Une motion pour demander à Bouteflika de «poursuivre son œuvre»: Sonatrach à l’heure du cinquième mandat

Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran, 5 novembre 2018

Gestionnaires et représentants syndicaux des entreprises de Sonatrach ont signé, hier, à Hassi Messaoud, «un pacte de stabilité et de développement» dont la teneur engage concrètement la responsabilité sociétale de la compagnie nationale pétrolière.

«Nous sommes dans la même organisation, il n’y a pas de partenariat, nous sommes dans la même équipe, on a toujours été proche du syndicat,» a déclaré le PDG de Sonatrach aux représentants des travailleurs à l’issue de la cérémonie de signature du pacte qui s’est déroulée hier à la direction régionale Haoudh El Hamra, Activités Transport par Canalisation, Hassi Messaoud (wilaya de Ouargla) en présence du secrétaire général de l’UGTA, des autorités locales civiles et militaires et des chouyoukh des zaouia de la région. Abdelmoumène Ould Kaddour estime que «pour qu’on puisse travailler comme il faut, il faut que le travailleur soit pris en charge comme il faut, il n’y a pas quelqu’un qui va gagner et un autre qui va perdre, nous travaillons ensemble, nous devons tous gagner». Il affirme alors qu’ «aucun pays ne s’est fait en si peu de temps, nous, on est très pressé, c’est bien, mais il faut savoir que pour construire, on doit être patient, on doit réfléchir sur le long terme, des décisions rapides, on en prend tous les jours, mais il faut qu’on apprenne à se projeter dans le temps, avoir les hommes, les finances, les moyens qu’il faut pour avancer». Il rappelle à l’esprit l’attentat terroriste à In Amenas pour souligner que «Tiguentourine nous a fait beaucoup de mal, les gens ne voulaient plus venir travailler, mais aujourd’hui, on est mieux, les étrangers veulent venir travailler chez nous, on est donc une seule équipe… gagnante». Ould Kaddour paraphrasera, cependant, J.F.Kennedy, le président américain «quand il avait dit en 1961, ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais ce que vous pouvez faire pour votre pays». Comme dans toutes ses interventions devant les collectifs des entreprises de Sonatrach, il appellera les travailleurs à «plus d’engagement dans et pour leur entreprise.»

«Cette mondialisation qui fait peur tous les jours»

La fédération nationale des travailleurs du pétrole, gaz et chimie a déclaré avoir adopté le pacte de stabilité et de développement comme «instrument régissant les relations entre les partenaires des entreprises du groupe Sonatrach». Son secrétaire général, Hamou Touahria, pense que «ce pacte permettra d’assurer la sécurité des travailleurs et des équipements des entreprises, de prendre en charge la santé des travailleurs et celle de leurs familles, leur logement, leur plan de carrière, il facilite le dialogue et l’investissement dans des conditions de paix, de sécurité et de stabilité dans un contexte où nos frontières sont en feu».

Le wali de Ouargla a rendu hommage à Sonatrach pour avoir en plus sponsorisé 6 de ses clubs sportifs et fourni des scanners aux hôpitaux de la wilaya mais demande «à son PDG de nous donner plus d’argent, les besoins sont importants».

Quelque peu fatigué, le secrétaire général de l’UGTA était hier présent à Hassi Messaoud parce qu’a-t-il dit dans sa longue intervention «une rencontre syndicale dans le sud du pays a ses particularités, je rends hommage à Ould Kaddour et aux 250 000 bâtisseurs de la famille Sonatrach». Abdelmadjid Sidi Saïd ne manquera pas de «saluer mon partenaire de tous les jours, mon compagnon Si Ali Haddad» patron du FCE présent lui aussi avec une forte délégation. Il mettra en avant «pour qu’une équipe gagne, l’innovation et l’excellence parce qu’il faut une base pour gagner, pour s’intégrer dans cette mondialisation qui fait peur tous les jours (…)». Il dit du pacte de stabilité et de développement que «c’est un document exemplaire (…), aucun pays dans le monde ne l’a fait». Sidi Saïd estime à cet effet, que «c’est pour la première fois que le pacte national économique et social de croissance signé par les partenaires sociaux en 2016, descend au niveau des travailleurs et des entreprises, et c’est Sonatrach qui le fait». Il rappellera que le PNESC a consacré «le binôme public-privé pour réussir le développement économique».

Sonatrach appelle Bouteflika «à poursuivre son œuvre»

Le SG de l’UGTA annoncera au passage, «la signature en 2019, d’un pacte de stabilité et de développement par l’ERTBH, l’entreprise de Ali Haddad avec ses 5 000 travailleurs (…)». Il recommande aux gestionnaires et travailleurs de «savoir maîtriser le temps pour construire.» Il dénoncera «les grèves qui nous emmènent droit au mur» et affirme «choisir de faire passer l’emploi avant les salaires, le dialogue et la concertation sont des fondamentaux, la paix est fondamentale».

Sidi Saïd rendra hommage «à l’ANP au sud». Son rappel de la décennie noire lui fera dire qu’ «on nous a fermé toutes les portes à l’étranger, celles de nos frères, de nos voisins, les portes et les fenêtres, ils nous ont murés (…), le manque de solidarité internationale, le refus de visas parce qu’on était appelé pays terroriste, pourtant ils en délivré à ceux qui ont crée la fitna en Algérie (…), ils veulent que les larmes et le sang perdurent chez nous (…)». Ce rappel est en évidence, fait pour évoquer «la réconciliation nationale décidée pour dépasser cette tragédie». Et aussi pour noter qu’«il fallait pour cela, un leader, un homme politique courageux (…), Bouteflika (…)». Applaudissements. Finalité du discours, «un 5ème mandat ? On ne situe pas au niveau des chiffres, nous voulons la continuité, nous avons encore besoin de ce monument, la majorité des travailleurs ne stressent pas à propos de 2019, pour eux, ce sera une action normale», dira le SG de l’UGTA. C’est ainsi qu’une «motion spéciale» est lue «pour demander au président Bouteflika de poursuivre son œuvre (…)». Elle est signée par «les gestionnaires du groupe Sonatrach, ses élus syndicaux et les secrétaires généraux de ses entreprises du sud».