Blanchiment d’argent et financement du terrorisme à l’ordre du jour

Blanchiment d’argent et financement du terrorisme à l’ordre du jour

par S. E. K. Et M. A, Le Quotidien d’Oran, 9 septembre 2007

L’ambassade américaine à Alger et le ministère algérien de la Justice organisent depuis hier un séminaire de deux jours sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Au programme de cette rencontre des communications données par des experts internationaux américains, français et algériens sur des cas pratiques d’approche que la justice de chaque pays a eu à connaître.

Hier, lors de l’ouverture de ce séminaire qui se déroule à la résidence des magistrats à Alger en présence de 40 participants entre magistrats et procureurs, le représentant personnel de l’ambassadeur américain à Alger a mis l’accent sur la nécessité d’une «étroite collaboration et d’échange d’expérience» entre la justice américaine et algérienne dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ce séminaire organisé les 8 et 9 septembre répond surtout à la volonté de «coordonner» les expériences des deux pays, l’Algérie et les Etats-Unis, dans le domaine juridique en axant l’essentiel sur la formation qui reste, selon le directeur général des affaires juridiques et administratives au ministère de la Justice Amara Mohamed, «le pilier de la réforme de la justice».

Ce séminaire intervient après l’entrevue du ministre de la Justice Tayeb Belaïz avec l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger Robert Ford en juillet dernier, et au cours de laquelle il a été convenu de tenir un certain nombre de rencontres à l’adresse des magistrats dont un nombre important parmi eux ont bénéficié de stage et de formation de courte durée. Mohamed Amara a indiqué que ce genre de conclave «n’est pas académique» parce qu’il répond à un besoin pour les magistrats algériens appelés à prendre une part active dans la lutte contre ces nouveaux phénomènes. Evoquant cette forme de criminalité, l’orateur a indiqué que si le phénomène reste peu fréquent, il échoit à la justice de prendre tous ses devants pour «prévenir» étant donné les mutations et les changements rapides que connaît le crime organisé.

M. Amara explique, en outre, que même si la relation entre blanchiment d’argent et financement du terrorisme paraît difficile à établir, des cas, soutient-il, «montrent que la relation entre ces deux formes du crime est étroite». Une politique de prévention est à l’ordre du jour au ministère de la Justice, dira-t-il, et ce en plus du renforcement du code pénal par des lois dont le but est de combler les «brèches» afin de lutter efficacement contre ce nouveau phénomène.

Dans l’après-midi, c’était au tour du commandement de la gendarmerie nationale d’organiser, au sein de son siège, deux conférences portant également sur le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. Ces deux conférences programmées dans le cadre de la coopération et des échanges scientifiques ont été animées par deux experts français, en l’occurrence Xavier Raufer et François Haut, venus exposer leur expérience dans le domaine de la criminologie. Les deux experts sont à la tête du département de recherche de nouvelles menaces de la criminalité contemporaine à Paris.

Les conférenciers ont évoqué, dans leurs communications, l’évolution galopante de la criminalité en l’absence d’un ordre mondial, depuis les années 90. Les deux experts ont préféré toutefois parler de l’évolution de la criminalité dans leur pays et en Europe en laissant entendre que dans l’avenir les choses seront plus compliquées.

Pour Xavier Raufer, la raison est simple, si les services de sécurité prennent du temps parce qu’ils sont obligés de respecter la procédure, les criminels que ce soit les trafiquants de drogue ou les terroristes agissent rapidement parce qu’ils n’ont aucune formalité à remplir. Tout en évoquant des exemples de trafic de drogue notamment de l’héroïne et des affaires de circulation illégale et de blanchiment d’argent dans le monde, les deux experts ont indiqué que «nous sommes dans une période chaotique» où les services de sécurité et les services concernés se doivent d’agir avant les criminels. Autrement dit, ils doivent prévenir la menace et agir en diagnostiquant et analysant les données.