Pour dénoncer l’absence de couverture des manifestations : Meriem Abdou jette l’éponge

Iddir Nadir, El Watan, 24 février 2019

La célèbre animatrice radio, Meriem Abdou, a décidé de démissionner de son poste de rédactrice en chef et membre de l’encadrement de la Chaîne 3.

Par sa décision annoncée hier sur sa page Facebook, l’animatrice de l’émission «L’histoire en marche» a voulu dénoncer la décision de son employeur de faire l’impasse sur les manifestations de vendredi 22 février.

L’animatrice vedette doit déposer sa démission aujourd’hui et se consacrer uniquement à son émission pour exprimer son refus «de cautionner un comportement qui foule aux pieds les règles les plus élémentaires de notre noble métier», poste-elle sur sa page Facebook. A la tête de la rédaction internationale depuis plus de quatre ans, la rédactrice en chef de la célèbre émission de géopolitique a sous sa coupe une dizaine de journalistes. «Meriem Abdou est une journaliste compétente et très appréciée de tous à la radio.

Son émission phare est l’une des plus suivies de la radio», signale un de ses collègues de la radio dont on taira le nom. Les journalistes de la chaîne 3 ont reçu l’instruction «verbale» de ne pas assurer la couverture des manifestations de vendredi. La rédaction nationale de la chaîne 3 à laquelle aurait échu la couverture est dirigée par l’autre rédactrice en chef de la direction de l’information, Souhila El Hachemi, qui a sous sa responsabilité un effectif d’une trentaine de journalistes, dont une quinzaine de reporters.

«La direction de la chaîne 3 a obéi à des ordres venus de la direction générale. Il y a eu une certaine tension à la rédaction. Les journalistes sont contrariés. Ils s’interrogent sur le pourquoi de la décision de ne pas couvrir l’événement», s’offusque un journaliste de la chaîne francophone, dont la liberté de ton est appréciée d’habitude de ses nombreux auditeurs.

Les journalistes ont voulu se mobiliser pour rappeler les missions de service public de l’établissement. «Nous ne demandons qu’à assurer convenablement notre mission de service public sans prendre partie. Jusqu’à aujourd’hui (hier), nous n’avons pas reçu d’explication de la part de la direction», s’offusque le journaliste.

Des journalistes de la Radio nationale avaient soutenu hier la position de leur consœur. Nahla Bekralas avoue sa déception de voir la radio manquer à sa mission : informer. «Je suis journaliste au sein de cette entreprise et mon devoir est d’informer les Algériens sur ce qui se passe sans afficher mes positions politiques. Pour ou contre le 5e mandat, là n’est pas la question pour un journaliste qui se doit de rester partial, peu importe les événements.

La Radio nationale a manqué à sa mission principale hier, à son devoir d’informer», estime-t-elle. Zaki Mihoubi, journaliste à la radio, d’appuyer : «Moi red’ chef, j’aurais réagi de la même manière ! Bravo Mme Meriem Abdou, c’est la moindre des politesses quand on a réellement du respect pour son métier. Son “noble métier”!»