L’ONU déterre le dossier des détentions arbitraires et torture
Interlignes, 9 juillet 2018
La détention arbitraire et la torture étaient au cœur du débat, lors de la présentation de l’Algérie de son 4eme rapport périodique au cours de la 123eme session du comité des droits de l’Homme de l’ONU.
Selon le comité des droits de l’Homme auprès des Nations Unies, plusieurs cas de détentions arbitraires portaient devant les organes onusiens, n’ont fait ni objets d’enquêtes ni de réparations. « L’Etat a ignoré les décisions de ces organes et celles des procédures spéciales pour souligner le caractère arbitraire de violations des libertés » indique un membre du comité qui rappelle ainsi l’Etat parti son obligation d’enquête et de réparation.
Djamel LASKRI serait alors détenu « arbitrairement » depuis 26 ans dans l’affaire dite de l’aéroport d’Alger.
Ce même comité, vient de rappeler à l’ensemble de la délégation Algérienne, conduite par Mr Lazher SOUALEM, chargé de la question des droits de l’Homme auprès du ministère des affaires étrangères. Que dans ce cas précis, le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies avait rendu en 2014, une décision importante relative à « la reconnaissance du caractère arbitraire de la détention » de cet architecte algérien âgé aujourd’hui de 58 ans, condamné à mort dans l’affaire de la bombe qui explosa dans le hall central de l’aéroport d’Alger un certain 26 Aout 1992 faisant 9 morts et 128 blessés.
Djamel LASKRI avait été arrêté le 07 septembre 1992 à son domicile sans mandat de justice par des agents des services de sécurité en tenue civile qui l’ont emmené en premier lieu, vers une destination inconnue. Il sera déféré avec une trentaine d’autres accusés, en Novembre de la même année, devant le célèbre procureur général d’Alger M. Sayah Abdelmalek, considéré comme l’un des Hommes de main de l’ancien cabinet noir qui dirigeait le pays durant la décennie noire.
Pour rappel, cet attentat n’avait jamais été revendiqué et les « aveux » des principaux accusés seront retransmis à la télévision publique le 1er octobre 1992, alors qu’ils portaient tous les traces clairement visibles de coups violents. Djamel LASKRI aurait été gravement torturé, et garde encore des séquelles.
Le 26 mai 1993, 12 accusés ont été condamnés à la peine de mort, dont Djamel LASKRI déclaré coupable d’«incitation des citoyens à s’armer contre l’autorité de l’Etat, d’appartenance à des forces armées, de détention d’arme prohibée et de détention de tracts de nature à nuire aux intérêts nationaux ». Il a cependant été mis hors de cause à l’unanimité par le jury, pourtant aux ordres, de l’accusation d’attentat à la bombe contre l’aéroport d’Alger
Une procédure où les droits les plus élémentaires des accusés à un procès équitable ont été violés par la juridiction de jugement, précise l’un des membres du comité. Qui conclut que « Tout au long de la procédure judiciaire, les normes relatives à un procès équitable ont été ignorées, notamment les articles 9 et 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques».
En conséquence, le groupe de travail sur la détention arbitraire, avait expliqué en 2014 déjà, que le détenu Djamel LASKRI est bénéficiaire des dispositions du décret 06/01 du 27 février 2006 et qu’il aurait dû en conséquence être libéré.