Le projet des subventions directes encore à l’étude

Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, l’affirme

Liberté, 3 juillet 2018

Une commission planche sur ce dossier, avec l’assistance de la Banque mondiale, souligne le ministre, qui annonce les premières mesures pour 2019.

Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, a abordé, hier, la question de la politique des subventions que le gouvernement entend revoir. Cependant, l’Exécutif risque de ne pas être au rendez-vous de 2019 qu’il s’est fixé pour introduire la nouvelle formule.
Il a qualifié cette “réforme” de “grand chantier”, tout en estimant qu’il est “anormal qu’un simple citoyen ne puisse pas profiter, parfois, de la subvention par rapport à quelqu’un qui perçoit un salaire plus important”, lors de son passage sur les ondes de la radio Chaîne III. L’État envisage de revoir le système de subventions des produits de première nécessité. “Il est clair que cela ne peut pas continuer comme cela pour une simple équité sociale”, commente-t-il. 
Cela dit, “l’État ne changera rien aux règles actuelles de sa politique de subvention, tant qu’on n’aura pas réglé les questions relatives à l’identification des ménages, des montants et des procédures à suivre”, soutient-il. En tout cas, une commission planche sur ce dossier, avec l’assistance de la Banque mondiale, souligne le ministre, qui annonce les premières mesures pour 2019. “J’espère, à partir de 2019, si on est, évidemment, prêt à le faire”, précise-t-il.
Pour les produits qui seront concernés en premier, “c’est possible que ce soit l’énergie et après, l’eau”, répond le ministre. Des études menées actuellement au niveau de son département, font apparaître que les ménages qui ont le plus bas revenu ne profitent de certains produits subventionnés (farine, sucre, huile et blé) qu’à 7%.
Par ailleurs, le ministre n’écarte pas un recours à l’endettement extérieur pour financer particulièrement des projets d’envergure et de gros investissements où l’on prévoit un “rendement très appréciable”. Même si le financement étranger est toujours exclu, insiste le ministre, l’utilisation de crédits externes pour la réalisation de certains projets structurants est sérieusement envisageable. La formule réservée au mégaprojet de port centre, situé à Al-Hamdania, à Cherchell, fondée sur le concours des banques chinoises, peut être généralisée à d’autres projets de grandes infrastructures.
“Il y a certains crédits qui peuvent être contractés quand il y a un investissement assez fort et un retour d’un rendement très appréciable”, explique M. Raouya. Interrogé au sujet de la corruption dans l’administration fiscale et douanière et notamment l’affaire de la cocaïne, l’argentier du pays avoue que pour lutter contre ce phénomène, “il faut disposer d’une grille d’analyse et une grille sur les plus grands risques. L’administration fiscale ou douanière travaille ainsi sur ces aspects modernes de gestion et de lutte contre les fléaux de la fraude en utilisant également un bon système d’information. Nous ne prétendons pas endiguer définitivement ces fléaux, mais nous pouvons réagir à chaque fois que ce genre de problème risque de surgir”. Sur un autre registre, une autorisation de programmes d’un montant de 500 milliards de dinars a été consacrée dans la loi de finances complémentaire. Cette enveloppe sera allouée au Fonds national d’investissement (FNI) pour financer les projets structurants, notamment les chemins de fer. “En outre, l’amélioration des ressources de l’État à travers la fiscalité ordinaire et/ou pétrolière a permis le dégel des projets pour un montant de 600 milliards de dinars. Le gel des projets a été évalué, pour rappel, à 2 200 milliards de dinars. De ce total, nous dégelons donc 600 milliards de dinars pour financer, en priorité, les infrastructures relevant des secteurs de l’éducation (1 400 structures), de la santé et, à un degré moindre, celles de l’enseignement supérieur”, reconnaît le ministre.
À la question de savoir si les récentes hausses des prix du pétrole ont pu améliorer l’état des finances du pays, M. Raouya avoue que la “situation reste toujours un peu tendue. Nous subissons en 2018 un déficit de 1 800 milliards de dinars que nous avons comblé avec le financement non conventionnel. Ce déficit sera certainement enregistré en 2019”.
Le taux d’inflation, d’après les prévisions du ministre, se situerait entre 3 et 4% en moyenne, sur la période allant de 2018 à 2020. “Pour l’année 2018, nous avons prévu un taux d’inflation de 5,5%. Jusqu’à maintenant, le taux tourne autour de 4%, donc, c’est maîtrisé”, affirme Abderrahmane Raouya.

B. K.