Les familles réclament l’identification des tombes sous X

Rencontre-débat sur la torture et les disparus à Oran

Liberté, 1er juillet 2018

“Ksentini avait dit qu’il y avait 3 300 tombes sous X, nous demandons toujours l’identification de ces tombes et des corps s’y trouvant, les familles attendent encore et nous n’oublierons pas”. C’est par cette déclaration que l’un des membres de l’association SOS Disparus, Hacène Ferhati, s’est exprimé, hier après-midi, au siège de l’organisation à Oran, à l’occasion d’une rencontre-débat sur la torture et les disparus.
Devant des mères de disparus et des militants des droits de l’Homme, les organisateurs ont tenu à souligner que cette rencontre s’inscrivait dans cette démarche de lutter contre l’oubli et de maintenir la pression sur les autorités “pour aller à une vraie concorde civile, avec la vérité”.
La question de la torture a été largement abordée, à cette occasion, avec gravité, “car la torture existe toujours dans notre pays, il ne faut pas croire que cela n’a existé que par le passé, c’est important d’en parler et faire en sorte que personne n’oublie pour que cela ne se reproduise plus”, a ainsi réagi un militant des droits de l’Homme en s’adressant à des proches des disparus. De la torture physique, “dont les plaies peuvent guérir, la torture morale est plus insidieuse et plus difficile à dépasser”, diront d’autres intervenants. Après les prises de parole des invités, ce fut le tour aux proches des disparus, une mère, un frère ou une épouse, d’exprimer leur calvaire. Comme, par exemple, celui d’avoir été torturé comme les deux épouses de sympathisants du FIS de l’époque, qui ont raconté ce qu’elles ont subi dans les années 90, l’une d’entre elles gardant les séquelles physiques. “J’ai été battue sur tout le corps pendant des jours, j’étais cassée de toute part !” Et pour chaque témoignage, ce sera l’occasion pour les intervenants de dire que ni l’oubli ni le pardon ne viendront d’eux.

D. LOUKIL