Une initiative sera lancée par des militants et des avocats : Réhabiliter ceux qui ont été condamnés pour délit d’opinion
Abdelghani Aichoun, El Watan, 21 mars 2019
Des militants et avocats comptent constituer un collectif pour réclamer la réhabilitation de tous ceux qui ont été condamnés, durant les dernières années, pour délits d’opinion et qui se comptent par dizaines.
Du blogueur qui a été poursuivi pour un écrit, jusqu’au militant qui a été arrêté, puis jugé pour attroupement, les «victimes» du système en place comptent réclamer «réparation».
La démarche constitue, selon ses initiateurs, une manière de réclamer du pouvoir des «garanties» quant à sa bonne foi pour ce qui est de la feuille de route qu’il propose pour une transition démocratique. «S’il est vraiment question d’un changement, il faut rétablir les gens dans leurs droits. Je peux citer les chômeurs du Sud, qui ont été traduits devant la justice, mais aussi des cadres abusivement licenciés», a déclaré l’avocat Omar Farouk Slimani.
Celui-ci a tenu à rappeler, pour l’occasion, que plusieurs personnes, arrêtées lors d’attroupements publics, ont été condamnées sur la base d’une application erronée de l’article 97 du code pénal, qui codifie la procédure à suivre pour «dissiper» un attroupement. L’avocat citera comme exemple également les différents procès intentés contre l’activiste Belkacem Khencha pour «délits d’opinion».
D’autres militants font également partie du noyau qui a décidé de lancer cette initiative, à l’image de Abdelkader Kherba, Rachid Fodil et Kader Affak, poursuivis et condamnés dans certains cas à maintes reprises. «Il faut que le pouvoir donne des garanties au mouvement.
C’est ce qui, entre autres, démontrera qu’il veut réellement un changement. Il faut qu’il rétablisse tous ceux qui ont été victimes d’injustice dans leurs droits», a déclaré à ce propos Kader Affak. Pour ce dernier, «si le pouvoir veut concrètement un changement, il ne devra pas attendre la fin des consultations ou le travail de la conférence pour prendre des mesures d’apaisement». «Il peut le faire dès maintenant», a-t-il ajouté. Le lancement de cette initiative est une manière, indique notre interlocuteur, de «mettre le pouvoir devant ses responsabilités».
L’action, a ajouté Me Affak, suscite déjà beaucoup d’intérêt chez les militants qui ont subi «des injustices» ces dernières années. Des hommes de loi s’y penchent également.
Dans les jours à venir, les uns et les autres décideront de la démarche exacte à suivre pour ce qui est de cette «requête».