Informations contradictoires sur le bilan de l’opération de Azzaba

Alors que le MDN n’évoque que 4 terroristes abattus

Le Soir d’Algérie, 1er août 2018

Une attaque terroriste subie par des militaires en poste au nord du pays est venue donc rappeler qu’elle n’est pas finie la guerre déclarée aux groupes encore en activité dans certaines régions bien déterminées du pays, à l’est notamment, entre Skikda et Jijel.
Les massifs montagneux de l’est donc, là où étaient reclus des membres du groupe ayant tenté de réactiver la branche algérienne de Daesh, Jund Al Khilafa, après l’anéantissement du groupe de Djamel Laouira, alias Abou Hammam, celui qui a tenté de prendre le relais après l’élimination de pratiquement tous les membres du groupe mené par Abdelmalek Gouri, celui qui a été des plus féroces chefs alors qu’il sévissait sous la bannière d’Al Qaïda au Maghreb en Kabylie avant de clamer son allégeance à Daesh. Ainsi, c’est à partir de l’est du pays que ce qui reste des groupuscules encore en activité a frappé, lundi, contre des militaires en opération. Une attaque terroriste, certes pas de l’ampleur de la dernière du genre, qui date d’il y a trois ans maintenant, lorsque 11 militaires étaient tombés dans une embuscade à Aïn Defla, mais un acte terroriste qui a suscité l’émoi et, bien entendu, des interrogations dont la communication du MDN n’a pas aidé à trouver des réponses.
Dans son communiqué, le MDN n’a, en effet, pas fait allusion à des victimes dans les rangs des militaires, un choix de communication qui, inévitablement, a donné libre cours à d’autres canaux qui, eux, n’ont pas manqué de se montrer plus prolixes en informations pour faire état, au départ en fin de journée de lundi, de sept militaires tués tout en précisant, pour les unes, que l’attaque a été menée contre un camp de l’ANP alors que pour d’autres, tout en avançant le même nombre de victimes parmi les militaires, il a été indiqué que les premiers coups de feu ont été échangés alors que les éléments du détachement relevant du secteur opérationnel de Skikda progressaient dans le maquis de Bissi, une localité d’Azzaba, dans la wilaya de Skikda, pour les besoins d’un ratissage. Ceci, avant qu’un communiqué du ministère de la Défense nationale vienne annoncer : «Dans le cadre de la lutte antiterroriste, et suite à une opération de fouille et de recherche dans la localité de Bissi, commune de Azzaba, au niveau du Secteur militaire de Skikda, en 5e Région militaire, un détachement de l’Armée nationale populaire a abattu, le 30 juillet 2018, 3 terroristes, et a récupéré 2 pistolets mitrailleurs de type kalachnikov, un fusil semi-automatique de type Simonov et 6 chargeurs garnis de munitions» tout en précisant que l’opération avait toujours cours.
Ce n’est qu’hier, mardi, que les versions ont commencé à se rejoindre et expliquer que les militaires en opérations à Bissi ont été surpris lors d’une opération par un groupe que certains disent composé d’entre 15 et 20 terroristes. Sauf que là, il ne s’agit plus de sept militaires tombés sous les balles assassines des terroristes, mais quatre soldats. Des informations plus complètes puisque accompagnées des noms et des wilayas d’origine de ces nouvelles victimes à mettre sur le compte de la barbarie qui écume le pays depuis le début des années 1990.
Quatre soldats de l’ANP, donc, originaires de Chlef pour trois d’entre eux alors que le quatrième était de Tissemsilt selon plusieurs sources, alors que d’autres, crédibles, ont confirmé qu’il s’agissait bien de sept militaires tombés au champ d’honneur et plusieurs autres blessés. Une information que la source officielle n’a pas confirmée, du moins jusqu’au moment où ces lignes ont été rédigées, soit plusieurs heures après que le MDN ait produit un deuxième communiqué en lien avec cette attaque pour annoncer la mise hors d’état de nuire, la veille sans doute en soirée, d’un quatrième terroriste sur lequel une kalachnikov et des munitions ont été récupérées.
Azedine Maktour