POINT DE VUE / Ces généraux qui déshonorent l’ANP

POINT DE VUE / Ces généraux qui déshonorent l’ANP

Boutella Mohamed Rabah, La Tribune, 4 juin 2000
Si la situation qui prévaut dans notre pays s’est très sensiblement rétablie depuis quelques mois et si l’on doit rendre un hommage particulier, c’est bien à l’inlassable rôle qu’a joué et joue encore notre armée dans un bourbier dans lequel l’Algérie est enlisée
depuis plus de huit longues années.

La défense du pays, qu’on le veuille ou non, est et demeure une préoccupation indispensable pour l’Etat. Il serait erroné de croire que toute stratégie ne concerne que les hommes politiques et les états-majors. Aucune défense, de quelqu’ordre qu’elle soit, n’est l’affaire de quelques-uns. Elle est, de tout temps, l’affaire de tous. Nous devrions avoir des raisons d’imaginer que nous disposons suffisamment de moyens pour affronter et supporter des conflits, mais aussi d’éviter et, en tout cas, de les limiter aux actions extérieures. La position géographique de notre pays porté vraiment au niveau du monde moderne fait que sa société est devenue vulnérable. Et si, au nord de l’Afrique, l’Algérie est devenue une puissance considérée, alors elle devient plus vulnérable sur le plan économique. Cependant, le monde moderne c’est la volonté à laquelle il faut ajouter la matière grise. Avons-nous la matière grise ? Et, avons-nous, en même temps la volonté requise ? Le contrôle de notre territoire est entre de bonnes mains, certes, mais malgré les efforts méritoires consentis par notre armée durant cette dernière décennie du XXe siècle, voilà qu’une certaine catégorie de nos cadres dits supérieurs, exhibe avec ostentation quelques faiblesses, voire même quelques tares pour le moins impardonnables. Notre armée risque d’être vulnérable si son encadrement «ne fait pas le poids».
Or, nos officiers et notamment parmi nos officiers généraux, il en est qui ont fait ou qui font partie de cette dernière catégorie. Leur «renommée» a dépassé, pour certains d’entre eux, les frontières du pays tant leurs méfaits ont défrayé la chronique. Ils ont été la honte du peuple. Ces généraux qui ont «brillé» par leur médiocrité se font remarquer aujourd’hui par l’insolence de leur suffisance. Habituellement et normalement un officier général se distingue en déposant des trophées aux pieds des représentants de l’Etat. Où sont les trophées de ces généraux qui ont trahi la confiance du peuple ? Où sont les trophées de ce général qui a été le premier inspecteur général de l’ANP mais aussi le détracteur principal de notre armée ? Il est inutile de parler des «trophées» de généraux qui ne se sont fait remarquer que par l’impertinence de leurs propos. La médisance n’ayant jamais été mon fort, il convient de revenir au danger causé par quelques journalistes à vouloir faire un tapage sur tel ou tel général, dans le seul but d’attirer l’attention des lecteurs pour l’achat du journal.
Ces journalistes ne voient pas plus loin que le bout de leur nez dès lors qu’en rabâchant tel ou tel fait du général X ou Y ils ne font qu’enfoncer un clou dans les entrailles d’une armée qui ne mérite que le respect de tous.
Je le répète : de tous. Et comme pour glorifier la bravoure et le sacrifice de bon nombre de nos militaires sur le terrain, certains de nos «valeureux», journalistes ne trouvent pas mieux de se prévaloir qu’en exhibant les «prouesses» de nos officiers-généraux en retraite «brillants». Qu’il s’agisse de négociant en bière coulant à flots dans quelques tripots de nos cités ou d’imagination d’une certaine presse écrite locale, cette propension à vouloir diriger les projecteurs sur nos généraux obéit à une mièvre tendance à s’attaquer à une citadelle imprenable aussi puissante qu’intouchable. S’il est un devoir pressant pour nos journalistes, c’est d’ignorer à l’avenir tous ces officiers étoilés qui ont fait la une de nos journaux quotidiens. De grâce et par respect à tous les cadres actuels de notre armée, MM les journalistes, faites que par votre silence, notre armée demeure invulnérable ! Le pays a besoin, un grand besoin, d’une défense sûre et crédible. Evitez d’aller vers les solutions de facilité en gribouillant n’importe quoi sur nos cadres militaires. C’est un devoir impérieux !
Allez rendre visite aux blessés de tous genres dans les hôpitaux militaires ou autres et vous en sortirez convaincus. Le nombre de jeunes éborgnés ou aveugles balistiques est effroyable. Il vous appartient, MM. les journalistes, de respecter une règle d’or si vous tenez à rendre un hommage particulier à une gigantesque institution : l’armée. Evitez d’accorder de l’importance aux cadres véreux.

 

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