Club des pins

Club des pins

Soleïman Adel Guémar

-1-
 
je voulais entrer à Club des pins
nager et me rappeler le bon vieux temps
-… avoir vingt ans en Algérie
c’est pareil qu’en Chine ou en Italie
les rêves
la liberté
l’amour sont les plus forts-
mais les gendarmes m’ont barré la route
 
je n’avais pas de carte d’accès
pas de visa pour pénétrer
dans ce pays pas comme les autres
faisant partie de mon pays
 
je ne connaissais ni général
ni ministre ni wali
ni chef de parti
d’opposition préfabriquée
je ne connaissais même pas le maire du coin
 
-tant pis pour moi
j’ai insisté!-
à coups d’insultes et de crachats
un sergent-chef m’a fait comprendre
que je n’étais pas le bienvenu
à coups de crosses
je suis tombé
-des heures durant
je n’ai pas bougé
sommé de ne pas me relever-
 
scintillant sous le soleil
des voitures de luxe passaient
et les musiques s’entremêlaient
la barrière était grande ouverte
j’ai reconnu un mafioso
-salué par les gendarmes-
puis un deuxième et un troisième
-j’ai fini par ne plus compter-
 
le gout du sang
n’a plus jamais quitté ma bouche
j’avais très soif – j’ai soif encore –
le ciel était bleu azur
mais pointaient derrière les collines
et les montagnes calcinées
de gros nuages menaçants
 
-2-
 
feux d’artifice
vermine qui fuit
se cache et pleure
je les vois Presque