Durant le Ramadhan, des citoyens organisent des débats populaires nocturnes

TSA, 25 Mai 2019

Le changement du rythme de vie sociale durant le mois de Ramadhan a poussé des citoyens à s’adapter en organisant des débats populaires nocturnes, après l’iftar. C’est le cas notamment à Oran, Bouira et à Alger où de tels débats sont organisés depuis le début du mois sacré.

La Place du 1er novembre 1954 (ex-place d’armes) à Oran et devant le Théâtre national d’Alger dans la capitale abrite chaque soir des débats politiques improvisés, animés par de simples citoyens. Il s’agit d’une continuation de l’initiative prise par les citoyens depuis le déclenchement du mouvement citoyen qui se regroupent autour de discussions populaires publiques et libres. Le but de ces discussions étant d’enrichir le débat national et proposer des solutions pour instaurer une nouvelle République démocratique.

Lors de ces débats, plusieurs idées sont proposées par des femmes, des jeunes et des moins jeunes. À Oran, un intervenant a par exemple avancé l’idée de « la mise en place d’une assemblée citoyenne nationale». Composée d’une centaine de personnes, cette assemblée serait « chargée de faire le tri entre toutes les propositions issues des débats qui s’organisent actuellement dans les quatre coins du pays, avant d’organiser un référendum», détaille-t-il.

« Il y a un vrai engouement et une volonté d’apporter des solutions concrètes dont les citoyens peuvent s’emparer pour reprendre un peu de pouvoir», a expliqué l’intervenant. « Il nous semble indispensable que ces débats ne soient pas un moment isolé après lequel on reviendrait aux pratiques politiques anciennes », a-t-il prévenu.

À Oran encore, un autre intervenant propose « d’aller d’abord à une élection législative avant la présidentielle car la Constitution actuelle octroie au chef de l’État des pouvoirs exorbitants ». « Il faut d’abord élire une assemblée qui proposera une Constitution qui garantira un équilibre des pouvoirs et l’instauration de préalables principes démocratiques avant d’aller aux élections présidentielles», propose-t-il.

Un autre intervenant propose quant à lui dans les débats organisés dans la deuxième ville du pays « une présidence collégiale, une conférence de transition, une commission indépendante d’organisation des élections et une assemblée chargée d’élaborer une nouvelle Constitution ».

À Alger, des débats citoyens sont régulièrement organisés sur les marches du TNA, après la rupture du jeûne, pour discuter de la situation politique actuelle et des récentes manifestations. Depuis le début de la contestation anti-régime, un collectif d’intellectuels anime chaque lundi un débat citoyen sur les marches du TNA où la parole est libre.

À Bouira, Annaba, Tizi Ouzou, Sétif des débats nocturnes sont organisés, même dans les villages. Les citoyens profitent de la venue de figures connues du hirak comme Karim Tabbou, et Mustapha Bouchachi pour débattre de la situation politique du pays.