Hirak : Billets de Said Mekki

Dans l’incroyable foisonnement de textes et interventions qui fleurit sur les réseaux sociaux depuis le déclenchement du Hirak (mouvement) le 22 février 2019, Algeria-Watch a repéré  les billets postés au jour le jour le jour sur Facebook depuis le 24 mai sous la rubrique – justement – « Hirak » et signés « Saïd Mekki ». Algeria-Watch considère qu’il s’agit là d’un fil donnant « à chaud » des informations et des analyses intéressantes sur les événements en cours. Avec l’autorisation de l’auteur, nous publions l’ensemble de ces billets.

Hirak 18 (28 juin 2019)

Le constat s’impose à tous en ce 19ème vendredi de revendication populaire : l’impasse politique est complète. Le chef de l’armée demeure intraitable. Seul son agenda de sortie de crise, par une élection présidentielle, est sur la table. Pour le chef des généraux, il n’y a pas d’alternatives, ni de compromis possible ni dérogation à la tenue d’élections présidentielles. Ce dont la population ne veut pas, car elle sait d’expérience que l’ANP, armée invincible, quand elle s’engage dans une bataille électorale, n’envisage que la victoire… Au fil de ses monotones discours hebdomadaires, le chef d’Etat-Major, porte-parole exclusif du régime, laisse néanmoins paraître une certaine impatience. Le recours menaçant aux classiques de la diversion et de la division de la société sur des prétextes « culturels » en témoigne. La provocation pseudo-nationaliste autour des emblèmes est révélatrice de l’état d’esprit du commandement tenté par l’option répressive. Les arrestations inacceptables de manifestants en sont la traduction concrète. Mais les décideurs comprennent néanmoins qu’une certaine ouverture, au moins formelle, est nécessaire pour éviter un isolement politique difficile à assumer. Dans ce but, et pour nuancer la rigidité toute militaire de la posture, les médias aux ordres annoncent, sans bien sûr poser d’embarrassantes questions, qu’un « coordinateur de l’opposition » est désigné pour mener des discussions avec ceux qui sont effectivement aux commandes de l’Etat. Le profil de ce « coordinateur », un apparatchik bon teint, ancien diplomate pendant la « sale guerre » et ancien ministre (de l’information…) congédié par Abdelaziz Bouteflika, en dit long. Tant sur son autonomie, inexistante, vis-à-vis du centre effectif de décision que sur l’irréalité politique de l’« opposition » décorative qui l’aurait désigné. Décidément, s’il est un domaine dans lequel le régime algérien excelle c’est bien celui des faux-semblants, des leurres et des tours de passe-passe. C’est la trame de fond d’une culture conspirative construite sur le contrôle du pouvoir, à tout prix et par n’importe quel moyen. En pleine conformité avec une tradition autoritaire et manipulatrice éprouvée, le régime signifie qu’il n’entend négocier qu’avec lui-même. Cette ligne est visiblement rejetée par l’opinion qui comprend que tout abandon de principes, essentiellement sur la nature civile de l’Etat et sur le respect de la souveraineté populaire, signerait le retour à la case départ d’une dictature sans partage. La conscience partagée des enjeux explique la mobilisation constante et à un haut niveau de la société tout entière.

Le jeu politique semble donc verrouillé. Les deux acteurs du drame algérien, l’armée et le peuple, campent sur des positions plutôt inconciliables dans l’état actuel du rapport de forces. La lutte contre la corruption est la seule offre politique de militaires, visiblement incapables de trouver en leur sein une personnalité suffisamment crédible pour représenter un changement convaincant. Il n’existerait pas d’équivalent de Vladimir Poutine dans le sérail… Cette incapacité à se renouveler au minimum et, encore moins, à envisager un élargissement démocratique de la base et du fonctionnement du système est préoccupant. Les décideurs savent pourtant la trajectoire de choc dans laquelle le pays est engagé. Quand les réserves de change seront consommées, dans 15 à 24 mois au grand maximum, à moins d’un miracle, il ne restera plus aucune marge de manœuvre économique dans une situation générale sinistrée. Si la question politique n’est pas rapidement résolue, le pays devra faire face dans les pires conditions à des contraintes désastreuses. Plutôt qu’une répression à courte vue, et condamnée à l’échec, du mouvement populaire, l’armée doit opter de toute urgence pour la primauté de l’intérêt national sur toute autre considération. La responsabilité de ceux qui tiennent actuellement les rênes de l’Etat est donc très directement engagée.

Hirak 17 (23 juin 2019)

Quatorze manifestants ont été placés sous mandat de dépôt par la justice algérienne pour avoir brandi ou simplement avoir possédé un drapeau Amazigh lors des manifestations du 21 juin dernier. Il s’agit là d’un scandale absolu et d’une atteinte inacceptable à la liberté inaliénable de manifester et de s’exprimer. Ces jeunes, pour la plupart, ont été raflés au hasard en totale illégalité, dans la plus évidente tradition coloniale, par la police « nationale ».

Il s’agit là du premier effet du sermon démagogique lu par le chef d’Etat Major Gaid Salah le 19 juin 2019. Ceux qui rédigent les discours de ce géronte savent ce qu’ils font. L’opinion publique sait ce qu’elle entendu, tous ont parfaitement compris le but de la manœuvre. A tous cas, si personne ne peut préjuger de la valeur militaire de ces rédacteurs de discours, tous peuvent constater l’inanité de leurs compétences politiques. Qui n’a pas immédiatement réalisé que l’Etat-Major de l’ANP, détenteur effectif du pouvoir, cherche à fracturer le front politique constitué par le peuple tout entier ? Cette grossière manipulation vise, dans la plus tradition coloniale ici également, à opposer les algériens berbérophones aux algériens arabophones.

La réponse des manifestants du vendredi 21 juin à cette tentative de division pour le moins stupide et à – très – courte vue a été sans ambages : l’union nationale a été réaffirmée avec force et conviction. Pour le peuple, d’est en ouest et du sud au nord, le drapeau Amazigh n’est aucun cas un concurrent ou un rival au drapeau de la nation algérienne. Le drapeau Amazigh est le symbole de la profondeur millénaire et de l’immense richesse culturelle du peuple tout entier, arabophone, berbérophone, francophone et dans toues les langues du monde. Cet emblème est le frère culturel de notre étendard national, celui que tous, Algériennes et Algériens, portent haut pour affirmer l’attachement patriotique à l’Algérie. Aucun général n’est en droit de faire appel cyniquement à la mémoire des martyrs pour tenter de porter atteinte à la cohésion du peuple. Aucun apprenti-despote, de l’Etat-Major ou d’ailleurs, n’est qualifié pour s’arroger le monopole du patriotisme ou pour décerner des attestions d’appartenance à la Nation.

S’il s’agit d’intimider ou de faire peur pour dissuader le peuple de manifester, le calcul est ici aussi d’une consternante ineptie. La digue est rompue et le peuple manifestera jusqu’à obtenir satisfaction de ses justes revendications pour les libertés et le Droit. Les décideurs militaires devraient essayer d’élever leur stratégie à la hauteur de ces attentes du peuple plutôt que de recourir aux méthodes éhontées de division du colonialisme.

Les quatorze jeunes incarcérés illégalement doivent être immédiatement libérés tout comme les 160 prisonniers qui croupissent dans les geôles d’un régime délinquant.

Hirak 16 (15 juin 2019)

Les manœuvres de diversion et d’émiettement du front populaire à l’œuvre depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux et les médias semblent faire long feu. Les manipulations visant à diviser les manifestants sur des bases régionales ou linguistiques ne trouvent pas d’écho au sein du mouvement populaire. Au contraire, plus que jamais, les manifestants sont très nombreux à proclamer l’unité du peuple et réitérer le rejet de tout sectarisme.

Les mobilisations extrêmement importantes du 14 juin constituent avant tout un démenti pédagogique à tous ceux qui tablent sur leur usure progressive. La résolution populaire ne faiblit pas, au contraire. Le message est bien sur destiné à ceux qui tentent de réduire, habilement et à moindre frais, la détermination du peuple à se débarrasser de la dictature et à sa volonté de recouvrer les libertés publiques et l’Etat de droit.

Il est clair que les incarcérations de personnalités civiles de premier plan du régime issu du coup d’Etat du 11 janvier 1992 ont réjoui l’opinion dans son unanimité. Il est sans doute utile de rappeler au passage qu’Ahmed Ouyahia a occupé des fonctions exécutives dans les années 90, bien avant l’ère Bouteflika, sous la conduite criminelle des janviéristes néolibéraux. Ces hiérarques sont particulièrement détestés par le peuple tant pour leur arrogante malhonnêteté que pour ce qu’ils ont infligé comme souffrances à toute une société. Et pour ce qu’ils représentent aussi en termes de violence sociale, de gabegie, d’arbitraire et d’incompétence.

Toutefois, pour spectaculaires qu’elles soient, ces arrestations n’ont pas eu l’effet psychologique attendu par les centres de décision. D’abord parce ces coupe-jarrets ne forment qu’une partie des coteries délinquantes qui ont dévasté le pays. D’autres courent toujours et ont pignon sur rue. Ensuite, parce que tous ont compris que cette séquence judiciaire a aussi pour but de démobiliser l’opinion. La population, peu disposée à se satisfaire du sacrifice de quelques boucs-émissaires, a occupé plus massivement que jamais ce vendredi les rues des villes sur toute l’étendue du territoire. Le maintien de ce niveau très élevé de mobilisation est un signal clair à ces « décideurs » de l’ombre : le peuple ne se satisfera pas de replâtrages ou d’une simple reconfiguration du régime sur des bases un peu moins mafieuses.

Des manœuvres et tractations sont en cours, conduites par des officiers de l’état-major, en vue de la formation d’un gouvernement plus présentable que celui bricolé au lendemain des premières manifestations. Ces discussions ne doivent pas aboutir à un pur recyclage de pseudo-opposants ou d’individus écartés des sphères de pouvoir sous le règne des Bouteflika-s, comme cela semble être le cas. Les militaires, pour confirmer le sérieux de leurs intentions, doivent nécessairement désigner des interlocuteurs neufs et crédibles en leur sein ou parmi les cercles civils qui peuvent les représenter.

Toute amorce de dialogue politique en vue de la transformation politique du pays ne peut être assumée que par des personnalités indépendantes et reconnues comme telles par la population. Le recours à des faux-fuyants pour perpétuer ce quasi-Shogunat sous la conduite duquel l’Algérie continue de se diriger vers des horizons incertains est la pire des options. Les seigneurs de la guerre et les maîtres actuels du temps politique sont tenus de prendre en compte cette réalité : le peuple algérien est engagé résolument dans la voie de la démocratie, il n’en déviera pas.

Hirak 15  (12 juin 2019)

Le système de pillage organisé des ressources du pays, une organisation de la prédation structurée sous protection des moukhabarate, de la sécurité militaire et ses avatars, est bel et bien en voie de dislocation. Ahmed Ouyahia, incarnation de toutes les turpitudes du régime, de ses horreurs, de ses crimes et de sa malfaisance dort ce soir à la prison d’El Harrach. Ce personnage, d’une insigne médiocrité, au-delà de ses forfaits et détournements, est l’exécuteur, sans état d’âme, de la destruction du pays, de la démoralisation du peuple et de la négation de l’histoire de la Nation. Plus qu’une excellente nouvelle, il s’agit d’un signal puissant et clair envoyé par ceux qui dirigent le pays en direction du peuple d’abord mais aussi de « partenaires » étrangers.

Car cet individu comme ceux qui l’ont précédé sous les verrous ces dernières semaines participe d’une conjuration soutenue par des intérêts externes de diverses natures et obédiences, du Golfe au G7, convergeant vers l’affaiblissement de l’Algérie, en attendant son dépeçage.

Sous la pression inouïe du peuple et mis au pied du mur, le régime changerait-il de l’intérieur, ferait-il sa mue ? Cela en a tout l’air et comme on aimerait le croire… ! Aux arrestations de généraux criminels contre l’humanité autrefois tout-puissants suivies de celles d’oligarques de la rente succèdent aujourd’hui les embastillements de bureaucrates de première grandeur en attendant une suite inscrite dans la logique judiciaire en cours. Des seconds couteaux sont également concernés par cette version algérienne de l’opération « mani pulite ». Ces évènements constituent objectivement une rupture claire dans le continuum de pouvoir algérien. Une des rares règles (non-écrites mais jusqu’ici strictement observées) édictées par Houari Boumediène : ne pas arrêter de ministre sous quelque prétexte que ce soit, est purement et simplement remisée. Ce n’est pas anodin.

Le système de corruption généralisée autoritaire et infitahiste développé durant le règne du sinistre général Larbi Belkheir au début des années 1980 a progressivement gangrené les appareils d’Etat pour devenir hégémonique jusqu’à la caricature. Pour finir par menacer très directement la continuité de l’Etat lui-même, l’unité du peuple et la sécurité nationale.

Les nouvelles générations d’officiers supérieurs et généraux de l’armée, bien mieux éduqués et formés que leurs prédécesseurs, ont-ils pris la mesure de ce danger stratégique ? Ces cadres n’ignorent pas que sans l’appui de son peuple, une armée aussi dotée et encadrée soit elle, reste en posture de vulnérabilité. Dans le contexte régional, et même global, actuel, cette vulnérabilité est une faille potentiellement létale que le mouvement du 22 février a comblé avec lucidité et détermination.

Car quel que soit l’angle d’analyse, ce qui ne fait plus l’ombre d’un doute pour personne, est que l’irruption massive et résolue du peuple a changé les rapports de force au sommet des appareils exécutifs réels. Le mouvement du 22 février semble de surcroit avoir cassé la culture du consensus mafieux, les solidarités de pouvoir n’ont plus cours. Ce n’est assurément pas une mince victoire.

Il reste que le nettoyage en cours des écuries d’Augias du régime démontre qu’un revamping, aussi spectaculaire soit-il, ne suffira pas à restaurer son emprise politique. Les arrestations et procès de cohortes de brigands ne peuvent servir d’exutoire démocratique. Le peuple revendique sa souveraineté avec force et constance, il n’est donc pas d’alternatives lyriques à la modernisation politique. En bouleversant le climat politique, les manifestations ont abouti à un résultat imprévu, inattendu, inespéré. Il reste à institutionnaliser et pérenniser ces avancées par l’instauration rapide de contre-pouvoirs, par l’affirmation de l’indépendance de la justice et l’élargissement urgent de la sphère des libertés publiques.

Hirak 14 (7 juin 2019)

Nul n’espérait que la sortie du « Président de l’Etat » puisse constituer un moment significatif dans les développements de la phase politique inaugurée le 22 février 2019. La Nation qui n’en attendait rien n’a donc pas été déçue. L’unique information était non-verbale, ce poussif bureaucrate a confirmé, bien malgré lui, un état de santé manifestement préoccupant. Cet homme malade n’a fait que répéter la décision d’organiser des élections présidentielles et annoncer un vague « dialogue » préalable avec des « personnalités nationales ». La feuille de route – pour employer une formule creuse dans l’air du temps – édictée par le chef d’Etat-Major demeure la perspective exclusive de sortie de crise. Rien de neuf sous le soleil éteint de l’autoritarisme : le régime ne concède rien, il n’y aura pas de transition vers la démocratie, la constituante ne sera pas et le pays continuera dans la voie de la constitution actuelle taillée pour une dictature.

Le maintien en l’état de l’appareil médiatique de propagande installé au lendemain du coup d’état du 11 janvier 1992 est en soi révélateur du refus déterminé de tout aggiornamento. Ce dispositif est central : chargés de justifier le coup d’état et l’éradication antisubversive, les médias supervisés par la police politique continuent d’assumer leur mission de porte-voix du régime. Ceci d’abord en entretenant, en martelant, le mythe de l’existence d’une scène politique, aussi virtuelle qu’ignorée par la population. Ces médias restent la source intarissable d’un flux constant de pseudo-informations sur des partis fantomatiques, qui comme la presse elle-même relèvent des moukhabarate, et sur les activités pavloviennes d’une « classe politique » formée de supplétifs ou de mercenaires notoires.

On le constate sans mal au fil des arrestations et des jugements de manifestants pacifiques, les organes de répression, justice et polices, fonctionnent sans grands changements. Le pouvoir est concentré entre les mêmes mains. Le régime est immobile, à l’exception notable des effets collatéraux de sa réorganisation interne. Notamment ceux déterminés par l’élimination du groupe d’intérêt dirigé par le général Toufik Mediéne.

Ainsi, si le Hirak né le 22 février 2019 a empêché le cinquième mandat, il n’a pas vraiment impacté l’appareil de pouvoir pas plus qu’il n’a pu libérer les prisonniers d’opinion.

Quasi hermétique aux pressions populaires après le choc initial, qu’il a utilisé pour refonder de nouveaux équilibres, le régime, en dépit de ses contradictions, ne saurait modifier sa structure ou sa culture au risque de se perdre. L’intransigeance de ses chefs, assis sur une organisation sécuritaire et médiatique invariante, est la seule posture possible, elle est non négociable. On voit bien sous cet angle les limites du dialogue envisagé par le président de l’état. D’autant qu’avec les « personnalités nationales » mises en avant par la presse, le régime entend clairement dialoguer avec lui-même. L’opinion n’est absolument pas dupe de ces leurres et n’entend pas « dialoguer » avec les vacataires discrédités du système.

En dépit du rejet populaire, l’on peut observer que le propos du président de l’Etat, comme celui du chef d’Etat-major, demeure formellement lénifiant, sans aspérités, nullement menaçant. Ce discours n’en est pas moins l’expression d’une détermination sans équivoque. Couplé a l’empoisonnement médiatique incessant ce monologue de pouvoir contribue à la fabrication d’un climat politique déprimant et sans perspectives.

La méthode trahit l’objectif : en campant sur ses positions et en comptant sur la lassitude (et la canicule) l’armée espère asphyxier progressivement et à moindre frais le Hirak.

Le léger tassement de la mobilisation dans la capitale, en ce seizième vendredi de contestation, serait-il un premier signe de l’efficacité de cette stratégie de lente strangulation ? Il est bien trop tôt pour l’affirmer.

Hirak 13 (2 juin 2019)

Les élections présidentielles qui ne pouvaient se tenir n’auront donc finalement pas lieu. Le chef d’Etat-Major qui ne pouvait pourtant ignorer l’inéluctabilité de cette issue aurait donc commencé à manger sa casquette. Mais l’essentiel n’est pas dans ce désaveu. Ce qui ressort aujourd’hui très clairement, du maintien du cap électoral et à leurs postes d’hommes discrédités qui sont chargés de l’organiser, est que l’Algérie est engagée dans une zone d’incertitude institutionnelle. Le remplacement de personnages douteux, impliqués dans tous les scandales et forfaitures du régime depuis des années, n’est toujours pas à l’ordre du jour. Ce préalable à toute discussion n’est toujours pas admis. Comment de tels profils massivement rejetés pourraient-ils conduire des discussions avec le Hirak ? Quel représentant politique digne de ce nom et reconnu par le peuple, admettrait de tels interlocuteurs ? Le maintien de ces individus est bien un signal négatif, une fin de non-recevoir, adressé à l’opinion.

Au-delà, il s’avère donc que la transition politique réclamée puissamment, à corps et à cris et sur tous les registres par la population n’est toujours pas prise en compte, ni même évoquée par la direction effective du système, l’état-major de l’ANP. De fait, il n’existe pas d’issue à la sortie de crise en dehors d’une alternative dont les deux termes sont connus : la perspective démocratique d’abord par le respect d’une séquence intérimaire admise par tous : présidence collégiale, processus constituant, assemblée constituante et référendum constitutionnel. Ou bien la voie aventureuse de l’autoritarisme, celle d’élections présidentielles organisées selon le schéma coutumier avec candidat du « consensus » de pouvoir assorti des lièvres traditionnels destinés à assurer, vaille que vaille, l’apparence d’une consultation électorale « normale ». C’est bien cette seconde option, entre fraude et leurres, qui est reconduite sans ambiguïté dans la formulation du communiqué d’un soi-disant conseil constitutionnel reportant les élections à une date indéterminée. La volonté des décideurs ne fait donc aucun doute : il s’agit de conserver coute que coute, le régime dans la plénitude de ses formes et usages.

Cela a déjà été dit : une dictature au passé aussi chargé que celle qui conduit l’Algérie de crise en crise depuis des décennie, ne peut s’effacer devant la volonté explicite du peuple sans un rapport de forces incontestable. La rupture révolutionnaire interne restant hautement improbable, jusqu’à quelles extrémités ces « décideurs » de la rente pourront-ils donc aller ? Leurs intermédiations politiques, présidence, gouvernement, pseudo-partis, médias asservis, étant complètement dysfonctionnelles, l’incertitude est, plus que jamais, de mise. Ce qui n’est pas incertain en revanche est la détermination du peuple à aller jusqu’au bout d’une phase de libération citoyenne activement engagée depuis quatre mois.

Quelles que soient la date, rapprochée ou lointaine, à laquelle le régime souhaite qu’elles se tiennent, les élections présidentielles n’auront pas lieu.

Hirak 12 (31 mai 2019)

Ceux qui escomptaient un repli de la mobilisation pour ce quinzième vendredi de protestation en sont pour leurs frais. Dans toutes les villes d’Algérie sous un soleil éclatant, ce dernier vendredi du mois de Ramadan est celui d’une expression populaire plus massive et unanime que jamais. La détermination populaire est renforcée par l’indignation générale suscitée par la mort atroce de Kamel Eddine Fekhar dans les sinistres geôles d’un régime dont l’inhumanité, la cruauté et l’indignité ne sont pas des caractéristiques annexes.

La population n’est manipulée, orientée ou instrumentée par aucune main étrangère, force politique adverse ou organisation subversive, et encore moins celle autrefois dirigée par le criminel Toufik Mediéne. Contrairement aux organes de presse du régime et aux pseudo-élites qu’ils médiatisent, le peuple Algérien est un peuple politiquement formé, éduqué et capable de discernement ; tous ceux qui manifestent savent avec précision ce que modernité juridique et représentation démocratique veulent dire. La population par millions ne veut rien d’autre et confirme avec force, sérénité et clarté sa volonté d’un changement politique profond, de progrès démocratique, d’un état de droit pour l’exercice plein de toutes les libertés fondamentales. Cette pétition de principe, réitérée semaine après semaine dans toutes ses déclinaisons est le cœur nucléaire d’une mobilisation qui, contrairement à ce que souhaitent les tenants de la dictature, ne faiblira pas. Il faut bien que tous comprennent que la patience des Algériennes et des Algériens a dépassé le seuil de non-retour et que la mobilisation n’a pas atteint son point culminant. Il existe des réserves populaires massives et des modes d’expression et d’action pacifiques non encore utilisés. Il n’est question pour personne d’accepter à nouveau le règne de l’injure et de l’indignité assumés par le régime issu d’une série de pronunciamentos, à chaque fois plus débilitants. Ceux qui espèrent que des démonstrations de force policière ou des discours lénifiants suffiront à renvoyer les manifestants dans leurs foyers se bercent d’illusions.

Pour espérer sortir de l’impasse à moindre coût pour le pays et l’Etat, le peuple et son armée, il appartient au pouvoir réel, c’est-à-dire au haut commandement militaire, de prendre acte de la volonté du peuple en commençant par révoquer les discours inopérants du subterfuge et de l’imprécation. Le peuple, qui, répétons-le, n’est instrumenté par aucune instance, ne veut pas entendre parler de dialogue avec des représentants officiels notoirement déconsidérés, indignes de confiance, sans poids ni crédit. Il appartient aux autorités réelles de surmonter cet obstacle premier en remisant la politique de l’autruche dans laquelle elles se sont enferrées, qui consiste à charger de ce rôle des personnages qui n’en ont ni l’envergure intellectuelle ni la stature morale. Ni le président de l’état ni son premier ministre ne présentent aucune des qualités requises pour assumer cette tâche L’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire a pour mission urgente dans cette phase, que l’histoire retiendra et sous le regard du monde entier, d’être à l’écoute du peuple et désigner des personnalités qui doivent rencontrer son assentiment.

Avec la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques, il s’agit là de la condition préalable fondamentale à tout dialogue.

Ce sont ces personnalités, honorables et dignes de foi, des femmes et des hommes dont la sincérité et la loyauté sont reconnues par la majorité du peuple qui devront organiser et mettre en œuvre les modalités politiques et matérielles d’une démarche consensuelle de sortie de crise.

Hirak 11 (29 mai)

La dictature est intacte. Elle réprime et elle tue. La mort dans des circonstances révoltantes du Docteur Kamel Eddine Fekhar, prisonnier d’opinion, en est l’illustration glaçante. Les pratiques du régime sont conformes à son discours.

Les homélies hebdomadaires du général Gaid-Salah confirment à chaque fois la paralysie, la surdité et la brutalité de cette dictature. Concentrant tous les pouvoirs, le haut commandement militaire, seule autorité de fait, est incapable d’assumer le moindre mouvement en direction de l’opinion. De semaine en semaine, au mépris de tout principe de réalité, le chef de l’armée s’est enfermé dans la logique d’élections présidentielles objectivement intenables. Il espère aujourd’hui sortir de l’impasse dans laquelle il a fourvoyé le pays en appelant à un dialogue nébuleux avec des « personnalités nationales » tout en confirmant son refus de toute transition.

Il s’agit très clairement de l’expression solennelle de la résolution intraitable des dirigeants effectifs du pays à conserver en l’état le système politique. Le maintien dans ses formes actuelles de cette organisation par le refus de toute transition a pour unique raison la préservation de la nature autoritaire centralisée du pouvoir. Ce régime replié sur ses privilèges voudrait projeter une image d’omnipotence armée assise sur le monopole de la vérité politique. Il n’en est rien, les millions de personnes qui elles se situent collectivement à un niveau de responsabilité bien plus élevé proclament haut et fort chaque vendredi leur désir d’évolution démocratique de l’ordre juridique qui fonde le système. Les algériennes et les algériens ne se satisferont pas de réaménagements « négociés » derrière les rideaux entre parties non mandatées et donc illégitimes. La transition n’est pas la plongée dans un univers inconnu, elle concerne précisément les modalités de la conduite des affaires publiques, la représentation et l’exercice du pouvoir, le mode de gouvernement. Il s’agit bien d’un processus ordonné et inclusif qui doit être débattu publiquement par des représentants légaux et légitimes.

Mais même si « dialogue », au sens de l’ANP, quel qu’en soit l’objet il y a, encore faut il en préparer les conditions et donner des gages de sérieux. Or, le général en chef de l’armée algérienne ne dit rien à ce propos, il ne concède rien. Même pas le préalable de la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et d’opinions. Des 160 prisonniers politiques identifiés. Pas un mouvement en direction des revendications populaires n’est enregistré . Les militaires se contentent d’éliminer les éléments du régime qui n’ont plus d’autre utilité que de servir de boucs-émissaires. La dictature est inentamée.

Hirak 10

Dans cette phase historique, l’un des rôles principaux d’une presse libre et l’une des tâches premières de journalistes indépendants est naturellement d’informer honnêtement et complétement le public sur les faits et événements en cours mais aussi sur les acteurs qui les animent. Ce faisant la presse contribue à l’identification d’une nouvelle génération de militants et d’activistes qui formeront peut-être, au moins pour partie, les élites de demain. Comprendre et relater l’histoire en mouvement implique évidemment la recherche et l’identification des personnalités qui émergent – en les forgeant- de ces circonstances tout à fait exceptionnelles. Le Hirak est une vraie et rare occasion historique, on ne peut plus propice aux professionnels de l’information et à ceux qui aspirent à le devenir pour assumer enfin toutes les dimensions de leur vocation.

Des figures nouvelles surgissent de cette magnifique ébullition. Des femmes et des hommes apparaissent en pleine lumière, ils sont les plus qualifiés pour faire le récit de leur propre action, la commenter et lui donner du sens. Ces personnalités sont nombreuses et elles sont certainement accessibles. Or, celles-ci et ceux-là ne sont que trop rarement présentés, très peu montrés sinon de manière fugace et incidente sur les médias nationaux

Car à qui avons-nous droit systématiquement sur les radios et télévision publiques ou privées, sur les journaux de « la presse la plus libre du monde arabe » ? Toujours les mêmes figurants, les mêmes profils. Sont conviés en boucle les sempiternels animateurs de la scène politique factice qui sévissent depuis des dizaines d’années sur tous les fronts de la propagande du régime. Le peuple est sommé d’écouter et de subir ces ex-membres de toutes les instances putschistes, ces supplétifs de tous les autoritarismes se représenter comme des opposantes et des opposants les plus résolus à un système qu’ils continuent de servir aujourd’hui avec le même zèle qu’hier. Certains de ces sites sponsorisés par des oligarques, loin de tout magistère moral, poussent l’indécence jusqu’à décerner des brevets d’opposition à ceux qui ont été les complices les plus serviles de la dictature.

Ce que donnent à voir ces télévisions, à entendre ces radios ou à lire ces journaux et ces pure players du net est largement disqualifié. Il est clair pour tous que celles et ceux qui apparaissent sur ces médias sont pour l’essentiel des émanations du régime. Hirak ou non, l’omniprésence de ces agents est la démonstration par l’absurde (et souvent par le ridicule) que les structures du régime sont toujours opérationnelles, toujours en place avec une volonté de nuisance intacte. Même si cette organisation est desservie par la nature même de la cause qu’elle sert. Au bout de l’incompétence et de la stérilité, le même haras recycle à l’infini les mêmes chevaux de retour sur le turf de l’intox et de la manipulation.

Heureusement que le net existe et que presque tous ont accès aux réseaux sociaux. Personne n’est désormais en mesure d’exercer un contrôle complet de l’information. Le monopole de l’information n’est tout simplement plus possible. L’information circule à flux tendus en temps réel, elle se vérifie à chaque instant, tout se sait instantanément. Sur internet, un journalisme libéré, original et contrasté, est en train de naitre porté par la dynamique du Hirak. Les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux par de jeunes réalisatrices et réalisateurs montrent des galeries d’oratrices et d’orateurs de talent et de conviction, des femmes et des hommes d’horizons divers aux discours politiques cohérents et structurés. Leurs visages sont neufs, leurs voix inédites et la spontanéité qui émanent de leurs propos inspire l’optimisme et la confiance dans l’avenir. Aucune propagande ne pourra la masquer, la relève est là, bien présente, déterminée et active.

Hirak 9

La corruption débridée, centrale et systémique, stimulée par le niveau exceptionnellement élevé des prix des hydrocarbures durant la période 2003/2013 a provoqué des détournements colossaux de l’ordre de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Pour être effectivement exorbitante, la prédation orchestrée sous le règne d’Abdelaziz Bouteflika n’est que le sommet d’un iceberg qui plonge profondément dans les eaux glauques de la forfaiture assumée par les des généraux Larbi Belkheir (proche du très distingué Hubert Védrine), Khaled Nezzar et Toufik Mediene. Car c’est bien ce triumvirat responsable du coup d’état du 11 janvier 1992 qui a très clairement affirmé l’orientation infitahiste, prédatrice et délinquante, de la dictature militaro-policière.

Ce sont bien ces aventuriers qui assument, dans une mer de sang, l’accord de stand-by de 1994 avec le FMI, le démantèlement de la base industrielle, les privatisations mafieuses et l’arrestation de plus de 5000 cadres. La décennie rouge et noire constituant le chapitre terminal de la contre-révolution inaugurée par l’arrêt de la politique de développement actée par le malheureux Abdelhamid Brahimi au début des années 1980.

Le reste est purement proudhonien. Une histoire abjecte mais classique, innommable mais habituelle, d’une accumulation primitive barbare et de la formation concomitante d’une bourgeoisie compradore post-coloniale. Aussi parasitaire que criminelle. Cette classe s’est bien formée sur des millions de cadavres. Sur des milliers de harragas qui n’en sont jamais revenus. Sur la détresse de tout un peuple.

Des poursuites judiciaires sont aujourd’hui lancées en Algérie contre ces intermédiaires crapuleux. Des cabinets d’avocats internationaux sont depuis peu mobilisés, à grands frais, par les autorités algériennes afin d’identifier et de récupérer, autant que possible, les biens mal acquis à travers le monde, en Europe et en France en particulier.

C’est peut-être, c’est sans doute, un règlement de compte. Mais c’est également l’amorce d’un processus que le Hirak devra mener à son terme complet.

Hirak 8

« Hizb Fransa », le parti de la France, formule injurieuse, au moins très péjorative, désigne dans le langage courant ceux qui seraient les agents du néocolonialisme en Algérie. Utilisée à tort et à travers, sciemment par les services de manipulation de l’opinion de la sécurité militaire, cette expression a une sémantique aussi large qu’incertaine. Certains déniant à ce qu’elle désigne la moindre signification politique et toute validité opérationnelle. D’autres, dans une surenchère pseudo-nationaliste, l’utilisent à tout va pour disqualifier tout ce qui leur déplait, en particulier dans le domaine culturel. L’appellation pour réductrice qu’elle soit n’en est pas moins vraie en tant qu’elle pointe sur la réalité d’une influence néocoloniale organisée en réseaux.

Ces réseaux répondent à une direction politique composée de généraux au pouvoir et de businessmen disposant d’un immense patrimoine en France et ailleurs. Sa base « militante » est quant à elle formée par les clientèles de ce groupe de direction, qu’il s’agisse d’intermédiaires ou d’auxiliaires. Ce « parti » est soutenu avec conviction par les milieux français dirigeants qui sont leurs associés en affaires. Ces milieux de gauche comme de droite estiment que le moyen de continuer à s’enrichir est de maintenir l’Algérie dans cet état de grande vulnérabilité aux importations et de dépendance à la rente hydrocarbures. Sur un plan plus stratégique, la république Française, en dépit d’une propagande soutenue, se fiche comme d’une guigne de tout le reste, y compris des dimensions symboliques de la francophonie. Ce qui arrange naturellement l’Etat Français dans ses orientations actuelles est une Algérie affaiblie incapable de s’opposer aux planifications impérialistes en Méditerranée occidentale et en Afrique.

Ce parti néocolonial peut compter en France sur les revanchards et nostalgiques du colonat. Autant que leurs associés algériens, les tenants du sous-impérialisme français haïssent l’esprit de résistance du peuple algérien, ils sont rejoints aujourd’hui dans cette haine morbide par les islamophobes pro-israéliens. Ceux-là feront tout pour empêcher l’émancipation politique de la société algérienne, condition fondamentale du développement et de l’indépendance réelle.

Le principal ennemi de ce parti néocolonial n’est ni l’arabité, ni l’amazighité ni l’Islam, il a des relais dans tous ces milieux.

L’ennemi mortel du néocolonialisme et de son « parti » est l’Etat de droit, la démocratie, la pleine libération citoyenne du peuple algérien.

Hirak 7

Gaid Salah dégage ! Le slogan a le mérite de la clarté et de la simplicité. Le personnage n’est pas vraiment sympathique et n’inspire guère la confiance. Comme beaucoup je ne le regretterai pas lorsque l’heure de son départ à la retraite aura sonné. Mais est ce bien là la revendication principale du moment ? S’il s’en va ce général sera remplacé par un autre général. Quelle garantie de changement et d’évolution peut apporter le remplacement standard d’un galonné par un galonné ? Le haut commandement de l’ANP restera ce qu’il est, sa composante humaine ayant peu d’importance face à la nature du système. Cela nous le savons tous d’expérience. La revendication centrale, le pivot de la mobilisation est l’ouverture démocratique et non-violente, d’une phase de transition constituante conduite par des femmes et des hommes reconnus par la population. Une fois cela acté et acquis le changement de personnels, hors de toute chasse aux sorcières, pourra se concevoir dans l’ordre et la sérénité.

Hirak 6

Qui doit conduire le mouvement ? De quels Leaders le Hirak a-t-il besoin ? Une amie, parmi les analystes les plus subtils et les mieux informés, me confie que c’est la tâche la plus difficile de l’heure. Elle n’a certainement pas tort : reconstituer à brève échéance des élites dignes de ce nom dans un contexte où elles ont été méthodiquement détruites par le régime est une mission héroïque.

Les pseudo-intellectuels présentés par les médias privés ou publics – tous contrôlés par la police politique – relèvent collectivement de l’action psychologique de la sécurité militaire et sont, au mieux, des sinistres pitres. Qu’ils soient des transfuges d’organisations de « gauche » ou d’islamistes plus ou moins relaps, leur mission est la même : maintenir la confusion, diviser le peuple et fabriquer de faux ennemis. Ceux-là ne représentent que leurs maitres et ne défendent que leurs carrières et leurs mesquines ambitions. Ils sont disqualifiés sans recours.

Nos élites en formation ne sortent assurément pas de cette matrice servile. Elles sont le fruit des luttes du peuple. C’est de courage politique, en assumant le vrai djihad contre soi-même, que les membres des comités spontanés nés du Hirak doivent désigner celles et ceux qui portent la parole du peuple. Ils doivent se faire connaitre et faire entendre, haute et claire, la voix de tous les autres. C’et l’un des défis majeurs dans cette phase décisive. Les réseaux sociaux sont un cadre propice pour les expressions autonomes.

Que celles et ceux qui se sentent en responsabilité se fassent connaitre !

Hirak 5

Il ne fait pas de doute que les militaires ont un plan alternatif à la tenue d’élections présidentielles. L’élagage des branches mortes (ou excessivement pourries) du régime indique que ce dernier a entrepris une campagne de « réhabilitation » en vue d’une phase post 4 juillet, les élections ne pouvant avoir lieu. Mème si elles devaient se tenir, elles n’auraient aucune valeur ni validité. Face au vide institutionnel et sans interlocuteurs, il n’y aura « naturellement » de recours pour l’armée que dans une solution d’autorité. Sous quelles formes et dans quelles conditions ? La mobilisation du vendredi sera t-elle suffisante pour décourager des velléités d’encadrement déjà très perceptibles ?

Hirak 4

Il n’y a pas d’homme providentiel, de sauveur suprême ou de recours miraculeux. Cela ne fait aucun doute, et c’est probablement mieux ainsi, on a vu vers quels eaux troubles conduisent les grands timoniers.
Mais quid des femmes et des hommes qui pourraient exprimer la position des groupes/comités/structures qui existent à travers le pays ? Les universitaires doivent jouer un rôle central dans cette phase, ils ont au moins un minimum de légitimité académique.

Hirak 3

Cette situation étonnante ou les expressions politiques sont exclusivement dans la rue doit-elle persister ? Est-elle politiquement tenable ?

Hirak 2

Aucune figure autre que celle de Mustapha Bouchachi n’émerge réellement. Pourtant, depuis le 22 février des comités se sont constitués un peut partout à travers le pays. Ces comités semblent dans l’impossibilité de désigner des porte-paroles. Le Hirak reste donc sans représentants, même a minima. On aurait attendu au moins des universitaires davantage de réactivité. Pourquoi cette absence ? La population n’a certes confiance en personne, à juste titre et à bon droit. Mais cette absence de confiance doit-elle être renforcée par ce vide persistant ?

Hirak 1

Le peuple n’en démord pas : il entend obtenir une démocratie civile de plein droit. Le haut commandement dans sa paranoïa interprète ces revendications comme une manœuvre téléguidée par un groupe d’intérêts adverse. Les militaires bégaient leur résolution de tenir des présidentielles le 4 juillet. Pour imposer cette voie sans issue, l’équipe autour du CEM tente de réprimer préventivement le Hirak. Sans succès.

Le peuple reste très mobilisé.