D’imposantes marches attendues ce vendredi

Abdelghani Aichoun, El Watan, 6 mars 2019

Les rassemblements et marches qui ont lieu durant la semaine (étudiants, enseignants, artistes…) semblent être une sorte de «répétition» pour ce vendredi, le troisième de suite, où d’imposantes manifestations – c’est ce que promettent du moins les jeunes sur les réseaux sociaux – sont prévues à travers tout le territoire national.

La lettre de Abdelaziz Bouteflika, lue en son nom par son directeur de campagne, Abdelghani Zaalane, le 3 mars dernier lors du dépôt de son dossier de candidature au Conseil constitutionnel, dans laquelle il propose une élection présidentielle anticipée à laquelle il ne participera pas, n’a pas finalement calmé la colère des Algériens. Ces derniers sont sortis dans la nuit du même jour dans plusieurs villes du pays, y compris la capitale, pour dénoncer une nouvelle fois le «5e mandat», avant que les étudiants ne fassent de même le lendemain et durant la journée d’hier.

Les dernières expressions de rejet démontrent que la mobilisation ne faiblit pas. En plus de la «grande» manifestation du vendredi, des appels sont lancés pour une grève généralisée à partir du 10 du mois en cours. Ainsi, il est, par conséquent, fort à parier que les marches de ce vendredi vont être encore plus imposantes. L’objectif que se sont fixé des jeunes dans certains appels lancés sur «Facebook» n’est rien d’autre que d’arriver à un million de manifestants au niveau de chacune des grandes villes, notamment à Alger.

Certains songent même à se déplacer vers d’autres wilayas (de Béjaïa, Tizi Ouzou, Boumerdès, Blida et Tipasa vers Alger, de Tébessa, Souk Ahras, Batna vers Khenchela) afin d’organiser d’immenses manifestations dans chacune des grandes villes. Néanmoins, le souci de la majorité des manifestants est bien évidemment de préserver le caractère pacifique des marches. Pour cela, des recommandations sont exprimées par certains d’entre eux.

Comme cet appel qui conseille qu’il est préférable de marcher de la place du 1er Mai vers la place des Martyrs. L’objectif étant d’éviter tout affrontement avec les policiers. A deux reprises, les manifestants ont tenté de marcher vers El Mouradia, mais en vain. Les services de sécurité ferment tous les accès menant vers le siège de la Présidence. C’est là généralement que des échauffourées éclatent.

L’autre conseil exprimé par moult jeunes est relatif à l’horaire de la fin des manifestations qui doit intervenir, d’après eux, impérativement avant le coucher du soleil. Vendredi dernier, des affrontements ont éclaté à la tombée de la nuit au niveau de l’hôtel El Djazair (axe menant vers El Mouradia) et à la place du 1er Mai. A ce moment-là, la quasi-totalité des manifestants avaient quitté les lieux. Plusieurs personnes avaient été interpellées. Les manifestations du 3 mars dernier qui se sont déroulées durant la nuit, après le dépôt du dossier de candidature de Bouteflika, avaient également inquiété plus d’un. Finalement, elles se sont déroulées globalement dans le calme.

Néanmoins, les uns et les autres avertissent contre les mouvements de nuit. D’où ce souci d’arrêter les manifestations de ce vendredi avant le coucher du soleil. Il faut rappeler en dernier lieu, qu’hormis certains incidents jugés mineurs, les marches organisées en Algérie depuis maintenant trois semaines pour dénoncer le 5e mandat de Bouteflika se sont déroulées dans le calme. Un aspect dont sont fiers les manifestants algériens qui comptent le préserver lors des manifestations à venir.