Crise malienne : Guterres veut revoir les priorités de la Minusma
El Watan, 9 juin 2018
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a recommandé dans un rapport présenté au Conseil de sécurité de redéfinir les priorités de la Mission de paix des Nations unies au Mali (Minusma). Selon lui, la mission devrait «endosser un rôle politique accru». «
La Minusma, avec les partenaires internationaux du Mali et l’équipe des Nations unies dans le pays, devrait redéfinir les priorités de ses actions afin de se focaliser sur les tâches politiques», a-t-il souligné dans ce texte diffusé cette semaine dans la perspective du renouvellement fin juin de la mission.
«J’ai l’intention d’explorer les possibilités d’augmenter le rôle politique de la Minusma en soutien du processus de paix, en accord avec l’étude stratégique» indépendante réalisée en début d’année à la demande de l’ONU et qui se prononce pour «l’élaboration d’un ‘‘pacte pour la paix’’», a-t-il ajouté.
L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger et signé en 2015, «reste la pierre angulaire du processus de paix» dans ce pays, a toutefois fait valoir Antonio Guterres, en espérant des progrès plus conséquents après l’élection présidentielle prévue cet été. Mais son souhait de «politiser» davantage la Minusma peut aussi vouloir dire qu’il n’est pas satisfait du rythme adopté jusque-là pour l’application de l’Accord d’Alger.
L’étude stratégique, a précisé le secrétaire général de l’ONU, montre que la force des Casques bleus au Mali (12 500 militaires et policiers) «fait face à un dilemme entre la nécessité de réformer et de reconstituer les forces de défense et de sécurité maliennes tout en soutenant simultanément les forces existantes face à l’instabilité actuelle», a-t-il précisé.
«La situation humanitaire continue aussi à empirer en raison de l’insécurité croissante dans le nord et le centre», estime le secrétaire général en évoquant par ailleurs sa préoccupation face à la crise alimentaire dans le pays. Antonio Guterres s’était, rappelle-t-on, rendu le 29 mai dernier à Bamako pour une visite de deux jours. Le secrétaire général des Nations unies avait mis à profit ce déplacement pour passer la Journée internationale des Casques bleus aux côtés des soldats de la Minusma. Objectif principal : remonter le moral des troupes qui était au plus bas.
Avec plus de 70 soldats de la paix tués entre 2013 et 2018, la mission de l’ONU au Mali est la plus périlleuse des opérations actuelles des Nations unies. António Guterres avait tenu à se rendre dans la capitale malienne pour «démontrer toute [sa] solidarité» à ces forces «qui travaillent dans des circonstances très difficiles, en faisant beaucoup de sacrifices, qui ont subi des pertes».
Le processus de paix au Mali entre groupes armés et le gouvernement avait fait aussi partie de ses préoccupations. Il a défini trois priorités à ce processus : «La concrétisation totale des accords de paix», dont l’ONU a «l’espoir qu’ils nous donnent toutes les avancées qui ont été faites récemment». Le deuxième chantier est celui des «élections».
Pour lui, il est essentiel que le Mali parvienne à organiser «des élections transparentes» car, a-t-il dit, c’est un «facteur essentiel de légitimation d’un pouvoir démocratique». Enfin, il a évoqué la nécessité pour «le gouvernement d’avancer dans la concrétisation de son projet de sécurisation de la région centrale» car «c’est une tâche essentielle pour l’unité du Mali».
Zine Cherfaoui