Début de crise entre Alger et Bruxelles ?
Moins de deux mois après le paraphe de l’accord d’association
Début de crise entre Alger et Bruxelles ?
Mohamed Mehdi, Quotidien d’Oran, 30 janvier 2002
Moins de deux mois après la signature de laccord dassociation entre lAlgérie et la Communauté européenne, une histoire de visas refusés par lambassade algérienne à Bruxelles risque dassombrir les relations qui paraissaient promises à des lendemains meilleurs.
En tout cas, laffaire embarrasse les responsables de la Communauté et risque de donner des arguments aux parlementaires européens hostiles à la conclusion de laccord dassociation sans de fortes conditionnalités en matière de droits de lhomme et de démocratisation. Or, le visa refusé par lAlgérie à deux responsables européens, dont Chris Patten en personne, porte justement sur une mission en rapport direct avec la question. La demande des visas a été formulée par une mission européenne qui entre dans le cadre de lEuropean Initiative for Democracy and Human Rights (EIDHR). Celle-ci devait arriver le 26 janvier dernier, selon le programme arrêté. Des tractations auraient eut lieu pour amener la partie algérienne à revenir sur son refus mais celui-ci serait devenu définitif le 23 janvier dernier. La partie algérienne a estimé que la mission a été décidée de manière unilatérale et quelle navait pas été consultée préalablement. Argument que rejette la partie européenne qui souligne, selon nos sources, que linitiative entre dans le cadre dun programme large, non spécifique à la seule Algérie. Il concerne une trentaine de pays, dont quatre pays méditerranéens, à savoir lAlgérie, la Tunisie, la Turquie et Israël-Palestine. Il aurait, affirme-t-on de bonne source à Bruxelles, fait lobjet dune concertation avec les partenaires des 30 pays. Ils donnent pour preuve que son contenu a été rendu public par un communiqué daté du 8 mai 2001. Lobjet de la mission était didentifier dans les pays concernés des partenaires indépendants de la société civile, daider le mouvement des droits de lhomme et la démocratisation, et de repérer des acteurs locaux dont les projets rentreraient dans ses priorités, à travers un programme de subventions. Une mission au contenu évidemment politique mais laccord dassociation paraphé il y a quelques semaines comporte de tels volets et ne se limite pas à la question, importante et discutée en Algérie, de la suppression des barrières douanières. On peut sattendre à ce que cette affaire de visa relance les polémiques au sujet de laccord dassociation. Rappelons que des organisations des droits de lhomme, comme la FIDH, ont été très critiques à légard de laccord dassociation et ont estimé quil faut le conditionner à lacceptation de lAlgérie dinviter officiellement des rapporteurs spéciaux de lONU. Elle risque également de donner du grain à moudre aux parlementaires européens, déjà irrités par le fait quils aient été sous-informés par les fonctionnaires de Bruxelles sur la teneur de laccord. Chris Patten, qui devait présider la mission, a été lauteur dune contribution remarquée il y a quelques mois en faveur dune coopération accrue avec lAlgérie. Il doit expliquer demain, dans une conférence de presse à Bruxelles, les raisons de lannulation de la mission européenne.