Transparency International : L’Algérie dégringole de 20 places

Transparency International : L’Algérie dégringole de 20 places

El Watan, 18 novembre 2009

L’Algérie est désormais habituée aux mauvais classements : la dégringolade de notre pays au classement de l’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International n’est pas une surprise. Notre pays se place au 111e rang sur 180 pays classés. Avec une note d’à peine 2,8 sur 10, l’Algérie perd 20 places et reprend le rang qu’elle tenait en 2005. Transparency International classe l’Algérie loin derrière Cuba (61e), le Maroc (89e) et la Tunisie (65e). Notre pays obtient des résultats similaires à ceux de l’Egypte, du Mali, de Djibouti et de Kiribati. « Par rapport à 2008 – et ce n’est pas une surprise –, l’Algérie chute de 3,2 à 2,8 sur 10 (92e place en 2008). Tous les analystes du risque corruption et les experts du climat des affaires considèrent qu’un score inférieur à 3 sur 10 signifie un haut niveau de corruption au sein des institutions de l’Etat », souligne l’Association algérienne le lutte contre la corruption dans un communiqué. L’Algérie s’était pourtant engagée à faire des efforts pour lutter efficacement contre la corruption, notamment après la ratification de la Convention des Nations unies contre la corruption. « Cette descente de l’Algérie à la 111e place montre qu’il ne suffit pas de ratifier des conventions contre la corruption ou de légiférer dans ce sens, si dans sa pratique de tous les jours le gouvernement algérien fait tout le contraire, à l’image de son attitude scandaleuse il y a quelques jours à Doha au Qatar, où il s’est distingué en s’opposant à tout mécanisme de suivi de l’application de la Convention des Nations unies contre la corruption, lors de la Conférence des Etats-parties », souligne l’AACC. Le fait est que les scandales financiers se sont multipliés ces dernières années à mesure que les prix du baril du pétrole montaient. Aujourd’hui, les Algériens assistent, impuissants, à une explosion sans précédent de la corruption à tous les niveaux et dans tous les secteurs. La majorité des affaires de corruption qui ont été révélées ces derniers mois sont liés aux budgets faramineux dégagés par les pouvoirs publics dans le cadre des programmes de relance économique. L’Association algérienne contre la corruption explique que la propagation de la corruption est le fait de la « complicité des pouvoirs publics. Ces pratiques sont « facilitées » par la complicité des pouvoirs publics qui non seulement laissent faire, mais, plus grave, ils ont vidé le code des marchés publics de sa substance, fait du gré à gré la règle dans l’exécution de la commande publique et très mal légiféré en matière de prévention et de lutte contre la corruption loi du 20 février 2006, peut-on lire dans le communiqué de l’association. Les membres de l’AACC dénoncent, par ailleurs, le retard enregistré dans l’installation de l’Agence gouvernementale de lutte contre la corruption, prévue par la loi du 20 février 2006. Pour l’Association algérienne contre la corruption, la propagation de la corruption en Algérie est intimement liée au « retour en force d’un Etat policier, autoritaire, répressif et liberticide ». Les pays les plus transparents, selon le dernier classement de l’IPC, sont la Nouvelle-Zélande, le Danemark et le Singapour. Au plus bas du classement figurent le Soudan, l’Afghanistan et la Somalie.

– Evolution du classement de l’Algérie à l’IPC
– 2003 : 2,6 et 88e place sur 133 pays
– 2004 : 2,7 et 97e place 146 pays
– 2005 : 2,8 et 97e place sur 159 pays
– 2006 : 3,1 sur 10 et 84e place sur 163 pays
– 2007 : 3 sur 10 et la 99e place sur 180 pays classés
– 2008 : 3,2 sur 10 et la 92e place sur 180 pays classés
– 2009 : 2,8 sur 10 et la 111e place sur 180 pays classés.

Par Amel B.