui son «université populaire» à la placette Patrice-Lumumba de Béjaïa, sous le thème «Mouvement populaire du 22 février, Révolution de l’espoir».
L’évènement est dédié à la mémoire des défunts, Achour Idir, militant et syndicaliste, Kamel-Eddine Fekhar, militant des droits humains mort en détention et Remzi Yettou, un jeune de 17 ans mort des suites des séquelles de la violence de la police au cours d’une marche du vendredi à Alger.
«L’université d’été de cette année intervient dans un contexte national marqué par une insurrection citoyenne pacifique inédite dans la jeune histoire du pays. Dans ce sursaut révolutionnaire, le mouvement populaire, engagé contre l’arbitraire et l’autoritarisme, réclame le recouvrement de sa souveraineté et l’avènement d’un État de droit et de justice sociale», souligne l’association dans un communiqué.
Elle précise que partout dans le pays, les citoyens réclament le départ du système à travers le slogan, «Yatnahaw ga3» et se réapproprient l’esprit de la Soummam, à travers le slogan «Pour un État civil et non militaire».
«Conçu comme un espace de débat, de partage et de réflexion, l’université d’été verra la participation de plusieurs acteurs associatifs, syndicaux, politiques, étudiants et des acteurs investis dans le mouvement ainsi que des experts pour débattre de plusieurs thématiques liées à la révolution en cours», annonce le RAJ.
Ainsi, le mouvement populaire, sa genèse et ses perspectives, la transition démocratique, le rôle et la place de la jeunesse dans le mouvement, ceux des étudiants, des femmes, des médias, des dynamiques de la société civile, de la classe politique et de la diaspora algérienne à l’étranger seront traités par plusieurs intervenants.
Mourad Ouchichi, maître de conférences à l’université de Béjaïa, Faculté des sciences économiques, commerciales et des sciences de gestion, donnera une conférence sur «la question économique dans le cadre de la transition politique».
Adila Bendimerad, comédienne, scénariste de cinéma et de théâtre, animera un débat sur «la place et le rôle des femmes dans le mouvement du 22 février et dans le changement démocratique».
Pour sa part, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) développera le thème lié au «rôle de la société civile dans la médiation pour une solution politique».
Des partis politiques et des organisations de la société civile ont appelé les citoyens à une large mobilisation pour faire de cet évènement, organisé dans la rue et à ciel ouvert, un grand moment de rencontre, de débats et de réflexion.
K. A.