Au sujet des « Mémoires » du Général Khaled Nezar

Au sujet des « Mémoires » du Général Khaled Nezar
Les faussaires de la mémoire

Mouvement algérien des officiers libres (MAOL), 15 novembre 1999

Lorsque le singe montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Dans ses mémoires sélectives, le général Nezar se présente comme le plus grand sauveur de l’Algérie; mais quelle Algérie? Certainement pas l’Algérie qui englobe Rais, Ben-talha et Beni-messous.Oui, Nezar a vraiment sauvé l’Algérie de la corruption et du népotisme, celle du crime et des élections truquées.

Alors que le sang continue encore de couler, voilà un membre influent du cabinet noir qui nous livre une auto- biographie où le mensonge dispute les mots à la mauvaise foi.
Nezar commence par la justification de son engagement dans l’armée française. Il explique son choix dicté par une pauvreté extrême, nous sommes presque touchés! Mais la réalité est que Nezar n’a fait que suivre les pas de son père et de ses oncles: servir la mère patrie. Il ne peut nier qu’à l’époque, les conditions de vie des Algériens étaient pires que la sienne, vu le montant de la solde de son père.
Sur la guerre d’Algérie et son ralliement très tardif, il nous donne une version tronquée et mensongère. Nezar a fait partie tout simplement de la promotion Lacoste qui a infiltré le FLN et l’ALN (sur ordre), pour des raisons inavouées. Plus de quarante ans après, quand on regarde la catastrophe actuelle et la main mise des anciens collaborateurs sur les institutions de l’état surtout militaires, on comprend les desseins de Lacoste et consorts.

Dans ce livre « confession », il nous livre une lecture des événements qui ont jalonné sa carrière à l’ombre d’un autre fils de caïd, « Belkheir » le grand parrain du cabinet noir ainsi que la prise de la citadelle « MDN » par les anciens de l’armée française.

De la tragédie que vit l’Algérie, Nezar ne parle que du côté « positif », il nous explique son plan global pour contrer une victoire certaine d’un parti politique dont il ne partage pas la doctrine, et d’une manière très subtile, il avoue que l’armée (ou plutôt le cabinet noir) a planifié la crise et qu’il avait écrit le scénario d’avance !
Le détail sur le plan global, est la preuve pour les incrédules que la tragédie n’est pas le fruit d’une rébellion spontanée d’un parti politique frustré après sa privation d’une victoire électorale certaine, mais plutôt un choix délibéré basé sur la confrontation et la violence. Nezar laisse entendre à demi-mots que le cabinet noir avait plusieurs options quant à la gestion de la crise, mais qu’il a opté pour la pire.
Dans son livre le général Nezar nous confie des contre-vérités grotesques, lorsqu’il se vante que le président français François Mitterrand était le dernier informé des changements programmés par l’état-major, par peur qu’il n’informe son ami Chadli.
Par ce mensonge Nezar voudrait nous faire croire que la France n’était pas dans la confidence!

Mais il a omis de nous dire que la France a dépêché le fameux général Philippe Rondot en urgence juste après le premier et avant le dernier tour des élections en décembre 1991et que le conseiller diplomatique de François Mitterrand, Pierre Morel, était informé par monsieur chapeau « Larbi Belkheir », informateur chevronné de la cellule élyséenne. Il a même oublié de dire que le général Smain Lamari avait fait plusieurs allers-retours entre Paris et Alger pour rendre compte de l’évolution de la situation; Il est vrai que Mitterrand n’était pas d’accord sur le principe même de l’arrêt brutal du processus électoral et le limogeage de Chadli. Il avait préconisé en échange des invalidations en masse sous prétexte de fraude et d’irrégularité.
Bien que les généraux avaient promis à François Mitterrand de tout faire pour éviter une action anticonstitutionnelle, le contraire s’est produit ce qui explique la réaction de celui-ci, fustigeant l’interruption du processus démocratique.
Nezar a oublié que la France a tout fait pour les aider en faisant des pressions sur le club de Paris et autres institutions internationales.

Nezar évoque la liquidation de Boudiaf d’une manière plus bizarre que légère, pour lui l’assassin est connu, il ne faut pas chercher trop loin et la thèse de l’acte isolé est une certitude. Mais qui doute encore de son implication directe avec d’autres généraux?
Les coups dans le dos est une spécialité bien maîtrisée de nos garçons bouchers.
Nezar n’évoque pas les menaces proférées contre le président Boudiaf lorsque ce dernier a émis le souhait de rencontrer le roi du Maroc afin de revoir avec lui les relations entre les deux états et essayer de trouver une solution équitable au problème du Sahara occidentale. Nezar n’ignorait pas la position de Boudiaf sur le sujet ! ( Les menaces proférées à la présidence en présence de Ali Haroune et d’autres officiers).

Notre général historien donne son avis sur des événements récents ; surtout les massacres collectifs qui ont endeuillé l’Algérie. Il donne une explication plus qu’indigne d’un officier de son rang. Notre généralissime justifie la non-intervention de l’armée par l’obscurité qui caractérise les localités en question ! Nezar oublie que les forces spéciales « ou plutôt les visiteurs de la nuit » sont équipés d’un matériel ultra-sophistiqué (merci Pasqua) qui permet de pénétrer dans une zone ennemie sans être repéré, sauf si cette force qui devait protéger les populations civiles était occupée à faire autre chose!
Nezar oublie de nous raconter que son complice Lamari a ordonné deux jours plutôt aux unités de l’armée (de la première région militaire) de ne pas intervenir dans certains secteurs par le biais d’un télex. Il s’agit certainement d’un hasard de calendrier.
Le cynisme de Nezar le pousse à nous dire que le tissu urbain y est pour quelque chose, et que les victimes avaient hébergé leurs futurs bourreaux. On va bientôt juger les architectes pour négligence et intenter des procès collectifs contre les populations massacrées pour complicité de génocide et aux survivants pour non-assistance à personne en danger!

Notre mouvement n’a pas comme vocation de faire dans la critique littéraire, mais devant une telle arrogance de la part d’un individu complexé par son passé de non-résistant, avec un collège de collaborateurs et de traîtres qui ont déclaré la guerre à la nation sous prétexte de sauvegarde de la république, avec un cortège de crimes politiques et de massacres collectifs, nous estimons que c’est un devoir sacré de contredire l’auteur de ce livre plein de mensonges et de contre-vérités.

Nezar n’a pas choisi par hasard le moment de la parution de son livre bidon, mais il croit qu’il est temps d’expliquer aux profanes les dessous d’une guerre après l’arrivée de Bouteflika et l’application du dernier volet de leur plan global, une loi qui règle le problème des vrais et faux terroristes et l’installation d’un régime autoritaire avec un paravent démocratique qui leur assure l’impunité et sauvegarde leurs intérêts.

Ce livre est le dernier acte d’une pièce théâtrale sanglante, écrite et mise en scène par des assoiffés de pouvoir en quête de légitimité. Nous pouvons dire aux généraux criminels qu’ils ont eu leur guerre à défaut d’avoir fait la guerre de libération, mais les officiers libres ne laisseront pas leurs crimes sans jugement.

Gloire à nos martyrs et vive l’Algérie.

  

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