Le massacre algérien reproduit en Egypte
par Dr. Moussa Bourefis, président, Mich’al association des enfants de disparus forcés en Algérie, août 2013
http://www.sitesofconscience.org/fr/2013/08/le-massacre-algerien-reproduit-en-egypte/
Dr. Bourefis tente sur un bandeau faite par d’anciens détenus libanais dans les prisons syriennes au Sites de conscience en Moyen-Orient et Afrique du Nord atelier régional en 2012. La disparition forcée est encore endémique dans la région.
A l’instar de la révolution égyptienne du 25 Janvier 2011, la révolution populaire algérienne du 05 Octobre 1988 a permis l’organisation des premières élections libres et c’est le Front Islamique du Salut (FIS) qui a obtenu le plus grand nombre de voix.
Le processus démocratique a malheureusement été interrompu, le 11 Janvier 1992 par le commandement militaire qui a contraint le président Chadli Bendjdid à déposer sa démission et suspendu toutes les institutions constitutionnelles.
Vingt-cinq ans après,Les victimes de la décennie noire en Algérie commémorent avec stupéfaction la journée internationale contre les disparitions forcées de cette année. Le même coup d’état militaire vécu en Algérie les années 1990 est reproduit contre le peuple égyptien, son tort : avoir aspiré à la liberté et à la démocratie.
L’état d’urgence est décrété le 9 février 1992, le FIS est interdit le 4 mars 1992 et ses militants et sympathisants sont pourchassés. Le bilan est très lourd: 200 000 morts, des dizaines de milliers de victimes de tortures, des milliers d’internés dans des camps, et environ 20000 disparus. Les disparus forcés constituaient une sorte de stock pour les exécutions extra-judiciaires que vivaient les Algériens de certains quartiers et villages.
En 1999 les premières associations de familles de disparus forcés sont nées guidées par une volonté de faire entendre leur voix mais surtout de s’organiser.
Née en 2009 notre association Mich’al qui veut dire flambeau est la première et l’unique association des enfants de disparus forcés en Algérie jusqu’à présent. Elle est née après de longues années de lutte de la première génération (mères, épouses, pères) et baptisée ainsi pour signifier la continuité du combat pour la vérité et la justice. Elle vise à appuyer la mobilisation des ainés et si nécessaire prendre le relais de leur revendication à long terme.
En septembre 2005 un référendum sur « la charte pour la paix et la réconciliation nationale » est approuvé dans des conditions non démocratiques.
La charte est en violation flagrante du droit international notamment le pacte international relatif aux droits civils et politiques qui garantit le droit des familles de disparus forcés à la vérité et à la justice , sachant que l’Algérie a signé et ratifié le PIDCP en 1989 et que la constitution algérienne prévoit dans son article 132 la primauté des conventions internationales sur la législation nationale.
En visite en Algérie du 17 au 19 septembre 2012, Navi Pillay, haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, a affirmé, lors de son entretien avec le ministre des Affaires étrangères algérien qu’un groupe de travail sur les disparitions forcées (GTDFI) viendrait en Algérie prochainement. Il s’agit de la première fois que le gouvernement algérien accepte la visite du GTDFI après plus de dix ans de demandes qui étaient restées vaines. C’est une étape qui permettrait la réouverture du dossier considéré par le gouvernement depuis 2006 comme étant clos.
Une réunion avec les experts du GTDFI de l’ONU en Mars 2013 nous a permis de découvrir que le gouvernement algérien voulait que la visite du GTDFI soit conditionnée à l’interdiction de rencontre avec les familles. Le refus catégorique des experts onusiens des conditions imposées par le régime algérien est à féliciter. Il reste à voir si cette visite dans le futur ou pas, parce que le régime algérien semble être déterminé à ne pas laisser les experts onusiens faire leur travail en toute liberté.