Déclaration de ligue Algérienne des droits de l’homme – LADH- à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse

Ligue Algérienne des Droits de l’Homme – LADH
Agrément no 12 du 11-04-1987 — JO no 38 du 6-9- 1989
ladhdz @ yahoo.fr

Déclaration de ligue Algérienne des droits de l’homme – LADH- à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse
03-05-2012

 

La presse écrite, audiovisuelle et les médias sociaux occupent une place de plus en plus grande dans la vie des individus et des sociétés, elle interfère dans toutes les activités humaines, sociales, économiques, culturelles et politiques.

Vecteur de l’information et de l’expression des opinions, La liberté de la presse revêt une importance primordiale dans la protection contre l’arbitraire et les abus de toutes sortes , corollaire des libertés d’opinion ,d’association et du droit de participation à la gestion des affaires publiques , Elle conditionne avec le pouvoir judiciaire , la jouissance de l’ensemble des droits individuels et collectifs consacrée par la constitution et les textes internationaux.

Les médias nouvellement introduite ; offre de nouveaux moyens de communiquer et de partager l’information et les connaissances ; ces citoyens reporters se font entendre en particulier chez les jeunes. Dans cette vague de révolutions, l’utilisation des médias sociaux, des tics et de la télévision par satellite ont joué un rôle révolutionnaire dans le processus démocratique et politique

Le statut de la presse et des journalistes dans un pays, reflète la nature des rapports entre les gouvernants et gouvernés, C’est le critère le plus sur du progrès de la démocratie et le respect des droits de l’homme.

La ligue Algérienne des droits de l’homme –LADH- qui place les problèmes de la liberté d’expression au devant de ses préoccupations .

Réaffirme de nouveau l’importance primordiale de cette liberté en tant que droit fondamental de l’homme et garantie essentielle de la pleine jouissance des droits civils, politiques, économiques, et sociaux culturels.

Elle saisit cette occasion pour passer en revue brièvement la situation de la liberté de la presse en Algérie, ainsi que les obstacles qui continuent d’empêcher son respect

Malheureusement la situation de la presse en Algérie est à plus d’un titre complexe et paradoxe, grâce à l’usage croissant de l’antenne parabolique, la majorité de la population bénéficie de plus en plus d’un accès direct à une information immédiate libre et plurielle sur les principaux évènements dans le monde. En parallèle et en raison du monopole de l’Etat sur la radio et la télévision et du contrôle qu’il exerce sur les programmes des medias audio-visuels, ceux-ci donnent une information à sens unique, pro-gouvernemental, et ignorant le pluralisme culturel et politique. Ils demeurent inaccessibles à toute forme d’expression d’une opinion divergente.
L’audio-visuel, est toujours véritable dispositif exclusivement réservé aux messages des pouvoirs publics, Et Malgré la promulgation de la loi organique relative à l’information en janvier 2012 la loi sur l’audiovisuel, est toujours, en cours d’élaboration.

La presse indépendante en Algérie a joué un rôle important dans la lutte pour la démocratisation de notre société et pendant la lutte contre le terrorisme, bien que soumise à un système législatif et juridique particulièrement sévère.

Le champ médiatique continue jusqu’à nos jours de constituer un espace privilégie de compétition et la confrontation politique, il présente de plus en plus une dynamique qui lui est propre et qui lui permis de contribuer au progrès des libertés démocratiques, la promotion des droits de l’homme et de combattre la corruption

En outre, alors que le kiosque en Algérie est particulièrement fourni et diversifie tant en ce qui concerne la presse nationale qu’internationale, cette presse demeure à la merci d’une mesure de saisie, de suspension ou d’interdiction.

Alors que justice est constitutionnellement indépendante, le statut actuel de la magistrature, les interventions directes ou indirectes du pouvoir exécutif dans le fonctionnement de la justice n’offrent pas les conditions d’un procès équitables dans les poursuites pour délits de presse .Le principe de la liberté de la presse et de l’information est parfois battu en brèche en raison des intimidations exercées sur les journalistes au non du « tout sécuritaire ». Sur le plan du statut juridique de la presse, force est de constater que les modifications apportées au code pénal de 2001 sur la presse est toujours en vigueur. Rappelons que ces modifications ont augmenté les peines encourues par les journalistes et les publications. Ainsi que la pénalisation du délit de presse est devenue l’une des plus importantes entraves de l’exercice du métier de journaliste,

L’accès à l’information pour les journalistes n’est pas assuré. Dans la plupart des secteurs où la corruption règne, il est quasiment impossible pour un journaliste d’accéder aux bases de données d’un ministère quelconque ou d’une entreprise nationale. Aucun document n’est versé aux Archives nationales et consultable après un délai réglementaire établi.

Les différents paradoxes mettent en exergue la précarité de la situation des journalistes et le caractère répressif du statut juridique de la presse en Algérie, Or l’application des principes constitutionnels et le respect des obligations internationales, exige une refonte du régime de l’information de la presse, en même temps aux reformes générales permettant la construction d’un Etat moderne ayant pour mission de générer un mode de gouvernance assurera un développement humain durable et la consolidation de l’Etat de droit et la protection effective des droits de l’homme.

L’intérêt accordé au statut et la condition matérielle et professionnelle des journalistes est demeuré très faible pour la bonne raison, l’absence d’un syndicat fort et représentatif. La majorité de ceux et celles qui travaillent dans la presse connaissent des conditions matérielles difficiles, la plus part des journalistes exercent sans qu’aucune convention ou contrat n’aient été signés entre eux et leurs employeurs.

Recommandations

– Pour consolider la profession des journalistes et préserver leur dignité, les professionnels de la presse sont invités à créer un syndicat fort et représentatif, à réactiver et mettre à jour la charte déontologique. Afin de créer un climat sain pour l’exercice de la profession.

– Un dialogue transparent, lucide et constructif sur la liberté de la presse et de son exerce entre les professionnels de la presse et les pouvoirs publics est plus que nécessaire.

– L’encouragement de la presse d’investigation qui dévoile la violation de la loi et la corruption.

– La dépénalisation des délits de presse.

– L’application effective de l’article 84 de la loi organique relative à l’information, et permettre aux journalistes de bénéficier réellement du droit d’accès aux sources d’information.

– L’installation de l’autorité de régulation de la presse écrite.

– La promulgation de la loi relative à la l’activité audiovisuelle. L’ouverture de l’activité audiovisuelle, Et l’installation de l’autorité de régulation de l’audiovisuel.

– L’installation de la commission chargée de la délivrance de la carte nationale de journaliste professionnel.

– Que les médias relevant du secteur public s’ouvrent devant les opinions divergentes.

– Que les médias doivent apprendre à s’adapter à une nouvelle culture d’autorégulation et de renforcement des normes professionnelles.

– L’intégration des médias sociaux en termes de valeurs ajoutés commune et de durabilité du journalisme de qualité.

Le 02-05-2012
Pour la LADH
Boudjema GHECHIR
Président