Kamel Eddine Fekhar est mort, son avocat accuse les autorités
Riyad Hamadi, TSA, 28 Mai 2019
Le militant Kamel Eddine Fekhar est décédé ce matin à l’hôpital Frantz Fanon de Blida où il a été transféré, a annoncé son avocat Me Salah Dabouze dans une vidéo qu’il a publié sur son compte Facebook.
« Je viens de recevoir une triste nouvelle, Kamel Eddine Fekhar est décédé ce matin à l’hôpital Frantz Fanon de Blida », a indiqué l’avocat très ému, retenant difficilement ses larmes.
Arrêté fin mars dernier, près de son lieu de travail à Ghardaia, Kamel Eddine Fekhar a depuis entamé une grève de la faim pour dénoncer son incarcération. Ces derniers jours, l’avocat Salah Dabouze avait alerté, s’appuyant sur les témoignages de la femme à Fekhar, sur la détérioration de son état de santé.
Aujourd’hui, il accuse les autorités. « Je dénonce cet acharnement et cette mort programmée prévus par les autorités judiciaires de Ghardaia. Kamel Eddine a été mis en détention pour un dossier vide décidé par le procureur général de Ghardaia, exécuté par le juge d’instruction de la première chambre sous la pression du procureur de la république et du procureur général », s’est-il emporté.
L’avocat accuse également le wali : « Le wali de Ghardaia a toujours stigmatisé les militants des droits de l’homme ; ils les a condamnés, avant que la justice n’examine leur dossier ». Salah Dabouze rappelle avoir tiré la sonnette d’alarme et qu’il n’a pas été écouté. « J’ai tiré la sonnette d’alarme depuis trois semaines pour dire que Fekhar et Aouf Hadj Brahim étaient détenus dans des conditions inhumaines dans le pavillon carcéral de Ghardaia. Rien n’a été fait. J’ai déposé pour le compte de Me Zahi une demande de mise en liberté pour Aouf et Kamel, le juge d’instruction l’a refusé en un temps record », a-t-il dénoncé.
« J’accuse toutes les autorités judiciaires et administratives qui ont traité ce dossier. J’appelle les autorités centrales et onusiennes à examiner le dossier. Il n’y a que le dossier qui peut nous dire si Fekhar a commis des actes graves. Il n’a rien fait, il n’a fait qu’une interview sur ma page », a-t-il ajouté.
Prison de Ghardaïa : Dégradation de l’état de santé de Kamel Eddine Fekhar
Hocine Lamriben, El Watan, 28 mai 2019
L’état de santé du militant mozabite et défenseur des droits de l’homme, Kamel Eddine Fekhar, incarcéré depuis le 31 mars dernier à la prison de Ghardaïa, est critique, selon son ancien avocat, Salah Dabouz. «L’épouse de Fekhar m’a appelé (dimanche 26 mai), m’annonçant, dans une panique totale, que son mari ne s’est pas réveillé pendant toute la durée de sa visite au pavillon carcéral de l’hôpital de Ghardaïa», a déclaré l’avocat dans une publication sur sa page Facebook.
En grève de la faim depuis une cinquantaine de jours, l’ancien élu FFS a été transféré en urgence vers l’hôpital de Ghardaïa en raison de la dégradation de son état de santé. «Les responsables de la cour de Ghardaïa ont-ils l’intention de liquider le docteur Fekhar physiquement, en pleine révolution, pour que cela passe inaperçu et sans bruit ?» s’est interrogé Salah Dabouz. Arrêtés le 31 mars dernier, le militant de la cause mozabite et son ami, Aoun Hadj-Brahim, sont accusés d’«atteinte à la sûreté de l’Etat» et d’«incitation à la haine raciale». Des associations de défense des droits de l’homme réclament sa libération. «Kamel Eddine Fekhar, détenu d’opinion, est dans un état critique.
Exigeons sa libération immédiate», a souligné Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, sur sa page Facebook. Il y a deux semaines, une centaine de Mozabites ont organisé un rassemblement de soutien aux détenus mozabites, dont Kamel Eddine Fekhar. En juillet 2015, ce défenseur des droits de l’homme avait été arrêté à la sortie d’une mosquée, en compagnie de 27 autres personnes, dans la foulée des événements qui avaient secoué la vallée du M’zab.
Placé sous mandat de dépôt, il était poursuivi pour pas moins de 18 chefs d’inculpation, notamment «atteinte à la sûreté de l’Etat», «troubles à l’ordre public» et «incitation à la haine et à la violence» Le militant mozabite avait purgé deux ans de prison, dont trois mois de grève de la faim. L’ONU avait qualifié d’«arbitraire» la première détention de Kamel Eddine Fekhar.