L’ONM soutient les manifestations, dénonce la collision entre le pouvoir et les forces de l’argent
TSA, 6 mars 2019
Pour sa première activité officielle en tant que directeur de campagne de Bouteflika, Abdelmalek Sellal avait choisi de se rendre au siège de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM). C’était il y a un peu moins d’un mois, le 12 février dernier. Sellal était « chargé par le Moudjahid Abdelaziz Bouteflika de transmettre ses salutations à ses compagnons d’armes », précise un communiqué de la permanence électorale du chef de l’État.
Pour Abdelaziz Boueflika, le soutien des moudjahidine est important. Le chef de l’Etat a toujours mis en avant sa qualité de moudjahid : à chaque élection présidentielle, les médias publics et ses soutiens le présentent comme « le candidat-moudjahid ». L’OMN ne draine certes pas les foules dans les meetings. Mais son soutien est précieux. Le 12 février, les moudjahidine présents à la rencontre ont réaffirmé « leur soutien fidèle » au chef de l’État, selon le communiqué de la permanence du candidat Bouteflika.
Ce soutien est peut-être en train de faire partie du passé. Hier soir, dans un communiqué, l’OMN a apporté son soutien aux manifestants qui défilent depuis le 22 février contre le cinquième mandat du chef de l’Etat. La puissante organisation ne mentionne clairement la candidature du président, mais son soutien aux manifestations est sans ambiguïté.
« La scène nationale connait actuellement une contestation populaire sans précédent qui mobilise toutes les franges de la société. Cette contestation est axée autour d’une revendication fondamentale à savoir tourner la page d’une accumulation de réalités douloureuses engendrées par des institutions qui n’étaient pas à la hauteur des aspirations légitimes de notre peuple », écrit l’ONM dans un communiqué. « L’ONM salue des manifestations populaires marquée par un comportement civilisé qui a suscité l’admiration du monde entier », poursuit l’Organisation.
Pour l’ONM, cette situation résulte d’une collision entre des parties du pouvoir et les forces de l’argent, un argument souvent entendu ces dernières années. C’est d’ailleurs le principal reproche fait à l’entourage du chef de l’Etat. Dans son communiqué, l’ONM « dénonce la collision entre et des parties influentes au sein du pouvoir et des hommes d’affaires véreux qui ont bénéficié de manière illicite de l’argent public ».
Pour l’OMN, « c’est la situation qui a mis en péril le projet nationale qui a légitimé les manifestations de rue ». Puis l’organisation enfonce le clou : « Une situation dangereuse en totale contradiction avec les aspirations de notre peuple de voir le pays se développer sur la voie tracée par l’Appel du 1er Novembre ». Comprendre : ceux qui dirigent le pays n’ont pas été à la hauteur de l’Appel du 1er Novembre.