Presse : L’Etat éponge les dettes des imprimeries publiques

Presse : L’Etat éponge les dettes des imprimeries publiques

par Ali Babes, Le Quotidien d’Oran, 19 juillet 2008

Les titres, les éditeurs et les imprimeries publics restent plus que jamais dans le giron de l’Etat. C’est ce que vient de confirmer en fin de semaine le ministre de la Communication, M. Abderrachid Boukerzaza, qui a, en marge de la signature de l’acte de naissance d’un nouveau groupe d’impression du secteur public, réaffirmé que l’Etat veillera également «à la bonne santé financière» des entreprises publiques de presse. Ainsi, cinq entreprises d’impression ont signé à Alger l’acte de naissance du «groupe d’impression», le premier d’un ensemble de groupes que le ministère de la Communication entend créer dans le cadre d’un vaste mouvement de redressement des entreprises du secteur. Ces entreprises d’impression publiques (Centre, Est et Ouest, plus l’Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG) et l’Entreprise nationale de la presse (ENAP) seront rejointes par la Simpral (ex-El Moudjahid) lorsque celle-ci, qui imprime des dizaines de titres, aura assaini sa situation financière. Selon M. Boukerzaza, ces entreprises «doivent être des entreprises publiques à part entière en mesure de faire valoir les règles commerciales», et doivent «faire preuve de transparence dans la gestion et de professionnalisme afin de pouvoir faire face à la concurrence rude prévalant sur le marché». En clair, les entreprises publiques d’impression doivent faire des bénéfices, améliorer leur gestion et cesser de faire du social. Elles doivent surtout, sur le plan financier, augmenter le chiffre d’affaires, la valeur ajoutée et le produit brut de l’entreprise de 5 % et à réduire les créances et dettes de l’entreprise de 10 % à fin 2008. Le ministre a, par ailleurs, annoncé que la signature des contrats de performance par le groupe de presse publique est prévue dans les semaines à venir après le changement du statut juridique des organes de presse pour passer d’entreprises unipersonnelles à responsabilité limitée (EURL) à des sociétés par actions (SPA). L’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) sera quant à elle saucissonnée en trois entités: une entreprise d’édition, une entreprise d’impression et une autre chargée de la régie publicitaire, mais représentant ainsi un même groupe. Mais, le plan de sauvegarde des sociétés publiques d’impression et de diffusion ne peut être complet sans l’effacement des dettes (1,5 milliard de dinars) de ces entreprises d’impression, ainsi que celles de certains éditeurs privés de l’ordre de 2,5 milliards de DA. L’assainissement des dettes des entreprises publiques d’impression et de titres privés que le ministre n’a pas divulgués confirme la mauvaise santé financière qui caractérise les entreprises publiques du secteur de la communication, autant que celles de certains titres privés. L’affirmation du ministre à ce propos lève encore un peu plus le voile sur le soutien multiforme de l’Etat au secteur médiatique, autant public que privé. Ce soutien se décrypte sous différentes formes, notamment en termes d’offre publicitaire. Selon M. Boukerzaza, qui a promis une amélioration dans la distribution de la presse écrite, l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) accorde 75 % de la matière publicitaire aux titres privés, et a annoncé la prochaine révision du statut juridique des journaux publics qui seront érigés en entreprises économiques. Là également, l’Etat interviendra pour leur garantir toutes les conditions en vue d’assurer un service public de qualité. Dans ce contexte, il a «regretté» le bilan commercial négatif des titres publics «en dépit, a-t-il observé, de l’objectivité des facteurs à l’origine de ces résultats». Revenant sur le problème des créances des établissements publics d’information et qui constitue un obstacle à leur bonne gestion, notamment les imprimeries et l’ANEP, le ministre a souligné que le chef du gouvernement a donné une instruction visant à permettre à ces entreprises de recouvrer leurs créances, estimées à des milliards de DA, et ce avant la fin de l’année en cours. Le bras de fer entre les éditeurs privés et les entreprises d’impression pointe à l’horizon, d’autant qu’il s’agit là, et ce n’est pas une nouveauté, d’une instruction du tout (re) nouveau chef du gouvernement. Bref, les nouvelles dispositions (financières surtout) dont vont bénéficier les titres et les éditeurs publics de la presse écrite préludent de nouvelles batailles épiques sur le front des recouvrements des créances et des guerres de tranchées qui vont caractériser les nouvelles réformes du secteur, telles qu’énoncées par le ministre de la Communication.

L’aide financière étatique annoncée intervient également à quelques encablures des prochaines présidentielles.