Les éditeurs dénoncent

Presse

Les éditeurs dénoncent

El Watan, 22 janvier 2004

Des éditeurs de journaux ont tenu hier, lors d’une conférence de presse au siège du journal Le Soir d’Algérie à Alger, à dénoncer les intimidations et l’acharnement des pouvoirs publics contre des titres privés.

Présents à cette rencontre MM. Ali Ouafek, Omar Belhouchet et Mohamed Benchicou, respectivement directeurs de publication de Liberté, El Watan et Le Matin. Malade, Ali Djerri, directeur du quotidien arabophone El Khabar, a chargé M. Mahmoud Belhimer pour le représenter à cette conférence. M. Fouad Boughanem, directeur du Soir d’Algérie, qui se trouvait au tribunal pour un procès, était représenté par Malika Boussouf, rédactrice en chef. Les présents ont été unanimes à soutenir que le pouvoir veut museler la presse et l’empêcher de faire son travail, et ce, à l’approche de l’élection présidentielle. «Nous constatons que le procédé d’intimidation qui s’accélère à la veille de la consultation électorale a pour but de stopper tous les journaux qui n’ont pas prêté allégeance au système en place», a indiqué Mme Boussouf. Abondant dans le même ordre d’idées, M. Benchicou a soutenu que «cela fait six mois que le pouvoir s’acharne contre nous. Le harcèlement a atteint un pic grave. Nous tenons à informer l’opinion publique sur ces dérives. Le pouvoir ne veut pas uniquement réprimer certains quotidiens, mais pire encore, il veut les éliminer», dira-t-il. Selon les éditeurs, le pouvoir s’en prend à cinq ou six titres qui dérangent. M. Belhouchet relèvera qu’«il y a une volonté d’organiser une élection fermée. Les agressions contre la presse en sont une preuve. Toutefois, nous prenons à témoin l’opinion nationale et internationale et nous allons saisir toutes les organisations concernées pour les informer du comportement du pouvoir à l’égard des journalistes», dira-t-il. Il a précisé que les journalistes ont toujours répondu favorablement aux convocations de la justice et de s’interroger sur le pourquoi du recours à des méthodes policières. Sur ce dernier point, M. Benchicou a rétorqué : «On nous envoie des policiers pour nous escorter au poste de police afin de nous interroger durant plusieurs heures. On nous considère comme des délinquants. C’est inadmissible.» «Pourtant, le code pénal est très clair sur ce point. On ne fait appel à la force publique uniquement lorsque le prévenu ne se présente pas au tribunal suite à une convocation. Le comble aujourd’hui est que les journalistes sont convoqués même les jeudis, un jour de repos», a relevé M. Belhouchet. Pour le directeur d’El Watan : «Le fait de harceler quotidiennement la presse et d’augmenter la pression contre les journalistes n’a qu’une simple explication : le pouvoir veut normaliser et domestiquer cette presse qui le dérange.» Le représentant d’El Khabar a soutenu, pour sa part, que les pouvoirs publics veulent réduire les journaux à des comités de soutien. Les responsables des cinq journaux ont souligné que les agissements du pouvoir n’intimideront nullement les journalistes, déterminés à accomplir leur mission et à informer les lecteurs de tout ce qui se passe en Algérie. Les éditeurs ont promis d’autres actions dans les prochains jours.

Par N. A.