L’Instance nationale de dialogue poursuit ses consultations : Un «comité des sages» sera installé samedi prochain
Hocine Lamriben, El Watan, 15 août 2019
L’Instance nationale de dialogue et de médiation, chargée depuis le 25 juillet par le chef d’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, de mener des consultations pour définir les modalités de la prochaine présidentielle pour élire un successeur à Bouteflika, poursuit ses consultations.
Après l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Karim Younès et les membres de son équipe ont reçu, hier, des représentants d’organisations professionnelles, dont des syndicats, avant le dernier round prévu avec les partis politiques de l’opposition. «Des acteurs de la société civile sont concernés, à commencer par les organisations socioprofessionnelles, les syndicats, les organisations estudiantines et de femmes, avant d’aller vers des partis politiques, plus tard», a déclaré Ammar Belhimer, président de la commission politique du panel de dialogue, dans une déclaration à la Chaîne 3 de la Radio nationale.
Fortement contesté par le mouvement populaire (hirak), boudé par les personnalités invitées à le rejoindre, le panel chargé de mener le dialogue de sortie de crise est confronté à une crise de légitimité.
En outre, le général Gaïd Salah avait rejeté les conditions posées au pouvoir par le panel de dialogue alors que le chef d’Etat avait fait part de sa disponibilité à étudier les mesures d’apaisement, dont la libération des détenus d’opinion. Malgré cela, l’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, a affiché sa disponibilité à rejoindre prochainement le panel. «Je suis favorable à toute forme d’initiative, pour peu que ces initiatives tendent à trouver une solution à l’impasse politique.
Elles doivent veiller à tenir compte des demandes profondes du hirak, qui se sont représentées par une demande de justice sociale, une demande de contrôle de la richesse publique et l’instauration d’un système démocratique plein et entier», a confié l’ancien diplomate à la Radio publique.
Outre Rahabi, des partis de l’opposition, s’apparentant aux Forces du changement, comptent aussi rejoindre l’instance en question. Il s’agit, selon la Radio nationale, de Talaie El Hourriyet de Ali Benflis, de l’Union des forces démocratiques et sociales (UDS) de Nourredine Bahbouh et du Front El Moustakbal de Abdelaziz Belaïd.
Ce pôle de l’opposition considère que la solution à la crise passe par une élection présidentielle dans des «délais raisonnables», alors que d’autres formations regroupées au sein des Forces de l’alternative démocratique estiment que la solution réside dans la mise en place d’une Constituante avant tout autre processus électoral. Toujours dans le cadre de ses consultations, l’Instance de dialogue a rencontré, avant-hier, le commandant de la Wilaya IV historique, le colonel Youcef Khatib, ainsi que le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine, Mohand Ouamar Benlhadj.
Mercredi dernier, l’Instance nationale s’est réunie pour la première fois pour discuter avec des personnes présentées comme des militants du hirak. La majorité des intervenants ont estimé que la présidentielle devait se tenir rapidement et sans intervention du gouvernement Bedoui qui est «le représentant de la fraude».
Par ailleurs, le comité des sages de l’Instance nationale de dialogue, qui sera installé samedi prochain, réunira «des profils de gens rassembleurs» et «qui ont de l’expertise pour aider l’instance à avancer convenablement sur une large étendue sociopolitique et économique», a expliqué Ammar Belhimer.
Celui-ci n’a pas révélé l’identité des personnalités nationales qui composent ce comité. «La représentativité du comité des sages assure une plus grande crédibilité à la mission de médiation pour une plus profonde adhésion», a-t-il assuré.
Ce comité sera chargé, d’après lui, de conforter la mission du panel avec «des visions, des conseils et orientations de par sa composante qui symbolise une rupture totale avec le système». Il a balayé les critiques selon lesquelles l’Instance de dialogue permettrait à l’actuel régime de se régénérer. «Nous ne sommes pas une instance de reproduction du système. Bien au contraire, nous avons adhéré en tant qu’intellectuels indépendants à cet exercice porteur de rupture.
La plupart des gens qui composent ce comité sont des victimes de l’ancien régime. Ils ne sont pas dans un esprit de revanche. Ils veulent reconstruire le pays sur des bases saines, intègres et propres», s’est défendu le président de la commission politique du panel de dialogue.