Vrai agresseur et faux ennemi

Vrai agresseur et faux ennemi

par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 7 septembre 2009

Washington «regrette». C’est tout ce que l’administration de Barack Obama a pu dire après l’annonce par Israël d’un coup d’accélérateur à la colonisation des territoires occupés. Les Occidentaux, qui ont la condamnation facile à l’égard d’un programme nucléaire militaire iranien présumé, sont, sans surprise, beaucoup plus atones face à un programme israélien avéré de colonisation doublé d’une entreprise de purification ethnique.

Ce «regret» honteux de Barack Obama face à l’arrogance d’un Netanyahu signifie clairement que les intentions du président américain ne dépasseront jamais le stade de la velléité. Certains peuvent chercher, de manière insatisfaisante, une «circonstance atténuante» à Barack Obama dans le fait que le système américain et son establishment sont, à de rares individus près, sous orbite du puissant lobby israélien aux Etats-Unis. Mais au fond, l’annonce d’un nouveau coup d’accélérateur de la colonisation – et donc de l’épuration des Palestiniens – et la réaction plus que molle de Washington interpellent directement les responsables arabes.

S’ils ne veulent ou ne peuvent rien faire pour peser dans la décision américaine, pourquoi attendre de Barack Obama la solution miracle ? Il n’en a pas. Pas plus que les autres Etats occidentaux. Leur attitude, quand il ne s’agit pas d’un soutien aveugle et borné, est qu’il ne faut exercer aucune pression sur Israël pour l’obliger à respecter la loi internationale et les résolutions de l’ONU. Cela fait des décennies qu’on en fait le constat. Toute la politique des Occidentaux consiste à refuser le droit légitime des Palestiniens à la résistance et à appeler les Arabes à «patienter» et à faire des concessions à Israël. Tant pis si depuis des décennies, c’est l’Etat hébreu qui agresse, spolie, massacre et colonise. Le bon sens et l’élémentaire vérité n’ont pas cours quand il s’agit d’Israël, le fond de culpabilité d’un Occident génocidaire est toujours là pour aveugler.

Le problème est que beaucoup de responsables dans le monde arabe, par calcul ou par pure veulerie, sont sensibles à cette perversion de la vérité. Il faut reconnaître à M. Benyamin Netanyahu la qualité de la brutale franchise, celle qui ne permet pas aux tartufferies de fonctionner. Mais le fond du problème n’est pas chez les Occidentaux. Face à des Etats arabes qui ont choisi d’être faibles et soumis, ils ne vont pas se forcer à regarder Israël tel qu’il est.

Face à ce qu’il nomme «l’intransigeance» d’Israël, Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, a déclaré qu’il est «impossible de parler d’une normalisation au moment où Israël refuse toute mesure significative». «Je ne pense pas qu’il y ait un gouvernement arabe qui puisse offrir un cadeau gratuit sur un plateau d’argent à Israël et ce dossier (la normalisation) doit être clos». Dans l’univers mollasson des dirigeants arabes, cela fait figure de déclaration «dure».

En réalité, il manque à Moussa et aux dirigeants arabes le courage politique de reconnaître que la résistance à l’occupation est non seulement légitime mais qu’elle doit être soutenue. En tout cas, il serait insupportable que les Arabes «modérés» – pardon d’insister sur les guillemets – puissent continuer de polluer les esprits avec la menace «perso-chiite» après cette annonce claire et franche de Netanyahu. Il est temps pour eux de cesser de confier à leurs médias l’infâme besogne de nous inventer un faux ennemi.