Commerce extérieur : L’Algérie échoue à réduire ses importations

Hocine Lamriben, El Watan, 26 décembre 2018

Le projet de loi de finances 2019, adopté récemment par l’APN, prévoit des importations à hauteur de 44 milliards de dollars l’année prochaine.

Le gouvernement échoue à réduire de manière significative ses importations, malgré des mesures de restrictions instaurées aux opérations du commerce extérieur. Durant les 11 premiers mois de 2018, les achats extérieurs du pays totalisaient 41,371 milliards de dollars contre 42,147 milliards de dollars à la même période de l’année 2017, soit un léger recul de 1,84%, selon un bilan des Douanes, cité hier par l’agence APS.

Cela représente des économies de bouts de chandelle (776 millions de dollars), alors que le gouvernement tablait sur un objectif de 10 milliards de dollars en 2018. Parmi les produits dont la facture a enregistré une augmentation, les Douanes ont cité les groupes des biens alimentaires, des produits bruts et des biens de consommation non alimentaires. Dans le détail, la facture alimentaire s’est établie à 7,844 milliards de dollars contre 7,767 milliards de dollars (+0,99%), tandis que celle des produits bruts a atteint 1,75 milliards de dollars contre 1,38 milliards de dollars (+27,2%).

Concernant les biens de consommation non alimentaires, le pays a importé pour 8,6 milliards de dollars contre 7,81 milliards de dollars (+9,9%). Par contre, la facture des produits énergétiques et lubrifiants (dont les carburants notamment) a été réduite de moitié, en passant à 921 millions de dollars de janvier à novembre 2018 contre 1,86 milliard de dollars à la même période de 2017, en baisse de 938 millions de dollars.

Côté exportations, elles ont nettement augmenté à 37,23 milliards de dollars contre 31,592 milliards de dollars sur la même période de 2017, soit une hausse de 5,64 milliards de dollars (+17,86%). Dans un pays où les recettes des hydrocarbures représentent 95% des revenus extérieurs, les exportations des hydrocarbures s’établissaient à 34,642 milliards de dollars contre 29,864 milliards de dollars, en hausse de 4,78 milliards de dollars (+16%).

Par conséquent, le déficit commercial a reculé à 4,13 milliards de dollars durant les onze premiers mois de 2018, contre un déficit de 10,55 milliards de dollars durant la même période de 2017, soit une diminution de 6,42 milliards de dollars, (-60,81%). Confrontée depuis quatre ans à l’érosion de ses réserves de change et à la hausse de ses déficits, l’Algérie a multiplié les mesures pour rééquilibrer la balance commerciale.

Dernière mesure en date, l’institution d’un Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS), applicable aux marchandises importées, à un taux variant entre 30 et 200%. Institué dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2018, ce nouveau dispositif de régulation du commerce extérieur remplacera la suspension provisoire à l’importation. Le gouvernement est sur le point de finaliser la liste des produits qui seront soumis à ce nouveau dispositif dont l’entrée en vigueur est prévue pour l’année prochaine.

A court terme, les importations resteront toujours à des niveaux élevés. Le projet de loi de finances 2019, adopté récemment par APN, prévoit des importations à hauteur de 44 milliards de dollars l’année prochaine. Pour les prochaines années, les importations devaient s’établir à 42,9 milliards (2020) et à 41,8 milliards de dollars (2021).