Journée internationale des disparitions forcées : Les familles algériennes se rassemblent
Lynda Abbou, Maghreb Emergent, 30 août 2018
L’affaire des disparus durant les années noires continue à résonner. Un rassemblement d’une vingtaine de personnes a été organisé ce matin à la place du 01 mai à Alger par les familles des disparus. Ils se sont rassemblés pour célébrer ce 30 août la journée internationale des victimes de disparitions forcées.
Malgré la présence importante des forces de l’ordre, ces mamans, sœurs, épouses, frères et pères aux cœurs brisés, ont pu crier fort leur colère et leurs revendications. Pendant prés d’une heure de temps les policiers ont encerclé les manifestants pour les empêcher de marcher et pour empêcher l’accès de toute nouvelle personne qui voudrait se joindre à eux, a constaté Maghreb Emergent sur place.
Déterminés, les parents des disparus nous ont confirmé qu’ils ne baisseront jamais les bras. « Mon fils enlevé en 1997 était journaliste. Je n’ai aucune trace de lui et je n’ai aucune réponse des autorités à son propos » a fait savoir une maman participante au sit-in. « Je ne sais pas pourquoi il a été enlevé. J’ai lu une fois sur la presse qu’il a été arrêté à cause d’un article soit disant diffamatoire qu’il avait écrit. Et encore, même si c’est le cas ce n’est pas une raison pour le faire disparaître pendant 21 ans » a-t-elle ajouté.
Hacene Ferhati, représentant des familles des disparus, a souligné que outre la célébration de la journée internationale des victimes de disparitions forcées aujourd’hui, le rassemblement coïncide avec le 20e anniversaire du début de nos rassemblements en tant que parents des disparus forcés en Algérie, « ça fait 20 ans qu’on se rassemble pour demander la vérité sur sort de nos enfants, notre premier rassemblement remonte au mois d’août 1998 » a précisé monsieur Ferhati. Pour lui, ledit sit-in est une occasion pour dire « au pouvoir que les familles en question sont toujours présentes et existes et qu’elles continueront le combat. Le combat pour connaitre la vérité de leurs proches ». Dans le même sillage, Hacene Ferhati a résumé les revendications de ces familles en détresse dans quatre points essentiels. Connaitre la vérité sur le sors des disparus, êtres reçu par les représentants du pouvoir afin de discuter dudit sujet, mettre en place une commission d’enquête indépendante et que la justice soit faite en ce qui concerne ce sujet.
Par ailleurs, le rassemblement a connu la présence des représentants de deux partis politique de l’opposition. Il s’agit du Front des forces socialistes et de Jil Jadid. « Nous tenons aujourd’hui à faire savoir que nous sommes sensibles à ce qui ce passe dans le pays. Il faut trouver une issue à cette situation. Elle est invivable d’un point de vu humain ! Il faut qu’on arrive à trouver une solution qui apaise la douleur des parents. Et vider ces abcès que nous traînons depuis les années 90» a martelé Soufiane Djilali , président de Jil Jadid. En outre, la secrétaire nationale chargé des affaires juridiques du FFS, madame Nora Mahiout, a confirmé que son parti soutenait les familles des disparus dans leur lute conformément aux idéaux du FFS, qui soutient toute personne revendiquant ses droits. « Ces personnes ont le droit de connaitre la vérité sur leurs enfants. Nous demandons qu’il y est lumière sur cette histoire de disparus qui n’arrive pas à voir le bout du tunnel » a insisté la représentante du FFS.
Il faut noter que la disparition forcée est définie comme étant « l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi », selon la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées en son article .
Il faut aussi rappeler que l’Algérie a été plusieurs fois, « sèchement » condamnée par le Comité international des droits de l’homme de l’ONU, concernant cette affaire des disparus, durant la décennie noire.