L’affaire de la cocaïne: L’agence américaine DEA s’intéresse-t-elle au dossier ?

Hacen Ouali, 16 juillet 2018

L’affaire de la cocaïne saisie au port d’Oran n’a pas encore livré tous ses secrets. Encore moins ses implications nationales et internationales. Si pour l’heure, c’est le présumé «trafic d’influence» concernant les promotions immobilières appartenant au principal accusé Kamel Chikhi qui prend le dessus, le dossier de la drogue  demeure sous embargo. Le black-out est total.

Le procureur de la République n’est pas prompt à communiquer sur ce sujet. Sacro-saint secret d’enquête ? Probablement par prudence au regard de «l’extrême sensibilité» du dossier.

Mais cela laisse place aux spéculations les plus folles. Il va sans dire que l’énorme quantité de cocaïne enfouie dans des containers de viande met dans l’embarras au plus haut niveau.

L’Algérie a été soudainement propulsée au-devant d’une scène peu réjouissante. Elle se trouve du coup exposée à de nombreuses interpellations au-delà de ses frontières. Des Etats et des agences de lutte contre le narcotrafic braquent leurs projecteurs, s’y intéressent de près et peuvent «fourrer leur nez».

Ainsi, au lendemain de l’éclatement de la scabreuse affaire de cocaïne, on a vite évoqué et avec insistance la probable présence en Algérie d’agents de la célèbre agence américaine (Drug Enforcement Administration), une sorte de police de la drogue.

Mais aucune déclaration officielle n’est venue confirmer ou infirmer l’information. D’autres sources estiment que des éléments de cette agence spécialisée dans la lutte contre la drogue pourraient séjourner en Algérie prochainement.

Et s’il s’avère que  la Drug Enforcement Administration s’intéresse de près à la cocaïne saisie au port d’Oran, cela donnerait à l’affaire une dimension internationale avec des implications multiples.

Rattachée au département de la Justice américaine, la DEA a dans ses missions une marge d’action à l’international.

Présente dans au moins une cinquantaine de pays, elle a pour mandat d’«enquêter et préparer en vue de poursuivre les principaux contrevenants aux lois sur la drogue opérant au niveau international».

Cette agence, qui travaille en liaison avec les Nations unies, Interpol et autres organisations internationales sur les questions relatives à la lutte contre le narcotrafic,  peut également «confisquer des biens dérivés du trafic de la drogue». Dans sa philosophie, Washington considère que le narcotrafic en connexion avec le terrorisme représente une menace sérieuse pour les intérêts américains là où ils se trouvent

. Sur le site de la Drug Enforcement Administration, il est indiqué que «les bureaux de la DEA dans la région Afrique font face à un éventail de diverses menaces posées par les organisations de trafic de drogue. L’escalade continue du trafic de cocaïne d’Amérique du Sud vers l’Europe via des routes établies en Afrique représente une menace critique non seulement pour l’Europe, mais aussi un risque croissant pour les intérêts américains dans la région.

Les mêmes organisations de trafiquants de drogue sud-américaines, responsables du transport d’importantes cargaisons de cocaïne aux Etats-Unis, utilisent de plus en plus le continent africain comme base de transit et lieu de stockage. La menace de drogue en Afrique va au-delà de la cocaïne avec des préoccupations viables quant à l’ampleur de la menace du narco-terrorisme en Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Nord.»

En somme, si la Drug Enforcement Administration confirme sa venue en Algérie pour «recueillir des informations» sur l’affaire de la cocaïne, cela mettrait une pression sur le gouvernement algérien.

Du bout des lèvres, des leaders politiques n’excluent pas des pressions d’ordre politique d’autant que le pays est à quelques mois d’une élection présidentielle qui s’annonce déjà compliquée.