Nord-Sud Export
Nord-Sud Export
3.12.99
ALGÉRIE
PERSPECTIVES GÉNÉRALES
La hausse du prix du pétrole devrait permettre à l’Algérie d’échapper à un nouveau rééchelonnement de sa dette extérieure, donc, aussi, à un nouvel accord avec le FMI. Il sera également tentant pour elle, de ce fait, de différer les réformes économiques, d’autant que les engagements du président Bouteflika, en ce domaine, ont souvent été contradictoires. Les priorités sécuritaires sont d’ores et déjà en train de dépasser toutes les autres. En effet, les mesures de clémence prévues par la loi sur la Concorde nationale arriveront à expiration le 13 janvier 2000. Et le président menace de démissionner à cette date s’il ne parvient pas à ses fins.
En cette veille de l’an 2000, les signes d’un regain d’intérêt pour le marché algérien sont évidents: plus d’une centaines d’entreprises françaises ont participé à la 32ème Foire d’Alger, en octobre, tandis qu’une soixantaine d’autres, menées par la Chambre de commerce franco-arabe, par la Fédération des industries mécaniques ou par celle des industries ferroviaires, accomplissaient, elles aussi, leur périple vers Alger. Tout cela, il faut le souligner, en dépit du fait que Air-France ne desserve toujours pas la capitale algérienne (après le retour de Turkish Airlines et Saudi Airlines, Alitalia n’a, pour sa part, repris ses vols qu’au début novembre). Et si le pavillon français, à la Foire d’Alger, était le plus vaste des pavillons étrangers, la présence des Tunisiens (avec 71 entreprises) et des Italiens (avec 44 entreprises), n’est pas passée non plus inaperçue. Au total plus de 400 entreprises étrangères, provenant de 24 pays (à l’exception cependant des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et de l’Espagne), disposaient d’un stand à la Foire d’Alger.
Le succès du référendum du 16 septembre, transformé en véritable plébiscite du président Bouteflika – et lui donnant apparemment les mains libres pour mener à bien sa politique de réconciliation nationale – semble avoir vaincu les dernières réticences de ceux qui, dès la confirmation de la hausse du brent, en avril, avaient recommence à loucher du côté des perspectives offertes par les marchés des pays producteurs d’hydrocarbures. Cette précipitation ne s’est cependant pas encore traduite par de véritables engagements. Il est vrai qu’au delà des précautions d’usage – valables partout – l’Algérie incite à la prudence. Une prudence dictée par l’histoire récente certes, mais aussi par une analyse objective de la situation économique, politique et sécuritaire.
Si les finances algériennes profitent de la hausse du prix du brut, elles n’en restent pas moins en cette année 1999, soumises à de fortes contraintes qui pèsent aussi bien sur l’équilibre budgétaire que sur la balance des paiements. Le poids de l’endettement extérieur, notamment, est redevenu très lourd, du fait de l’arrivée à leur terme – en 1998 – des rééchelonnements conclus en 1994 et 1995. Le financement des déficits par la création monétaire s’est traduit par de fortes pressions sur le taux de change du dinar et pourrait aussi relancer l’inflation, pour peu que la demande interne, actuellement atone, commence à se redresser.
Les prévisions pour l’année 2000 sont plus favorables, dans la mesure où l’on peut tabler sur un baril supérieur à $ 20, au moins un début d’année, et parce que les prix du gaz ont commencé à rattraper, à partir de septembre / octobre 1999, le retard habituel de 6 mois environ qu’ils ont sur les évolutions du prix du brut. Mais l’Algérie va devoir apprendre à compter avec des charges récurrentes, qu’elle ne connaissait pas, ou peu, autrefois, dans l’exploitation de ses hydrocarbures : accords de partage de la production et coûts financiers relatifs aux investissements gaziers entrepris par la Sonatrach.
L’économie hors hydrocarbure peine à sortir du marasme et n’a pas su convertir, cette année, les timides embellies de 1998. Son avenir dépendra des mesures qui seront – ou ne seront pas – prises en matière de politique économique : soutien aux industries privées (actuellement étranglées par une fiscalité qui présente bien des aspects de l’arbitraire), réforme du secteur bancaire et restructuration des industries publiques, un débat qui pose, bien sûr, la question des privatisations mais surtout, en amont, celui de la remise à flot des entreprises nationales (que ce soit pour les vendre ou non).
Que souhaite le président Bouteflika en la matière ? De quelle marge de manouvre dispose-t-il ? Est-il en mesure de pacifier l’ensemble du territoire algérien ? Pourra-t-il assainir, et reconstruire, comme il l’a promis à ses concitoyens, afin que les institutions algériennes, garantes de l’État de droit, se remettent à fonctionner correctement ? Autant de questions que se sont posés les auteurs de ce dossier de Nord Sud Export, avec pour seule ambition, l’objectif de tracer quelques pistes dans ce maquis d’incertitudes.
ATTENTION AUX SUBTILS « MAQUILLAGES » DES CHIFFRES ALGÉRIENS
Le premier des obstacles à franchir dans cette voie est d’ordre statistique. Bien que l’Algérie dispose en théorie de tous les instruments adéquats (un Office national des Statistiques, ONS, un Conseil économique et social, un Commissariat au Plan, une direction des douanes, des administrations de l’Économie et des Finances, un ministère de l’industrie, une Banque centrale, la Banque Nationale d’Algérie, BNA etc … ) susceptibles de remplir les colonnes d’une comptabilité nationale apparemment bien tenue, force est de constater que des incohérences obscurcissent la vision d’ensemble des équilibres fondamentaux de ce pays. Ce phénomène s’est accentué depuis 1992, en liaison avec l’insécurité qui a rendu plus problématique l’accès à certaines sources d’information et du fait aussi de la répression qui s’est abattue sur les dirigeants des entreprises publiques (les incitant à ne diffuser que des résultats jugés « politiquement corrects »), sans parler de la désorganisation générale des services de l’Etat…
Mais il apparaît aussi assez vite que certains chiffres sont plus soigneusement « maquillés » que d’autres, révélant, par la même, deux préoccupations majeures des autorités qui se sont succédées à Alger:
1) la volonté d’échapper à un nouveau rééchelonnement de la dette algérienne, dans la mesure, surtout, où celui-ci nécessiterait la conclusion d’un nouvel accord avec le FMI, donc un ajustement sous le contrôle constant des bailleurs de fonds, alors même que l’Algérie ne s’est déliée de cette contrainte qu’en mai 1998 (date de l’arrivée à expiration du deuxième des programmes signés avec le FMI depuis la quasi faillite de 1994). Cette attitude n’est pas seulement dictée par l’orgueil national. Elle reflète aussi l’extrême réticence du groupe des dirigeants en place (essentiellement d’origine militaire) qui a très mal vécu l’intrusion (pourtant timide) des fonctionnaires internationaux dans ses affaires.
2) le souhait de contrôler le mouvements des transactions sur le marché secondaire de la dette algérienne, de façon à éviter tout effondrement et, surtout, d’anticiper les hausses comme les baisses ; les banques internationales et institutions financières, en général, se sont, dans leur très large majorité, dessaisies depuis plusieurs années de leurs créances algériennes. Selon des sources dignes de foi, la plus grosse part de ces « papiers » seraient désormais dans les mains d’opérateurs algériens agissant sous couvert de sociétés écrans (basées surtout en Suisse).
Les meilleurs leviers de contrôle de cette information « stratégique » sont aux mains de la BNA. Les informations les plus surveillées concernent les différents postes de la balance des paiements.
Est-ce un hasard si le FMI, dans ses différentes publications régulières (les « Statistiques financières internationales », « SFI », mensuelles, et son annuaire des « balances des paiements » dans le monde, qui couvre 140 pays membres du Fonds, dont de beaucoup plus modestes que l’Algérie, comme le Népal ou le Burundi) n’est en mesure de diffuser aucune information sur la balance algérienne des paiements ? Une recherche un peu plus approfondie révèle d’ailleurs que ce pays a fourni consciencieusement ses statistiques de balance des paiements au Fonds monétaire de 1977 à 1991. Depuis 1992, plus rien! Même les deux lignes des « SFI » concernant les transactions internationales en monnaie locale (lignes 70 et 71 : exportations et importations CAF) qui sont en général remplies par les services des douanes des pays membres du FMI, sont totalement vides à partir de 1993. Quant aux chiffres usuels de la comptabilité nationale (PIB, FBCF, consommation publique et privée … ), en monnaie locale eux aussi, ils s’arrêtent à l’année 1995 incluse.
Il y a dans ce refus des autorités algériennes de diffuser des informations somme toutes banales, de quoi alimenter bien des doutes. D’autant que la BNA tient sa propre comptabilité de la balance des paiements. Que souhaite-t-elle éviter ? Un regard un peu trop critique sur ses propres chiffres ? Ou des recoupements qui mettraient en lumière des pratiques douteuses comme la sous-évaluation des recettes de la Sonatrach dans les années les plus fastes ? Ou simplement un oil trop lucide de ses partenaires étrangers, alors qu’il est toujours facile d’inviter des journalistes dûment accrédités, voire des experts privés, en leur faisant miroiter une information qui, pour le coup, sera effectivement exclusive ! Exclusive certes, ce qui ne veut pas forcément dire fiable.
Il est symptomatique que l’Algérie n’ait toujours pas conclu d’accord de « rating » avec « Standard and Poor’s », alors que l’annonce d’une prochaine notation avait été diffusée avec fracas, voici un an, par le ministre algérien des Finances, soucieux de prouver à ses partenaires financiers que son pays serait bientôt en mesure de revenir sur le marché international des capitaux (ce qui ne peut pas, désormais, se faire sans une évaluation préalable effectuée par une agence spécialisée reconnue sur la scène internationale). On peut parier que S&P s’est montrée trop curieuse, si ce n’est trop négative dans ses premières évaluations du risque algérien (rappelons qu’il est prévu, dans les rapports entre les agences de notation et les pays demandeurs d’un « grade » que la procédure peut être arrêtée, sans aucune publicité, à ce stade préliminaire, tandis qu’un pays déjà « noté » ne peut plus, par la suite, interrompre ce processus).
En tout cas, NSE s’est livré, dans le difficile exercice de ce dossier, à un certain nombre de recoupements, sur la base des statistiques algériennes et sur celle des relations que l’Algérie entretient avec le monde (échanges commerciaux bilatéraux, balances bilatérales, rapports avec l’OPEP, CNUCED, taux de change du dinar, mise à jour régulière, par le FMI, des liquidités internationales de l’Algérie, etc.). Les valeurs que nous communiquons dans les tableaux de ce numéro sont essentiellement indicatives, mais permettent néanmoins d’esquisser des tendances que nous pensons assez fiables.
LE POIDS DES CONTRAINTES EXTÉRIEURES
Pour avoir une idée des équilibres extérieurs de l’Algérie, tout commence par l’examen des ventes d’hydrocarbures, celles-ci représentant 96% à 97% des exportations globales de l’Algérie, en valeur.
ÉVOLUTION DES EXPORTATIONS D’HYDROCARBURES
en S mds |
1996 |
1997 |
1998 |
1999e |
2000p |
|
Rappel du prix moyen du baril de Saharan Blend de 96 à 98 |
$ 21,3 |
$ 19,6 |
$ 13,07 |
estimation du prix moyen du barril:$17,7 |
hypothèse moyenne basse $18 |
hypothèse moyenne haute : $ 22 |
Ventes de pétrole (brut et condensats) |
6,2 |
5,9 |
3,9 |
4,8 |
4,8 |
5,9 |
Ventes de gaz (naturel et liquéfié) |
3,4 |
4,5 |
3,6 |
3,4 |
4,0 |
4,9 |
Ventes de GPL (gaz de pétrole liquéfié) |
0,8 |
1,0 |
0,8 |
1,1 |
1,4 |
1,7 |
Produits raffinés |
2,2 |
2,3 |
1,5 |
1,8 |
1,9 |
2,2 |
TOTAL |
12,6 |
13,7 |
9,8 |
11,1 |
12,1 |
14,7 |
Estimations et prévisions de NSEsur la base des chiffres de la SONATRACH
Pour les deux années 1999 et 2000, il est tenu compte des quotas de l’OPEP sur les ventes de pétrole.
LA BALANCE DES PAIEMENTS COURANTS
en US$ mds |
1996 |
1997 |
1998 |
1999e |
2000p** |
Exportations |
13.21 |
14.34 |
10.13 |
11.54 |
14.00 |
dont hydrocarbures |
12.60 |
13.70 |
9.75 |
11.10 |
13,4 |
Importations |
9.09 |
8.13 |
8.63 |
9.30 |
9.70 |
Solde commercial |
+ 4.12 |
6.21 |
+1.50 |
+2.24 |
+4.3 |
Services non financiers nets |
-1.40 |
-1.08 |
-1.50 |
-1.57 |
-1.67 |
Services financiers nets |
-2.35 |
-2.22 |
-2.20 |
-2.32 |
-2.58 |
dont intérêts sur la dette |
(-2,09) |
(-2,07) |
(-1,97) |
(1,86) |
(-1,80) |
Déficit des services |
-3.75 |
-3.30 |
-3.70 |
-3.89 |
-4.25 |
Transferts nets |
0.88 |
+1.06 |
+1.06 |
+1.15 |
+1.20 |
Solde de la balance des transactions courantes |
+1.25 |
+3.97 |
-1.14 |
-0,50 |
1,25 |
Mémo : Réserves en devises en fin de période |
4.23 |
8.05 |
6.84 |
4,09*** |
*sur la base du respect des quotas de l’OPEP et d’un prix moyen du Saharan Blend de $ 17,7 le baril. **sur la base du respect des quotas de l’OPEP et d’un prix moyen du Saharan Blend de $ 20 le baril.
*** Réserves en devises à la fin septembre 1999.
Source NSE, sur la base des exportations d’hydrocarbures du tableau précédent, des indications de la BA et des chiffres de la Banque mondiale du service de la dette.
Source des réserves en devises : FMI; « Statistiques Financières Internationales » de novembre 1999.
Le solde commercial (traditionnellement positif) de l’Algérie est appelé à s’accroître en 1999, grâce à la hausse du prix du pétrole et en dépit des quotas de l’OPEP (ceux-ci ne touchent que les exportations de pétrole brut, alors que l’Algérie a considérablement diversifié ses exportations d’hydrocarbures). Le retour au niveau des importations de 1996 permet aussi de gommer les deux années « noires » de 1997 et 1998 (où les achats à l’étranger avaient été réduits de manière drastique, préjudiciable à l’économie) sans que soit affectée l’amélioration de l’excédent commercial.
Par contre, le niveau du déficit de la balance des services ne permet pas, à notre sens, un retour à l’équilibre de la balance des paiements courants, en dépit de ce que voudraient laisser entendre les sources officielles algériennes qui ont fait courir des rumeurs sur un excédent des transactions courantes dès que le prix du baril a franchi le seuil des $ 15 . Elles évoquaient alors un chiffre de réserves de change de $ 5 mds (cf. le journal algérien El Watan du 1/9/99) et tablaient sur une stabilisation de ces mêmes réserves à hauteur de 5,2 mds à la fin de 1999 (chiffre communiqué aux experts de l’IFI, « Institut de Finance International », lors de leur enquête du mois d’août 99, préalable à la rédaction de leur dernier rapport, confidentiel, qui date de septembre).
En fait les réserves en devises sont tombées à 4,09 mds à la fin du mois de septembre, ce qui traduit une détérioration très rapide sur les 9 premiers mois de l’année. On remarquera que les réserves ont fondu de moitié en 22 mois, puisqu’elles avaient atteint le chiffre record de $ 8,05 mds à la fin de 1997.
Une telle évolution ne peut s’expliquer que par le « bas de la balance », c’est à dire par les mouvements de capitaux.
D’une façon générale, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) sont restés assez élevés, depuis 1995, année où l’Algérie avait enregistré, selon les chiffres de la CNUCED, des flux négatifs (donc des désinvestissements ) de l’ordre de $ 24 mns (après un premier reflux d’investissements de $ 59 mns en 1993) ; les entrées d’IDE (liées pour l’essentiel aux investissements dans le secteur pétrolier) ont ensuite atteint $ 447 mns en 1996, $ 630 mns en 1997 et $ 500 mns en 1998, soit un niveau relativement stable.
SERVICE DE LA DETTE
en US$ mns |
1996 |
1997 |
1998e |
1999P |
2000p |
Service au titre des intérêts |
2094 |
2074 |
1970 |
1860 |
1800 |
(intérêts rééchelonnés) |
(289) |
– |
– |
– |
– |
Remboursement du principal |
2067 |
2347 |
4280 |
4070 |
4200 |
(principal rééchelonné) |
(3252) |
(2131) |
(520) |
– |
– |
Service total dû |
7702 |
6552 |
6250 |
5930 |
6000 |
Service payé après rééchelonnement |
4161 |
4421 |
5770 |
– |
– |
Sources: Banque mondiale pour 1996 et 1997; estimations et prévisions de NSE, ensuite.
A partir de l’année 1998, ce tableau ne tient pas compte du paiement des intérêts sur la dette à court terme, alors même que les difficultés de 1998, justement, ont contraint les autorités algériennes à accroître leurs engagements à moins d’un an. On peut donc postuler que les intérêts totaux se sont stabilisés à hauteur de $2 mds et que, par voie de conséquence, le service global de la dette reste supérieur à $ 6 mds.
C’est donc du coté de la dette extérieure, essentiellement des remboursements en principal, qu’il faut chercher la raison de la détérioration de la balance globale, celle qui oblige l’Algérie, depuis le début de l’année, à puiser dans ses réserves. Il est clair qu’Alger a du mal à faire face à cette charge depuis que les derniers effets des rééchelonnements en Club de Paris sont arrivés à expiration, au milieu de 1998 (cf. le tableau ci-dessus).
En fait, le service global de la dette à moyen et long terme (intérêts plus principal) diminue légèrement, mais les intérêts sur la dette à court terme se sont probablement accrus. Quant aux remboursements du principal, ils atteignent des sommets qui ne sont compensés ni par une hausse similaire de la balance courante (celle-ci restant négative en 1999) ni par des entrées suffisantes de capitaux, qu’ils soient bancaires ou autres. Le FMI a bien volé au secours de l’Algérie, avec une facilité compensatoire de $ 300 mns (pour compenser les baisses de recettes à l’exportation enregistrées en 1998 et au début 1999), cela n’a pas suffi pour faire la différence.
STRUCTURE ET ENCOURS DE LA DETTE EXTÉRIEURE
en US$ mds |
1996 |
1997 |
1998e |
1999P |
Dette extérieure totale |
33,4 |
32,0 |
32,6 |
32,1 |
vis-à-vis des multilatéraux, FMI inclus |
6,1 |
5,9 |
5,6 |
5,0 |
vis-à-vis des créanciers bilatéraux |
13,9 |
14,4 |
14,4 |
14,0 |
vis-à-vis des créanciers privés, dont banques |
13,1 |
10,5 |
11,0 |
11,5 |
dette à court terme |
0,3 |
1,2 |
1,6 |
1,6 |
Sources.- Banque mondiale pour 1996 et 1997 (sauf dette à court terme) ; estimations et prévisions de NSE, sur la base, corrigée, des informations fournies par la BA
On peut évidemment tabler sur une baisse à moyen terme du stock de la dette extérieure algérienne (cf. le tableau ci-dessous). Mais les chiffres diffusés par les autorités ne tiennent vraisemblablement pas compte de tous les nouveaux engagements contractés par les sociétés algériennes, en particulier par la Sonatrach. Les évaluations les plus courantes, qui tablent sur un encours de $ 30 mds en 1999, puis sur un recul rapide à partir de 2000 paraissent, de ce fait sous-estimées. D’ailleurs les chiffres que nous publions sur le tableau ci-dessus nous semblent eux-mêmes situés « dans le bas de la fourchette », sans parler de la difficulté (valable partout) d’évaluer correctement la dette à court terme.
Il suffit de s’informer sur les projets d’investissement qui sont dans le « pipe » de la Sonatrach pour comprendre que l’Algérie ne s’oriente pas vers une baisse du stock de sa dette, mais plutôt vers une stabilisation (au mieux) de celui-ci. Selon le PDG de la Sonatrach, Abdelmajid Attar, le plan de développement à moyen terme de son entreprise prévoit ainsi des dépenses de $ 20 mds entre 1999 et 2003 (hors raffinage et pétrochimie). 60% de ces $ 20 mds seront constitués de dépenses en devises, dont $ 6 mds environ à la charge de la Sonatrach (l’autre part étant supportée par les partenaires étrangers). Par ailleurs, Abdelmajid Attar a déclaré à la revue PGA, lors d’une interview exclusive réalisée à la fin du mois d’octobre, qu’il prévoyait la construction de trois à quatre nouvelles raffineries à l’intérieur du pays, pour subvenir aux besoins intérieurs, et pour réserver ainsi la majeure partie des productions des raffineries côtières à l’exportation. Ce qui suppose aussi que la raffinerie de Skikda soit rénovée en urgence…
D’ailleurs l’attitude des agences nationales occidentales d’assurance crédit, à l’égard de l’Algérie, ne s’est guère modifiée, qu’il s’agisse de la COFACE française, de l’US Exim ou de la SACE italienne. D’une façon générale, les obstacles quantitatifs (plafonds et restrictions) ont été assouplis, mais les taux de prime restent très élevés. Si bien que l’Algérie, lorsqu’elle s’endette, le fait au prix fort.
Et il est probable que cette situation ne s’améliorera pas de façon significative tant que ce pays n’aura pas accès au marché international des capitaux. Mais, comme nous l’avons déjà noté plus haut, Alger est encore aux portes de ce marché et elle y piétinera tant que les agences de notation resteront sur leur réserves à l’égard de la dette algérienne.
Par contre, le maintien du prix du pétrole à des niveaux élevés (à partir de $ 22 le baril de Saharan Blend, cf la deuxième hypothèse du tableau des exportations d’hydrocarbures publié page 3) tout au long de l’année 2000, permettrait, en dépit du respect des quotas de l’OPEP, de desserrer la contrainte extérieure qui pèse sur l’Algérie. Ce ne serait pas encore vraiment le cas si la moyenne du baril s’établissait à $18, compte tenu de la nécessité de reconstituer les réserves perdues en 1999.
LA PRODUCTION HORS HYDROCARBURES MARQUE LE PAS
Bien que la production intérieure brute ait été tirée vers le haut par le redressement du secteur des hydrocarbures au cours de 1999 (+7,8% selon le CNP), la croissance du PIB n’atteindra probablement que 3,9% au mieux cette année (contre +1,1% en 1997 et une estimation de +4,7% en 1998 qui nous semble, d’ailleurs, exagérément optimiste en raison de la baisse du prix du pétrole et des aléas de la production agricole, la récolte céréalière ayant été très moyenne).
En dépit d’une bonne pluviométrie en début d’année, les résultats du secteur agricole se sont avérés décevants, cette année aussi, surtout la production de céréales qui a été affectée par la faiblesse des précipitations en avril et mai. Les résultats de la campagne 1998/99 ne s’élèvent qu’à 20 mns de quintaux, contre 30 mns en 1998 et alors que les autorités espéraient franchir la barre des 54 mns. Compte tenu des performances des autres récoltes (tomate industrielle, cultures maraîchères, olives … ) le secteur agricole devrait néanmoins connaître une progression de 2,7% en 1999.
Ce sont surtout les deux secteurs de l’industrie et du BTP qui alimentent les inquiétudes. L’indice de la production industrielle des entreprises publiques nationales (hors hydrocarbure) publié par l’ONS (base 100 en 1989) s’est établi à 73,6 au premier trimestre 1999 alors qu’il avait atteint 82,8 au quatrième trimestre 1998. La situation des industries manufacturières, dans ce total, est plus lamentable encore, puisque leur indice est passé du niveau 75 au quatrième trimestre 1998 (ce qui n’est déjà pas beaucoup par rapport à la base 100 de 1989) à 65 seulement au premier trimestre de cette année.
Selon les données du ministère de l’Industrie, les branches qui ont été le plus affectées au cours du premier semestre 1999 sont celles du textile, de la construction électrique et électronique, du bois papier et de l’agro-alimentaire. Et si l’on note, quand même, une légère reprise globale par rapport au premier semestre 1998, c’est essentiellement grâce à la remise en marche d’un haut fourneau, ce qui a permis d’augmenter de 58 % la production de la branche de la sidérurgie et de la métallurgie.
Les statistiques douanières confirment cette analyse d’un ralentissement sensible dans l’industrie. Ainsi, les achats de demi-produits destinés aux industries algériennes ont-il baissé de 9,22% (en dollars courants) au cours du premier semestre 1999. Il est clair que les difficultés financières rencontrées par les entreprises les ont conduit à réduire leurs activités. La consommation reste, elle aussi, trop faible pour soutenir la production industrielle : la demande interne ne semble s’être accrue que de 2,1% sur l’ensemble de 1999, ce qui s’explique à la fois par la stagnation des salaires et par le niveau élevé du chômage (au moins de 30% de la population active, il touche surtout les jeunes, ceux qui seraient donc le plus enclins à consommer s’ils en avaient les moyens).
Dans le secteur du BTP, on ne peut guère espérer qu’une progression de 1,81/o sur l’ensemble de l’année. Le PEE français à Alger note, à ce sujet, que l’évolution récente du secteur des matériaux de construction corrobore l’hypothèse « d’une stagnation, voire d’un ralentissement de l’activité de la construction en Algérie« . Rappelons à ce sujet que le BTP reste dominé par les sociétés du secteur public et que celles-ci connaissent, depuis des années, de très grosses difficultés financières, dues d’ailleurs, pour partie, aux retards des paiements de l’Etat.
Le fléchissement du rythme de croissance du secteur industriel, après la courte embellie de 1998, n’est pas contesté par les autorités. L’évaluation du fonctionnement des 17 holdings publics qui regroupent les entreprises nationales (ces « holdings » ont remplacé en 1995 les « fonds de participation » qui avaient été mis en place dès le début des années 90) pose le problème de leur survie. On attendait d’eux, en effet, qu’ils mettent rapidement en ouvre le programme de privatisation engagé en juin 1998 avec la publication d’une liste de 89 entreprises. Mais tout est pratiquement resté au point mort depuis.
Lors de sa campagne du référendum, le président Bouteflika s’en était pris à l’incompétence des holdings (ainsi d’ailleurs qu’à l’APSI, Agence pour la promotion et le suivi des investissements, et au conseil national de la privatisation … ). Nombreux étaient donc ceux qui s’attendaient à la disparition, au moins à une réforme, des ces organismes. En fait les ministres du gouvernement Hamdani ont volé au secours des « holdings » et le président n’a toujours pas pu constituer son propre gouvernement, pour des raisons qui seront évoquées plus loin.
Des contradictions du même ordre sont apparues au cours de l’élaboration du budget pour l’an 2000. Le président avait, dans un premier temps, rejeté le projet qui lui avait été soumis par le gouvernement, arguant du fait qu’il n’avait pas été suffisamment tenu compte de sa volonté d’accroître les dépenses d’investissement tout en réduisant le déficit budgétaire. Un projet remanié a finalement été adopté en conseil des ministre et il sera soumis au parlement avant la fin décembre. Mais à la surprise des observateurs, la nouvelle loi de Finances est encore plus éloignée des objectifs de Bouteflika que sa première mouture : les dépenses de fonctionnement augmentent de 17,6% en dinars courant, par rapport à celles de 1999 ; celles d’investissement ne progressent que de 3,2 %. Enfin le déficit budgétaire augmente – il est prévu à hauteur de DA 220 mds soit 2,3% du PIB, contre 2% estimés en 1999…
Le président Bouteflika semble compter sur les investisseurs étrangers pour l’aider à surmonter les lourdeurs de l’administration algérienne, ce qui l’incite, d’ailleurs, à professer un libéralisme qui n’était pas a priori, dans sa philosophie politique et économique. Il l’a dit clairement aux entreprises présentes à la Foire d’Alger. Il leur a promis des réformes et un assainissement du climat des affaires, tout cela d’ici le mois de janvier 2000. Mais il a ajouté aussi que, s’il ne parvenait pas à ses fins, il ne serait plus à la tête de l’Etat à cette date. Ce qui, paradoxalement, laisse planer un doute considérable…
SITUATION ET DISPOSITIFS SÉCURITAIRES
Après l’arrêt du processus électoral, le 11 janvier 1992, la junte algérienne responsable de la démission du président Chadli (composé des chefs militaires que l’on appellera par la suite les « janviéristes ») avait pensé anéantir rapidement le FIS en procédant à sa dissolution et à son démantèlement. Mais l’ensemble du mouvement est passé à la clandestinité puis à la lutte armée, alors qu’il avait réagi avec modération à la première vague de répression qui s’était abattue sur lui de juin 1991 à l’annulation du premier tour des élections législatives. La tendance la plus radicale l’a donc emporté sur l’aile modérée du mouvement. Après la mort du président Boudiaf, le 29 juin 1992 (un assassinat qui reste encore largement inexpliqué) la violence a progressivement gagné le pays, impliquant non seulement les forces de l’ordre, mais aussi toutes les couches de la société.
L’Etat a alors pensé que pour faire rempart à la progression de la violence des islamistes il suffisait d’engager une politique de répression en suggérant que les citoyens s’organisent » spontanément « , une politique qui va faire rapidement basculer l’Algérie dans l’horreur : une tragédie dont personne ne pouvait ni ne voulait penser qu’elle ferait plus de 100 000 morts. Sur les hauts d’Alger, aux Tagarins, se trouve le ministère de la Défense. C’est là que tout s’est joué et que tout se noue.
Les phases successives de répression ont fait évoluer les rapports de force au sein de la société mais elles ont surtout déstructuré un pays et laissé à la dérive des millions de personnes anonymes touchées dans leur chair par cette guerre.
Dès le départ, les autorités décident d’accentuer leur lutte contre les groupes armés par un dispositif sécuritaire, essentiellement militaire dans une première phase. L’état d’urgence (en fait un état d’exception qui ne dit pas son nom) est proclamé, le 9 février 1992 par le Haut Conseil de Sécurité (HCE, seule instance dirigeante constitutionnelle qui soit encore en place à cette date). Les opérations de ratissage connaissent un certain succès. Sur le plan législatif, le décret du 30 septembre 1992 fait du terrorisme un acte pénal. Les individus appréhendés sont considérés comme des criminels. Des cours spéciales de justice entrent en fonction à Alger, Oran et Constantine ; les procédures violent les règles de droit en vigueur dans le pays ; c’est le règne de l’exception et de l’arbitraire. Mais au tournant de 1993 l’Algérie va très mal : en privé certains généraux n’hésitent pas à confesser qu’ils ont un genou à terre. Aussi, parallèlement à cette politique répressive le pouvoir engage-t-il, en 1994, des discussion secrètes avec les leaders du FIS en prison, ce qui lui permettra de gagner du temps.
Les partis politiques les plus proches du régime, comme le « Rassemblement pour la Culture et la Démocratie » (RCD) de Saïd Sadi, particulièrement hostile aux islamistes, prennent dès 1993 l’initiative d’organiser les habitants, notamment en Kabylie, en milices d’autodéfense. Le pouvoir saute sur l’occasion pour fournir armes et argent, alors qu’il refuse obstinément, des années durant, de fournir des moyens de défense aux habitants des zones réputées pour avoir voté en faveur du FIS lors du premier tour des législatives, même lorsque ceux-ci deviennent, en 1996, 1997 et 1998, les premiers menacés par des massacres aveugles et particulièrement sanglant (cf. Raïs, Benthala et bien d’autres).
Nouveaux venus dans le paysage politique algérien, les groupes de Patriotes ou les milices d’autodéfense seront, par la suite, instrumentalisés par les différents clans politiques ou mafieux pour protéger leurs biens ou mener des opérations baptisées « lutte contre le terrorisme » mais dont la finalité s’apparente souvent à du banditisme. En 1997, plusieurs chefs de groupes de légitime défense (GLD) ont été arrêtés et jugés dans l’ouest du pays après s’être livrés à des règlements de compte privés. Avant d’en venir là il aura fallu bien des carnages pour que l’Etat réagisse, sur la pression de l’opinion, et devant des faits implacables qui accusent leurs auteurs. Ces groupes de partisans sont devenus aussi redoutés que les unités d’élite de l’armée, pas tant pour leurs compétences militaires que parce qu’ils échappent à tout contrôle légal.’
Après huit ans de conflit, et à six semaines de l’échéance du treize janvier qui marquera la fin des mesures de clémence prévues par la loi de Concorde nationale, l’Algérie aborde le troisième millénaire sans perspective de sortie définitive de la guerre autrement que par la guerre, comme le montre la reprise récente des affrontements (au moins 600 morts de septembre 99 à la fin de ce mois de novembre). L’Etat a progressivement démissionné ou abandonné ses pouvoirs au profit de clans ou de quelques généraux avides de préserver leurs prébendes. Des institutions comme la police se sont totalement discréditées pour avoir servi de bras à la répression politique (à la tête de la police, aujourd’hui encore, c’est un militaire qui est en place, preuve de la confiance limitée accordée à ce corps). La police est, de fait, sous la coupe directe de Smaïl Lamari, le n°2 des services algériens, très proche du chef d’état-major Mohamed Lamari (bien qu’ils ne soient pas de la même famille) et également proche du général français Philippe Rondot (un « ex » de la DST), en charge des affaires maghrébines. Selon la formule désormais célèbre d’un défenseur des droits de l’homme, elle n’aura finalement servi qu’à » balayer les chiottes de la société « .
En théorie, le contrôle des différents services qui participent à la lutte contre le terrorisme se fait par la hiérarchie desdits services : police pour la police, gendarmerie pour la gendarmerie… Dans la réalité, c’est de l’état-major de l’ANP que les décisions et les orientations sont définies pour les opérations à mener ou la stratégie à définir.
La question du contrôle peut paraître connexe dans un pays en guerre où l’armée est l’institution qui a le mieux résisté aux coups de boutoirs politiques et sociaux depuis 10 ans. Et pourtant, la coordination qui devrait garantir une plus grande efficacité se fait très mal. La question du contrôle des services secrets, notamment, dans un pays où le parti unique régnait en maître, du temps de Boumédiene, ne se posait pas. Mais aujourd’hui le président Bouteflika souhaite que la DRS (la direction des « services », héritière de la « SM », la Sécurité Militaire, de sinistre mémoire) relève du ministère de la Défense ; c’est la raison pour laquelle il voudrait nommer son conseiller, Yazid Zerhouni, au poste de secrétaire général. La décision a déjà été reportée à plusieurs reprises et il est à peu près certain que cette initiative n’est pas à l’aube d’aboutir. L’armée hégémonique n’entend pas partager son pouvoir et continuera de placer ses hommes, dans la police, la gendarmerie, les services, ou dans l’administration.
Depuis la démission forcée de Chadli Bendjedid, qui était un colonel, tous ses successeurs ont vu leurs pouvoirs rognés et leurs prérogatives se sont réduites, pas du point de vue constitutionnel, mais dans les faits. C’est l’un des éléments qui a amené Liamine Zéroual à démissionner. La hiérarchie militaire a tracé autour du président des limites claires au-delà desquelles il ne doit pas s’aventurer.
Aujourd’hui pourtant, l’homme que l’armée a porté au pouvoir affirme ne pas vouloir se contenter d’être un simple pion. Il entend, il l’a dit et répété, exercer le pouvoir tout le pouvoir. Il a déclaré le 19 novembre, lors du » sommet mondial de Monaco » : » Je ne suis pas comme une cerise sur un dessert. J’entends être un chef de l’état qui assume tous les pouvoirs que lui donne la Constitution « , se défendant ainsi d’être sous l’emprise de l’armée.
SITUATION POLITIQUE
Le 11 septembre 1998 Liamine Zéroual annonce sa démission et l’organisation d’une élection présidentielle anticipée pour février 99. Le scrutin sera reporté au mois d’avril de la même année. Mais c’est au début du printemps 1998 que s’est noué ce départ: le principal conseiller du président, Mohamed Betchine, est alors l’objet d’attaques de diverses personnalités et une campagne est relayée par la presse (voir NSE n° 365 du 20/11/98).
Parmi ceux qui fustigent les pratiques de Betchine, il y a un certain Mohamed Reda Benboualia, un de ses anciens associés en affaires, qui dénonce l’affairisme outrancier de l’ancien patron des services secrets. Et Aboud Hicham, un de ses anciens collaborateurs à la Direction centrale de la sécurité de l’armée qui l’accuse d’avoir dirigé des tortures en octobre 88. Ces accusations (qui ne sont probablement pas dénuées de fondement) révèlent la volonté de la hiérarchie militaire de se défaire du ministre de la présidence, qui a eu la faiblesse de montrer, avec un peu trop d’empressement, son envie de succéder à Liamine Zéroual en l’an 2000, date d’échéance de la présidentielle.
Le 15 mai 1998, en effet, Betchine s’était fait nommer au bureau politique du parti du pouvoir, le RND (un Rassemblement créé de toute pièce pour soutenir Zéroual et faire contrepoids au FLN, celui-ci étant traversé de tendances divergentes) malgré les campagnes de presse qui multipliaient les pseudo-révélations et les attaques. Dès lors, Zéroual est contraint de se séparer, le 19 octobre 98, de son conseiller et principal soutien. A ce moment, ce général falot mis en place pour assurer une stabilité institutionnelle, sait qu’il est en sursis. Le retrait précipité de Zéroual surprend néanmoins les partis politiques et les responsables militaires dont le souci a toujours été de préserver les apparences.
Parmi les 11 candidatures présentées pour l’élection présidentielle, le Conseil constitutionnel n’en retient que sept, dont celle d’Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier avait pourtant refusé l’offre d’occuper la présidence, en 1994, après de longues nuits de discussions avec les principaux chefs de l’armée. Très vite le candidat Bouteflika se défend d’être le candidat de l’armée car il sait ce parrainage lourd à porter, mais il a du mal à convaincre.
Certains qu’une fraude massive se prépare en faveur de « Boutef », comme on a pris l’habitude de l’appeler à Alger, les six autres candidats se retirent la veille du scrutin. Le 15 avril 1999, les umes accordent officiellement, au septième président algérien, 74% des suffrages avec un taux de participation de 60%. La réalité est probablement beaucoup moins flatteuse et plus proche des chiffres diffusés par les militaires dissidents du MOAL (Mouvement algérien des officiers libres) sur leur site internet.
Quelques jours après son entrée en fonction Abdelaziz Bouteflika appelle ceux qui « ont été dans la tourmente du terrorisme à reprendre leur place dans la société ». Abassi Madani apporte son soutien à cet appel. L’ancien chef de la diplomatie de Boumédiene connaît les coulisses du pouvoir, il sait que sa marge de manouvre est limitée, il choisit pour desserrer l’étau interne de rechercher des soutiens à l’extérieur. S’ensuit une grande campagne de séduction envers la presse étrangère qu’il reçoit volontiers.
La mort du roi du Maroc Hassan 11, le 24 juillet, le propulse au devant des caméras du monde entier. On le voit aux côtés du nouveau souverain visiblement ému, il s’entretient en aparté avec Jacques Chirac et surtout, l’espace d’un court moment, il salue le Premier ministre israélien, Ehud Barak. C’est à Rabat que le monde se retrouve, c’est à Rabat que « Boutef » se popularisera auprès des gouvernants de la planète.
L’organisation du référendum, le 16 septembre, sur la concorde civile, a été voulu pour donner une légitimité politique à Abdelaziz Boutelika, celui-ci en ayant été privé lors des élections présidentielles. Le bon score enregistré par le président pouvait laisser penser qu’il aurait, à partir de ce moment là, les mains libres pour mener sa politique. Or, trois mois plus tard, on s’aperçoit qu’aucune des grandes décisions attendues n’a été prise. Les actes de violence ont repris avec une intensité qui rappelle les pires moments, les mesures dans le domaine économique pour attirer les investisseurs se font attendre et la loi sur la concorde civile ne semble pas avoir le succès attendu.
Pourtant au lendemain de la consultation populaire, une partie de l’opposition était prête à sauter le pas et à travailler avec l’homme de la réconciliation. Le président du RCD déclare « participer au gouvernement n’est ni un tabou ni une maladie honteuse ». Le Front des Forces socialistes, les islamistes de Nahnah, furieux d’avoir été écartés de la compétition pour la présidentielle, étaient hostiles à un rapprochement avec la présidence. Mais récemment Nahnah a arraché à son parti un soutien au président. Des personnalités comme Mouloud Hamrouche ou Ahmed Taleb Ibrahimi sont retournés à leur silence. Candidats, ils avaient fait campagne sur le thème de la rupture et des réformes pour l’un ; et sur celui des valeurs traditionnelles et d’un accord politique avec le FIS, pour l’autre. Ils attendent aujourd’hui leur heure.
L’opinion fatiguée par huit ans de guerre veut croire que Bouteflika est l’homme qui ramènera la paix dans le pays. Mais l’Algérie de 1999 a subi des traumatismes indélébiles et ne peut se contenter de belles paroles. Les actes tardent à venir, et de plus en plus d’Algériens conçoivent mal la réconciliation sans la justice. Le principal souci étant d’éviter que les horreurs des années 90 ne se reproduisent.
Les familles de disparus ne sont pas informées, ceux qui ont eu des parents assassinés ou torturés subissent des pressions pour ne pas déposer de plaintes, la concorde dite civile connaît au début de l’automne 99 des ratés. Les actions terroristes, les massacres et les opérations des groupes armés se multiplient. Les Algériens retrouvent la peur et l’angoisse que le ramadan ne soit, comme par le passé, aussi sanglant.
Le gouvernement n’est toujours pas formé sept mois après la prise de fonction de Bouteflika qui assure, à chaque occasion, qu’il n’y aucun problème entre l’armée et lui, comme pour exorciser cette hypothèque. Il répète à l’envie que la nomination d’une nouvelle équipe n’était pas » la priorité des priorités « . Le président affirme, à l’appui de cette thèse, que peu de partis ont des hommes qui correspondent au profil d’un ministre, au sens où il entend se donner les moyens de mener à bien les réformes qu’il entrevoit. Il veut, dit-il, prendre son temps, avant, pour imposer ses idées : ‘je veux récupérer mes attributions constitutionnelles ». Mais n’est-ce pas une manière de reconnaître qu’il n’est pas le seul à décider.
Bouteflika n’ignore rien des contradictions qui mineraient un gouvernement de coalition, une mosaïque selon son expression. Le scrutin présidentiel les a exacerbées et les partis qui accepteront d’entrer dans son gouvernement voudront être payés de retour en influant sur les orientations gouvernementales. La mise en ouvre des projets de Bouteflika est contrariée et se heurte à des oppositions sérieuses.
La première des difficultés est pourtant d’avoir une vision claire des objectifs de Bouteflika, tant celui-ci semble tout dire, et son contraire, selon les circonstances et le public auquel il s’adresse. Le 10 novembre, le bulletin El-Ribat, proche du FIS, qui avait soutenu la démarche de » concorde civile » du président Bouteflika, s’est élevé contre les déclarations de ce dernier selon lesquelles le FIS ne pouvait » en aucune manière » être autorisé à exercer une activité politique. Certains responsables du FIS, comme Abassi Madani, qui avaient réservé un accueil positif aux démarches de concorde civile du président peuvent être déçus par ces propos car ils espéraient, en échange d’une position conciliante, une réintégration du mouvement dans le jeu politique. Mais là c’est une fin de non recevoir qui leur est adressée.
L’assassinat, le 22 novembre, d’Abdelkader Hachani, le responsable du FIS qui avait négocié la reddition de l’AIS, est terriblement inquiétante, dans un tel contexte. On peut d’ailleurs s’interroger sur l’absence d’escorte policière le jour où il a été tué, alors que, le 13 septembre, il déclarait dans une interview à Libre Algérie : » Je ne peux me déplacer sans être suivi par cinq véhicules. On ne m’a pas autorisé à aller effectuer le pèlerinages à La Mecque. Je n’ai pas été autorisé à participer à une émission d’El-Djazira qui conviait également Redha Malek « . Pourtant les forces de l’ordre ont exclusivement axé leurs recherches des assassins de Hachani dans les milieux islamistes. Les arrestations sous simple présomption d’appartenance à une mouvance dure des groupes islamistes ont repris de plus belle.
Au lendemain de l’assassinat d’Hachani, près d’une centaine de personnalités et de penseurs du monde musulman ont demandé à Bouteflika de » libérer tous les prisonniers politiques et de reconsidérer sa position dans l’affaire de l’exclusion du FIS « . Parmi les signataires algériens, Ahmed Taleb Ibrahimi, Abdallah Djaballah ou encore Abdelhamid Brahimi…
Quant à Abdelhamid Mehri, ancien ambassadeur d’Algérie en France et ex-secrétaire général du FLN (signataire des accords de Rome de janvier 1995, avec des représentants du FIS, du FFS et d’autres partis soucieux de parvenir rapidement à la paix civile, sur la base d’un « Contrat National ») il considère, dans une déclaration datée du jour même de l’attentat, que celui-ci « est un acte d’une extrême gravité »… « Cette action criminelle vient souligner la dégradation, perceptible depuis un certains temps de la situation sécuritaire, politique et psychologique ».
ET MAINTENANT ?
La diminution des actes terroristes après l’élection d’Abdelaziz Bouteflika provient essentiellement du fait que les négociations entre la Présidence et les représentants du FIS auraient dû aboutir à un véritable contrat pour ramener les islamistes dans le champ politique. C’est cette négociation qui a donné au président un peu d’air… Mais les engagements pris à l’égard de l’Armée Islamique du Salut n’ont pu être tenus et les militants de cette organisation de guérilla, liée au FIS, montrent des signes de plus en plus visibles d’impatience. Ils ne voient notamment rien venir du côté de l’intégration qui leur avait été promise dans les forces de l’ordre au moment où ils avaient accepté de déclarer la trêve, en 1997 (un peu sur les modalités qui ont permis en Afrique du Sud d’intégrer les combattants liés à l’ANC dans l’armée régulière).
La géographie et la nature même des attaques « ciblées » qui se sont déroulées à l’ouest et au sud-est du pays, récemment, dans des régions qui étaient traditionnellement tenues par l’AIS laissent penser que des groupes, au sein de l’AIS, ont déjà commencé à rompre la trêve.
La date fatidique du 13 janvier approche. Au-delà, les groupes armés qui ne se seront pas rendus feront l’objet d’un chasse impitoyable : Bouteflika l’a rappelé en des termes très durs. » L’Etat se donnera tous les moyens, à l’exclusion d’aucun, pour éradiquer les fauteurs de troubles et ceux qui dérangent la vie paisible des citoyens « .
Quelle que soit l’issue de ce bras de fer avec les réseaux islamistes, il faudra trouver une solution politique. Encore faut-il vouloir la rechercher plutôt que de faire l’autruche avec des formules telles que « terrorisme résiduel ». En France sous la IIIe République les gouvernements étaient les jouets des partis qui soutenaient à la presse « qu’en l’absence de solution, il n’y a pas de problème « . La situation du président Bouteflika est sensiblement différente. La mission dont il s’est investi, ramener la paix et mettre en ouvre son projet politique, exigent de lui des solutions, plus que des mots. Et c’est là que les vraies difficultés commencent….
LE PRÉSIDENT BOUTEFLIKA A-T-IL UNE POLITIQUE ALTERNATIVE À CELLE QU’IL DÉNONCE?
Quelques réflexions extraites de la presse algérienne :
Selon »Libre Algérie » du 13/9/99 : « Tout le monde aura remarqué que les privatisations sont à l’arrêt. Le CNP n’a toujours pas proposé sa nouvelle liste d’unités à vendre, de même qu’il n’a pas répondu aux offres qui lui ont été soumises pour l’achat des unités déjà promises à la cession.(…)
Les privés nationaux algériens se posent des questions. Les partenaires étrangers qui se sont intéressés aux privatisations ne cachent pas leur lassitude. Le français Danone qui a fait une offre pour l’acquisition d’une usine d’eau minérale est, parmi les grandes multinationales, témoin des tâtonnements algériens en matière de passage au libre marché.(…)
Attaqués frontalement par le président Bouteflika, les holdings sont sur la défensive…’
Sur le même sujet des holdings, « El Watan » n’hésite pas à rentrer dans les détails (5/10/99) : « Les discussions sur le devenir des holdings publics ont été inaugurées par les conseillers économiques de la présidence de la république. C’est Abdellatif Benachenhou et Hamid Temmar qui ont pris les choses en main… au cours du mois de septembre dernier, Benachenhou a rencontré à cet effet les responsables du secteur industriel pour examiner la question. « Nous avons l’intention de dissoudre les holdings, qu’en pensez-vous ? » aurait demandé Benachenhou aux cadres du ministère de l’industrie. Tout semble montrer que les conseillers du chef de l’état n’ont pas de schéma précis à proposer comme alternative pour le remplacement des holdings. »…
« Libre Algérie en conclut que « la critique radicale de l’économie que mène le président de la République ne semble pas conduire à une politique alternative. Si Bouteflika n’aime pas les privatisations, il ne dit pas qu’il faut rétablir le poste d’assainissement des découverts bancaires des EPE qui pourrait leur permettre de vivre financièrement. S’il déteste les contours qu’a pris le commerce extérieur du pays, il ne s’achemine pas vers l’abrogation des lois qui ont organisé sa libération, ni vers autre chose…
La restructuration du secteur financier longtemps réclamée est toujours à l’arrêt. La réforme de l’accès aux assiettes foncières pour l’investissement industriel est encore repoussée, bloquant des centaines de projets de grande envergure dont de nombreux investissements étrangers directs. Le règlement de la question de la propriété des terres agricoles n’est pas non plus pour demain…
L’ÉTROITESSE DE LA MARGE DE MANOEUVRE DE BOUTEFLIKA
Le peu d’autonomie dont dispose l’actuel président algérien avait été soulignée, dès le départ, par plusieurs articles de Nord Sud export.
Ainsi, dans un article du 30 avril 1999 (n’375), après l’élection présidentielle :
« Jamais président algérien n’a été aussi fragile que Abdelaziz Bouteflika. Contestée et contestable, cette élection le livre pieds et poings liés à ceux qui l’ont fait roi, même nu. Redevable de sa victoire à la direction de l’armée et à ses puissants réseaux d’affaires et de clientèle, ses chances d’exercer réellement les pouvoirs que lui reconnaît la Constitution sont très minces.
D’autant plus qu’il s’est allié à toutes sortes de réseaux, aussi hétéroclites que gourmands. Le nouveau chef de l’état le sait, lui qui déclarait non sans ironie qu’il n’aurait pas aimé être élu à 99%, chiffre habituel des régimes autoritaires. Dans un premier temps, il ne sera que le président de la restauration, il ne dissoudra ni le gouvernement, ni l’assemblée ».
Puis dans le n’ 380/81 du 17 juillet 1999, au plus fort de la campagne du référendum :
« La paix et le retour aux affaires autres que spéculatives, ce sont là les deux grands défis que se propose de relever le président Bouteflika. Pour l’instant, ni l’état d’urgence, ni les libertés ne sont rétablies. Ce sont là les lignes rouges imposées par l’armée qui demeure le véritable pouvoir en Algérie, bien qu’affaiblie ».
CHRONOLOGIE
11 septembre 1998 : le président Zéroual crée la surprise en annonçant, au cours d’une allocution télévisée, son intention de démissionner et l’organisation d’élections présidentielles anticipées auxquelles il ne se présentera pas. Cette décision est attribuée par la presse aux luttes de clan au sommet de l’appareil de l’Etat, le général Lamari, chef d’état-major étant opposé au général Betchine.
19 octobre : démission du général en retraite Mohamed Betchine, bras droit de ZérouaL depuis mars 1994, après une campagne de presse dénonçant son » affairisme
25-30 mars 1999 : début de la campagne électorale qui se déroule dans un climat de violence.
14 avril : 6 candidats se retirent pour »protester contre la fraude massive », laissant Abdelaziz Bouteflika seul en liste.
15 avril : élection de Bouteflika avec 74% des suffrages mais un fort taux d’abstention même si aucun chiffre n’est vérifié et vérifiable.
5 juin : accord conclu entre la présidence et l’AIS qui annonce sa reddition.
20 juin : communiqué d’Abdelkader Hachani et 3 autres anciens responsables de l’ex-FIS dans lequel tout en exprimant son soutien à la trêve déclarée, ils énoncent les conditions indispensables au renforcement de la paix libération d’A. Madani et A. Belhadj, élargissement de tous les prisonniers impliqués dans la violence et prise en charge de toutes les victimes.
4 juillet : A. Bouteflika ordonne, en vertu d’un projet de la loi sur la concorde civile soumis au parlement, la libération de 2400 personnes, non coupables de crimes de sang et de viol.
8 juillet : le projet de loi est adopté par l’Assemblée populaire nationale par une très large majorité pour et 16 abstentions. L’application de la loi ne sera valable que six mois jusqu’au 13 janvier 2000) et passé ce délai, Bouteflika a déclaré qu’il serait » impitoyable » avec ceux qui resteraient dans les maquis.
22 août : révocation de 20 walis dans le cadre de la lutte contre la corruption et de la volonté de réhabiliter l’Etat.
16 septembre : référendum pour lequel la question est »Etes-vous d’accord avec la démarche générale du président de la République visant à la réalisation de la paix et de la concorde civile? ». Le oui l’emporte avec 98,63% des suffrages exprimés et un taux de participation de 85,06%, selon les chiffres officiels.
15 novembre : 19 villageois tués, dont 13 enfants dans la région de Chlef.
16 novembre : explosion d’une bombe au passage d’un convoi militaire en Kabylie, au moins 3 blessés graves parmi les soldats.
22 novembre – assassinat d’Abdelkader Hachani.*
L’ALGÉRIE DANS SON ENVIRONNEMENT RÉGIONAL
Maroc
La perspective d’une réouverture de la frontière sur le flanc ouest avait suscité beaucoup d’espoir au sein de la population. La déception a été inversement proportionnelle à l’attente. Le massacre de Béchar en août, au cours duquel 14 personnes d’une même famille ont été assassinées, a sonné la fin de la lune de miel vécue par les deux pays après les obsèques du roi Hassan Il.
L’Algérie, convaincue que le Maroc abrite les terroristes, se lance par la voix de son président dans des attaques qui rappellent l’époque de la guerre froide entre les deux pays. Insultes, calomnies et menaces sont proférées pendant plusieurs semaines avant que les deux chefs d’Etat n’échangent une correspondance qui contribuera à calmer les choses.
La volonté affichée par le nouveau souverain marocain de rompre avec les pratiques du passé et les preuves qu’il donne -remplacement du directeur du contre-espionnage DST, limogeage du ministre de l’intérieur et nouveaux directeurs à la tête de la télévision et de l’agence officielle – sont autant de signes d’espoir de voir les relations, au moins au niveau des populations, retrouver un cours plus serein. La presse algérienne estime que Mohamed VI a éloigné Basri qui était un obstacle au règlement de la question du Sahara et qu’il était opposé au rapprochement avec Alger.
Bouteflika qui est né au Maroc, à Oujda, connaît bien le pays et la famille royale avec laquelle il entretient des relations cordiales. Il sait que c’est en partie sur le rapprochement avec son voisin que l’on jugera son niveau de liberté et la marge de manouvre dont il dispose vis-à-vis de l’armée. Jusque récemment, les Marocains estimaient que leur développement dépendaient de l’Europe. Depuis l’accession au Trône de Mohamed VI, les responsables marocains penchent aussi pour un développement régional et n’hésitent plus à soutenir que la plus grande hypothèque, pour eux, est la poursuite de la violence en Algérie. Un changement d’état d’esprit notable qui révèle que les évolutions en cours dans le royaume chérifien ne sont pas factices.
Tunisie
Le président Ben Ali s’est rendu en visite officielle en Algérie pour assister au sommet de l’OUA en juillet dernier, et ce pour la première fois depuis 1990. Les relations étaient quelque peu tendues entre les deux pays. La lettre adressée par Rachid Ghannouchi (président en exil du mouvement islamiste tunisien) au président Bouteflika et reprise par les médias officiels algériens n’a pas plu à Tunis, pas plus que le projet de loi sur la concorde civile adoptée par le parlement algérien, et qui inquiète le voisin tunisien.
L’intérêt de Tunis serait une reprise des relations économiques qui sont actuellement faibles et le président Ben Ali espère relancer l’UMA en panne depuis le début de la crise algérienne.