Affaire Ech-Chourouk-Kadhafi
Affaire Ech-Chourouk-Kadhafi
Les éditeurs de la presse indépendante condamnent
El Watan, 4 novembre 2006
La condamnation du directeur du journal arabophone Ech-Chourouk, Ali Fodhil, et de la journaliste, Naïla Berrahal, à six mois de prison ferme dans le procès intenté par le guide libyen, Mouammar Kadhafi, continue de susciter de vives réactions dans les milieux de la presse.
Après la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et du Syndicat national des journalistes (SNJ), c’est au tour des éditeurs de la presse privée nationale de se lancer dans un véritable élan de solidarité avec ces deux journalistes et leur journal condamné à deux mois de suspension, et ce, afin de défendre ce qui reste encore des acquis de la presse libre. Dans une déclaration, rendue publique à la fin d’une réunion tenue hier à la Maison de la presse Tahar Djaout à Alger, les éditeurs ont qualifié une telle sentence, prononcée mardi dernier par le tribunal de Hussein Dey, d’« une grave atteinte » à la liberté de la presse en Algérie. Ils ont ainsi condamné avec fermeté « les décisions » qui ne vont guère avec la « volonté d’établir des relations sereines entre la presse et la justice ». Estimant que le journal Ech-chourouk a agi professionnellement en dénonçant certains agissements du colonel Kadhafi, qui constituaient, selon les termes de la déclaration, une menace pour la sécurité des frontières algériennes. Face à une telle condamnation, inédite dans l’histoire de la presse algérienne, les éditeurs ont bien demandé à la justice « de suspendre les décisions arbitraires et non conformes au respect de la liberté de la presse dans notre pays ». Aussi, et dans le même sillage, ils ont, encore une fois, réclamé la « dépénalisation » du délit de presse en supprimant les dispositions du code pénal relatives à la diffamation. Le journal Ech-Chourouk, faut-il le rappeler, a été poursuivi en justice pour diffamation suite à la publication, en août 2006, de deux articles dans lesquels il révéla certaines « manœuvres » du colonel Kadhafi au Sud algérien. Manœuvres qui, comme l’a précisé le journal, touchaient à la sécurité interne de l’Algérie. Les avocats de ce quotidien national introduiront leur appel aujourd’hui dans l’espoir que la cour d’appel tienne compte de certains aspects de ce procès. Surtout que l’affaire a été expédiée en première instance où le juge a catégoriquement refusé le report demandé par les avocats de la défense.
Déclaration des éditeurs
Les condamnations du directeur de la publication d’Echourouk Ali Fodhil et de la journaliste Berrahal Khalida à six mois de prison ferme et la décision de suspendre Echourouk pendant deux mois sont une grave atteinte à la liberté de la presse dans notre pays. Les décisions ont jeté le trouble dans les milieux de la presse algérienne. Elles sont injustifiées. Les éditeurs de la presse indépendante réunis le 3 novembre 2006 à la maison de la presse condamnent avec la plus ferme énergie ces décisions qui ne correspondent pas à la volonté d’établir des relations plus sereines entre la presse et la justice. Le travail de nos collègues d’Echourouk répond aux normes journalistiques et professionnelles. Ses enquêtes prennent également en charge les besoins de défense des frontières de notre pays malmenées par les propos irresponsables du colonel El Guedafi. Les éditeurs de la presse indépendante demandent à la justice algérienne de suspendre les décisions arbitraires et non conformes au respect de la liberté de la presse dans notre pays, tout comme ils réitèrent leur demande d’annuler les dispositions du code pénal portant sur la diffamation.
El Watan, El Khabar, Liberté, El Djazaïr News, El Fedjr, Echourouk, Al Ahdath.
M. A. O.