Un directoire à la tête du parti : Les instances organiques du FLN dissoutes

Madjid Makedhi, El Watan, 26 novembre 2018

Nouvelle réplique du séisme qui a secoué le Front de libération nationale (FLN), il y a quelques jours. Après l’annonce surprise du départ de son secrétaire général, Djamel Ould Abbès, le parti se dote d’un directoire composé de sept membres et dissout toutes ses instances, y compris le Comité central (CC) et les mouhafadhate.

En effet, après plusieurs jours de polémique autour de la désignation du président de l’APN, Mouad Bouchareb, comme coordinateur du parti, la décision est tranchée. «Par le président Bouteflika», affirme-t-on au niveau de l’ex-parti unique.

Le choix est pris ainsi, certainement pour éviter un imbroglio statutaire car le règlement intérieur du parti exige la tenue d’une session extraordinaire du CC dans les 30 jours suivant la démission du secrétaire général, d’aller vers un congrès extraordinaire. Une échéance qui sera préparée par l’instance dirigeante.

Celle-ci est composée de Mouad Bouchareb, coordinateur, et de six autres membres, en l’occurrence Saïd Lakhdari, Dalila Taieb, Mohamed Goumama, Saida Bounab, Mustapha Karim Rahiel et Samira Kerkouche.

«L’instance dirigeante pendra en charge la préparation du congrès extraordinaire pour garantir au parti un nouveau départ dans le cadre de l’union, de la cohésion et la solidarité afin de promouvoir le militantisme politique et renforcer les liens entre les différentes composantes du parti et la société», explique le FLN dans un communiqué, rendu public en fin de journée.

Outre l’instance dirigeante, l’ex-parti unique se dotera aussi d’une structure exécutive composée, selon le même communiqué, «de cadres du FLN dont le nombre sera défini ultérieurement».

La préparation de congrès, explique Mouad Bouchareb lors d’une conférence de presse animée juste après la cérémonie d’installation de l’instance dirigeante, «commence dès maintenant». «Lorsque l’on aura terminé tous les préparatifs pour l’organisation d’un congrès digne du FLN, nous le tiendront.

Avant ou après la présidentielle ? Tout dépendra de la préparation», souligne-t-il. L’orateur confirme, dans la foulée, son ambition d’aller vers un «congrès réunificateur» des rangs dispersés des cadres et militants de sa formation.

A-t-il le droit de dissoudre le comité central qui est élu par le dernier congrès ? Les caciques du FLN accepteront-ils cette décision ? En réponse à ces interrogations, Mouad Bouchareb invoque le nom du chef de l’Etat. «C’est une décision du président Bouteflika, qui est le président du parti.

Nous travaillerons avec tous les cadres et militants sans crainte. Et quand le président de la République prend une décision, tout le monde se soumet à sa volonté», lance-t-il pour couper court à toute tentative de protestation qui émanerait, notamment, des vieux membres du bureau politique.

5e mandat : «le parti s’exprimera au moment opportun»

Contrairement à Djamel Ould Abbès qui a fait de la question du 5e mandat son cheval de bataille, Mouad Bouchareb se montre prudent. En réponse à une question concernant le soutien à la candidature de Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle de 2019, il affirme que le parti laisse la question «au moment opportun». «Sachez que le Président a un programme qui s’étend jusqu’en 2030 et nous le soutiendrons», ajoute-t-il.

Interrogé sur l’avenir de Djamel Ould Abbès, Mouad Bouchareb confirme à demi-mot son limogeage : «Je vous assure que je lui ai parlé il y a environ une demi-heure et il m’a présenté toutes ses félicitations.»

Pour rappel, l’ex-secrétaire général du parti avait nié, dans un communiqué, sa démission de son poste, suscitant ainsi plusieurs interrogations sur les raisons de son renvoi.