Jijel : Les projets de Haddad et Kouninef en péril

Amor Z., El Watan, 01 juillet 2019

Ils sont à l’arrêt ou presque. Les projets de Haddad et de Kouninef, les deux barons des affaires, qui avaient leurs propres entrées au sein du régime du Président déchu, sont en péril. Que ce soit pour le tronçon de la pénétrante à l’autoroute Est-Ouest reliant Jijel à El Eulma, dont une partie est confiée à l’ETRHB de Ali Haddad, ou pour l’usine de trituration des huiles oléagineuses de Kouninef, le constat est le même. Dans les deux cas, l’appréhension est de mise.

Pour la pénétrante, qui avance toujours à petits pas, plus de cinq ans après son lancement, le projet est quasiment à l’arrêt. C’est ce qu’on laisse entendre à demi-mot dans les milieux initiés sur l’évolution des travaux de ce chantier, qui ont toujours posé problème. Il faut rappeler que ce projet a toujours été une énigme depuis qu’il a été lancé, au printemps de l’année 2014.

Les visites de ministres et les assurances des walis qui se sont succédé à la wilaya de Jijel n’ont rien fait pour le débloquer. Toujours aux prises avec des difficultés financières, il risque d’être définitivement compromis suite à l’arrestation et l’incarcération du patron de l’ERTHB. Il reste que du côté de Jijel, le tronçon est plus ou moins à un stade avancé par rapport à celui traversant Sétif, qui piétine toujours. C’est justement au niveau de ce tronçon de 55 km que Haddad est présent pour sa réalisation.

Pour le projet de Nitrus de la société de Kouninef, qui a atteint un taux d’avancement de plus de 70%, les travailleurs ont récemment tenu un sit-in pour appeler les pouvoirs publics à ne pas l’abandonner. Leur appréhension est liée à la perte de leurs postes d’emploi à un moment où on affirme que tous les équipements nécessaires au montage de cette usine sont déjà sur place.

Sur le plan financier, la réalisation de la pénétrante a nécessité quelque deux milliards de dollars, un montant qui aurait déjà été englouti sans que le moindre tronçon ne soit livré. Pour l’usine de Kouninef, l’investissement retenu représente 250 millions d’euros. Les deux projets risquent de tomber à l’eau avec toute leurs répercussions sur le développement local, en plus du manque à gagner que cela représente pour l’Etat. Un Etat qui a été spolié de ses richesses le temps d’un règne sans partage d’un Président dont les proches sont aujourd’hui poursuivis par la justice telle une bande mafieuse.