« Les dirigeants africains doivent se mettre à la place des migrants et des réfugiés »

Aboubaker Khaled, Maghreb Emergent, 9 février 2019

Désiré Yetsowou Assogbavi, est un juriste, avocat et analyste politique Togolais. Il est actuellement Représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) auprès de l’Union africaine et de la CEA, et chef du bureau de liaison du Fonds à Addis-Abeba (Éthiopie)..

Rencontré en marge d’un atelier sur les réformes et développements de l’Union africaine organisé par la Fondation Freidrich Ebert à Addis-Abeba, Désiré Assogbavi a mis le point sur l’importance de du thème du 32ème sommet de l’UA, surtout que le continent est l’un des plus affecté par le phénomène de la migration, des réfugiés et des déplacés internes.

Que pensez-vous du thème choisi pour ce 32em sommet de l’UA ?

Désiré Assogbavi : Le thème du 32ème sommet de l’Union africaine qui est lié aux réfugiés, des déplacés internes est un choix qui vaut la peine d’être apprécié, surtout quand on sait qu’un tiers des déplacés dans le monde sont en Afrique. C’est un problème crucial qu’il faut gérer.

Ce que nous disons au Fond des nations unies pour la population c’est que le choix de ce thème ne soit pas vaguement traité, comme ça été le cas pour d’autres thèmes dans le passé. Les dirigeants prennent des résolutions et rentrent dans leurs pays et ils reviennent dans l’année suivante pour passer à un autre thème.

Cette fois, nous attendons vraiment de voir des dirigeants africains, qui vont se rassembler aujourd’hui à Addis-Abeba, se mettre à la place de ces réfugiés et des déplacés internes qui sont en Afrique. Mais surtout de trouver des solutions aux problèmes.

Quel genre de solutions il faut apporter ?

Ces solutions sont d’ordre financières et structurelles. Il faut absolument revoir les causes profondes de ce qui pousse les gens à devenir refugiés. Ces solutions sont d’ailleurs dans un certain centre de décision, de recommandations et de traités qui ont été adoptés par l’Union africaine (UA).

Pourtant c’est simple, il suffit qu’ils retournent à ces traités et d’essayer de les mettre en œuvre au plan national pour chaque pays. Et quand ils reviennent à l’Union Africaine pour un autre thème, il faut qu’ils marquent un arrêt pour voir le chemin qui a été parcouru et les résultats du thème précédent.

Est-ce que ce n’est pas la méthode utilisée précédemment ?

Je prends un exemple. En 2017, l’UA a décidé de tenir comme thème de « dividendes démographique ». Ils avaient adopté une feuille de route précises et détaillée sur cette question, à l’instar de gérer la santé des jeunes, la santé productive et sexuelle, la question de l’éduction et de l’emploi. Je me demande combien les Etats ont investi par rapport à ces questions ? nous attendons toujours d’avoir les réponses à cela.

Est-ce que les dirigeants de l’Union africaine peuvent prendre des décisions sur le thème de cette année sans impliquer les personnes qui en souffre ?

Ce qui est évident c’est qu’il y aura des décisions par rapport à ce qu’il doit se faire. Après le sommet il y aura des activités qui vont inclure les personnes des camps de réfugiés, ainsi que les personnes concernés et touchés par ce phénomène. D’ailleurs, tout le monde sera impliqué et ce n’est pas seulement en Afrique.

Il y aura une feuille de route pour 2019 et pour au-delà de cette année et nous espérons que ces personnes seront au cœur de ces activités.

De notre envoyé spécial à Addis-Abeba: Aboubaker KHALED