L’Algérie trouvera-t-elle un compromis avec Total ?
Le rachat d’Anadarko par Oxy prochainement voté
Zhor Hadjam, El Watan, 17 juillet 2019
Les pourparlers entre les groupes Sonatrach et Total pour trouver un compromis autour du rachat des actifs d’Anadarko en Algérie par Total devraient s’accélérer dans les prochaines semaines, dans le sillage du vote qui devrait entériner, le 8 août prochain, sauf imprévu, la cession du groupe pétrolier Anadarko à Occidental Petroleum (OXY).
Les actionnaires d’Anadarko Petroleum Corp se prononceront le mois prochain, lors d’une séance de vote, sur la vente d’actifs pétrole et gaz au profit d’Occidental Petroleum Corp, pour 57 milliards de dollars. Un montant qui a suscité les réserves de certains actionnaires, dont le militant milliardaire Carl Icahn, qui a jugé la transaction trop chère.
L’investisseur, qui détient 1,6 milliard de dollars d’actions d’Occidental Petroleum, soit 4% des parts de la compagnie, avait déposé plainte contre Oxy, jugeant l’offre de rachat d’Anadarko largement surévaluée, et a convoqué une assemblée extraordinaire pour remplacer quatre administrateurs. Ces contestations ne devraient cependant pas gêner la conclusion de la transaction, estiment les experts via les agences de presse.
Il est donc très probable que les actionnaires d’Anadarko votent en faveur de l’accord proposé, ce qui obligera les pouvoirs publics en Algérie à trouver un terrain d’entente avec le français Total au sujet des actifs algériens concernés par la transaction qui sera conclue entre Anadarko et Total dans le sillage de l’accord principal cité plus haut.
Il s’agit du rachat des blocks 404a et 208 et une participation de 24,5% dans le bassin du Berkine (champs de Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk) dans lesquels Total détient déjà 12,25%. Les contacts entre le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, et le patron de Total, Patrick Pouyanné, ont été amorcés il y a quelques semaines sans qu’aucune information tangible n’a filtré sur l’éventualité d’un accord. Le ministre de l’Energie avait d’abord annoncé un possible recours au droit de préemption, avant de se prononcer pour un compromis avec Total.
Le ministère de l’Energie n’a cependant évoqué jusqu’à présent que la «volonté indéfectible des deux groupes Sonatrach et Total de préserver leurs intérêts communs et d’œuvrer à développer un partenariat pragmatique qui crée de la valeur pour les deux parties sur le moyen et le long termes». Le patron de Total s’est dit pour sa part confiant quant à un accord avec Sonatrach. Pour rappel, la Commission fédérale américaine du commerce (FTC) a donné, début juin, son accord au rachat d’Anadarko par OXY.
A l’issue du vote qui se déroulera début août, l’opération de rachat devrait être ensuite entérinée au deuxième semestre 2019. OXY devrait céder ensuite, en 2020, tous les actifs d’Anadarko en Afrique, dont les sites algériens, au français Total pour 8,8 milliards de dollars après la conclusion de la transaction principale. Il est à rappeler que Total a annoncé au mois de juin avoir signé un accord engageant avec Occidental en vue de l’acquisition des actifs du groupe pétrolier américain Anadarko en Algérie, Ghana, Mozambique et Afrique du Sud.
L’accord s’inscrit dans l’éventualité d’un succès de l’offre en cours d’Occidental pour le rachat d’Anadarko, a précisé Total dans un communiqué. «Cette transaction est donc conditionnée à la signature et à la finalisation de l’acquisition envisagée d’Anadarko par Occidental ainsi qu’à l’approbation par les autorités compétentes», a-t-on expliqué.
«Si elle se réalise, l’acquisition d’Anadarko par Occidental nous offrirait l’opportunité d’acquérir un portefeuille d’actifs de classe mondiale en Afrique, ce qui renforcerait notre position de leader parmi les sociétés privées internationales sur le continent», a estimé Total, soutenant qu’«en acquérant les actifs d’Anadarko en Algérie, Total deviendra un opérateur d’actifs pétroliers majeurs».