Les couacs de l’Année de l’Algérie
Les couacs de l’Année de l’Algérie
de notre correspondante Baya Gacemi, L’express, 24 janvier 2002
Cette manifestation culturelle, prévue pour 2003 en France, suscite bien des remous à Alger
L’année 2003 sera, en France, l' »Année de l’Algérie ». Objectif: faire mieux connaître au public français la culture de ce pays. Ses animateurs y voient « une occasion unique pour réhabiliter la culture algérienne ». Mais, à Alger, cette opération de relations publiques est de plus en plus contestée. Nombreux sont ceux qui n’hésitent plus à dire à voix haute que l’argent débloqué par le gouvernement – un budget de 185 millions de dinars, soit 2,6 millions d’euros – pourrait être mieux utilisé. Notamment pour reconstruire les logements des milliers de familles sinistrées lors des inondations de Bab el-Oued, qui vivent aujourd’hui dans des conteneurs. « Pourquoi gaspiller tout cet argent dans un pays – la France – qui connaît tout de nous et où vivent déjà la plupart de nos artistes? » s’interrogeait récemment un éditorialiste du journal arabophone El-Khabar. Les critiques portent aussi sur la gestion de ce budget. On parle de « salaires faramineux » et de coûteux séjours parisiens. On reproche au commissaire général qui préside, côté algérien, aux préparatifs d’avoir systématiquement fait appel à des proches.
Préférences et rivalités internes
Ce dernier, Hocine Snoussi, est un colonel à la retraite qui a dirigé pendant plusieurs années le complexe culturel et commercial de l’office Riad el-Feth, à Alger. Il a embauché, à des postes de responsabilité, plusieurs de ses anciens collaborateurs, ainsi que son propre neveu, nommé à la tête du département de la musique.
A cela s’ajoutent des rivalités internes. Mal vu du président Abdelaziz Bouteflika, qui lui reproche son amitié avec l’ex-président Chadli Bendjedid, le colonel Snoussi, pourtant réputé homme à poigne, préfère ne pas faire de vagues. Au risque de se laisser déborder par ceux qui, au contraire, jouissent des bonnes grâces de la présidence. Résultat: plusieurs démissions, des accusations d’incompétence, et un sérieux retard. Celui-ci, cependant, n’incombe pas qu’aux Algériens. La commission mixte algéro-française qui doit donner son feu vert pour tous les projets qui bénéficieront d’un financement commun ne s’est réunie qu’une seule fois, en septembre 2001. La deuxième rencontre a été annulée à la suite de la démission du commissaire français, Dominique Wallon.