Il est mis sous mandat de dépôt : Tahkout paralyse le transport universitaire

Isma Bersali, El Watan, 11 juin 2019

La mise sous mandat de dépôt de Mahieddine Tahkout par le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, n’est pas sans répercussions. Le transport urbain, suburbain et universitaire a été paralysé durant toute la journée d’hier. Plusieurs voix de la société civile et estudiantine dénoncent un «chantage».

En effet, cet homme d’affaires, propriétaire du groupe TMC et en relation contractuelle avec l’Etablissement de transport urbain et suburbain d’Alger (Etusa) et l’Office national des œuvres universitaires (ONOU), a été mis, ainsi que des membres de sa famille, sous mandat de dépôt pour plusieurs affaires liées aux contrats signés avec ces deux établissements et des avantages en lien avec ses investissements dans le montage automobile.

En réponse à cette décision de justice, le parc roulant de l’entreprise a été immobilisé et n’est pas sorti des garages. Le résultat a été vite constaté : plusieurs destinations dans la capitale et sa banlieue n’ont pas été desservies.

Il ne s’agit pas seulement du transport public de voyageurs, mais aussi du transport universitaire. Résultat : plusieurs universités ont été paralysées en ces périodes d’examens. L’université Alger 2 à Bouzaréah a respecté le programme des examens, mais s’est engagée, hier, à les reporter si le problème n’est pas réglé dans les 24 heures.

Accusés d’entamer une grève en soutien à leur directeur causant tous ces dommages, des travailleurs de l’Etusa ont éludé la vérité.

C’est du moins la réaction des travailleurs du groupe Tahkout de la wilaya de Sétif, qui ont tenu un sit-in en brandissant des pancartes sur lesquelles ils niaient l’observation d’une quelconque grève. «Nous sommes avec le hirak et le peuple», «On nous a interdit de sortir les véhicules du parc», «Nous ne sommes pas en grève», «Nous, les travailleurs du groupe Tahkout, sommes contre el issaba (la bande)», pouvait-on lire sur ces pancartes.

Le député RCD Atmane Mazouz a estimé, de son côté, que l’action menée par les responsables de l’entreprise Tahkout est juste «inadmissible» pour un partenaire privé lié par des contrats bien déterminés avec les œuvres universitaires. Pour lui, l’Etat ne doit pas céder face au chantage et doit agir dans le respect de la loi et des clauses contractuelles.

Justement, l’Etat, représenté par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, estime que la situation n’est pas «critique» pour le moment. «Nous avons instruit les directions des œuvres universitaires des wilayas de prendre les dispositions nécessaires prévues dans le code des marchés publics.

Entre-temps, toute perturbation dans le calendrier des examens est gérée de manière autonome par les universités. Le ministère n’interviendra que si la situation tend vers le pire. Ce qui est très peu probable», explique Noureddine Zayed, responsable de la communication au ministère de l’Enseignement supérieur.

En attendant que cette situation revienne à la normale, une forte pression est exercée sur les autres moyens de transport, notamment privés. Sans surprise, la pression a doublé sur le transport ferroviaire. Une situation qui risque d’empirer si la paralysie continue de toucher le parc de l’Etusa. Une chose est sûre : le citoyen est seul à en payer les frais.