31e sommet de l’UA Le défi africain
Abla Chérif, Le Soir d’Algérie, 2 juillet 2018
Le 31e Sommet de l’Union africaine s’est officiellement ouvert hier à Nouakchott sur fond d’interrogations notamment liées à la capacité qu’aura cette dernière à relever les défis qu’elle s’est fixés.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Ces défis sont nombreux et tiennent à l’acharnement de Paul Kagamé et Moussa Faki, respectivement présidents de l’UA et de la commission exécutive, à lifter l’organisation et régler les principaux points noirs empoisonnant les relations entre ses Etats membres. De ce point de vue, le dossier du Sahara Occidental constitue l’un des axes les plus sensibles sur lesquels se focalise le duo.
Pour bien marquer la différence avec l’état d’esprit régnant lors des sommets précédents, il a été même décidé de traiter la question en point séparé et non pas dans un contexte général. Moussa Faki a de la matière entre les mains.
Au cours des semaines précédentes, il s’est déplacé successivement à Alger, Rabat, dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf puis en Mauritanie pour établir un rapport sur lequel se baseront les débats et propositions à venir. Il affiche une volonté très perceptible de marquer de son empreinte le nouveau tournant qui se dessine et se dresse franchement en faveur d’un règlement passant par l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Pour débloquer la situation, il milite en faveur de la relance des négociations entre Marocains et Sahraouis apportant ainsi tout son soutien à la résolution onusienne enjoignant les deux parties à la reprise des pourparlers avant octobre prochain.
La délégation marocaine qui aura à faire face à cette situation est conduite par le ministre des Affaires étrangères, Mohammed VI étant, quant à lui, revenu sur sa décision d’assister au sommet. Présente en force, la délégation sahraouie s’est, elle, réjouie de voir le drapeau du Sahara Occidental flotter dans les rues de Nouakchott aux côtés des emblèmes des autres Etats africains.
Sur un autre volet, il faut savoir que ce sommet intervient dans une conjoncture particulière, marquée par un récent attentat mené contre le quartier général du G5 au Mali. L’attaque a fait douze morts, selon les correspondants de la presse étrangère sur place, et renforce les craintes face à la montée des groupes terroristes au Sahel.
La situation dans cette région est inscrite à l’ordre du jour et fera aussi l’objet d’un déplacement d’Emmanuel Macron en Mauritanie. Son arrivée est prévue aujourd’hui, pour la clôture du sommet mais il ne pourra prendre la parole en raison d’une décision de la commission de l’UA de ne plus permettre d’interventions de responsables étrangers.
Selon les informations disponibles, le Président français a toutefois prévu d’organiser un déjeuné auquel tous les chefs d’Etat présents seront invités. A l’ordre du jour : le financement des forces du G5 dans lequel sont impliqués cinq pays (Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie).
Bien que n’étant pas à l’ordre du jour, les camps pour réfugiés que l’Europe tente d’installer au Maghreb, et notamment en Algérie, ont fait l’objet d’une déclaration très claire d’Ahmed Ouyahia. Répondant aux questions des journalistes présents, il a réitéré le refus du pays à installer de tels campements tout en rappelant qu’il était confronté à un problème identique.
En raison de l’ampleur prise par le problème de l’immigration, il est fort à parier que le sujet soit au centre des discussions bilatérales entre membres d’une organisation qui s’échine à faire peau neuve. Pour y parvenir, les dirigeants de l’UA ont lancé un vaste plan de lutte devant parvenir à son autofinancement. Il devrait passer par une augmentation des cotisations des Etats membres. Le défi africain est en marche.
A. C.