El Khabar en Bourse d’Alger : La sortie de crise de Rebrab
El Watan, 28 mai 2016
Nouveau rebondissement dans l’affaire de l’achat des actions d’El Khabar. Le PDG de Cevital, Issad Rebrab, a annoncé, hier, qu’il envisageait de placer «la majorité du capital du groupe El Khabar à la Bourse d’Alger».
Un court texte posté, en début d’après-midi, sur les comptes tweeter et facebook de Rebrab, résume ainsi ses intentions : «J’ai décidé d’introduire la majorité du capital du groupe El Khabar à la Bourse d’Alger. Tous les Algériens qui défendent la liberté d’expression pourront devenir actionnaires.
Nous allons nommer un comité de surveillance indépendant, pour veiller à l’éthique et à la déontologie.» Intervenant, en fin d’après-midi d’hier, sur le plateau de la chaîne d’information en continu, France 24, l’homme d’affaires a réaffirmé ses objectifs qui vont au-delà de la mise en Bourse du seul groupe arabophone : «Je vends la majeure partie des actions d’El Khabar au public et si l’opération boursière pour ce groupe se passe bien, nous sommes même prêts à mettre à la Bourse d’Alger celles de la SAEAC, c’est-à-dire du journal Liberté», annonce le PDG de Cevital.
Rebrab, dont la décision de reprendre des actions du groupe El Khabar a été fortement contestée par le ministre de la Communication, Hamid Grine, qui a lancé une action en référé pour geler la transaction, enlève par sa nouvelle décision toute force à l’argument de ses détracteurs qui lui prêtent des visées monopolistiques ou même politiques.
«Aujourd’hui, pour régler définitivement ce problème, pour prouver que je n’ai aucune ambition politique, mon but c’est le développement économique de l’Algérie, le groupe Cevital que je préside mettra El Khabar, y compris sa chaîne, à la Bourse d’Alger. Que tous les Algériens prennent des actions au niveau du groupe El Khabar», a-t-il déclaré.
Assurant avoir été au courant de la nouvelle décision d’Issad Rebrab, le directeur général du journal El Khabar, Rezki Cherif, indique dans une déclaration à El Watan que le collectif de son journal y a pensé au tout début de leur aventure.
«Depuis 1990, avant même notre premier numéro, on a pensé à mettre en place une société de lecteurs. L’économie était à l’époque fermée, la Bourse n’existait même pas. La décision est une très bonne chose. Cela prouve qu’on est des pionniers.
J’espère que l’action se réalisera», signale M. Rezki, qui préfère, ne pas «supputer» sur de probables blocages qui empêcheraient l’introduction en Bourse du groupe. Le responsable du syndicat, Rafik Wahid, annonce une rencontre demain avec le directeur général pour s’informer des «détails» sur la nouvelle décision du repreneur.
Pas de soutien et tracasseries
S’agissant de la cabale menée contre lui depuis plusieurs mois, le PDG de Cevital pointe du doigt des décideurs. «C’est un certain nombre de décideurs, c’est sûr. Je ne crois pas que le président de la République s’intéresse à ce genre (d’affaire).
Peut-être certaines personnes autour de lui ou de son frère», fait-il remarquer, en rappelant que des projets lancés depuis une dizaine d’années ou plus sont bloqués alors qu’il a eu une autorisation du gouvernement de l’époque. Répondant à une question sur les soutiens dont il bénéficierait, comme l’a suggéré le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, qui l’accuse d’être en accointance avec l’ancien chef du DRS, Rebrab affirme, au journaliste de France 24, que ces mêmes services l’ont bloqué.
«Tout cela est archifaux, mais je vous dirais que les services de sécurité, très forts depuis les années 1970, ont eux-mêmes bloqué certains de mes projets.» Faisant allusion au ministre de l’Industrie, M. Bouchouareb, le PDG de Cevital affirme que sa réussite industrielle dérange. «Nous, nous réussissons dans le secteur industriel là où eux ont échoué», assène-t-il.
«Ma seule et unique ambition est le développement économique de l’Algérie. Je m’astreins à continuer à apporter ma contribution au développement économique de l’Algérie qui a besoin plus que jamais de diversifier son industrie. Les cours de pétrole se sont effondrés. Notre jeunesse se présente de plus en plus sur le marché de l’emploi», poursuit-il.
Nadir Iddir