Autorité de régulation de la presse écrite: Le chef d’État fait l’impasse

Autorité de régulation de la presse écrite

Le chef d’État fait l’impasse

Liberté, 3 mai 2018

Contrairement à son dernier message adressé aux médias où il exhortait le gouvernement à accélérer la mise en place de l’autorité de régulation de la presse écrite, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a fait l’impasse, cette fois-ci, sur la question. Pas un seul mot n’a été consacré dans son message répercuté, hier, par l’Agence de presse officielle (APS), à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, coïncidant avec le 3 mai. Pourtant, le 21 octobre 2017, Journée nationale de la presse, le Président semblait lui porter un intérêt particulier : “Partant de l’intérêt accordé à la préservation et à la consolidation des acquis de l’Algérie dans le secteur de l’information, je réitère mon appel au gouvernement pour accélérer la mise en place de l’autorité de régulation de la presse écrite et son activation aux côtés de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel.” Plus de six mois sont passés depuis le dernier message d’Abdelaziz Bouteflika, et son appel n’a toujours pas trouvé écho chez le gouvernement. Aucun pas n’a été fait dans ce sens, malgré les assurances données par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui, déjà en septembre 2017, lors de la présentation du Plan d’action du gouvernement devant le Parlement, avait annoncé “l’installation avant la fin de l’année (2017, ndlr) de l’autorité de régulation de la presse écrite”, assurant au passage que “le gouvernement œuvrera pour l’amélioration de la situation des médias en Algérie et de l’accès à l’information”. Il n’était pas le seul d’ailleurs à évoquer une échéance. Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, avait également indiqué, en octobre de l’année écoulée, que son département “œuvrait avec la corporation des journalistes pour la mise en place de l’ARPE avant la fin de l’année en cours (2017, ndlr)”. Le 20 janvier 2018, Ahmed Ouyahia, qui animait une conférence de presse en sa qualité de secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), avait été relancé sur la question par les journalistes. L’année 2017 venait de s’écouler, et le Premier ministre, sous sa casquette partisane, avait déclaré que “l’installation de l’ARPE ne saurait tarder”. Trois jours plus tard, soit le 23 janvier, le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, fait une autre déclaration dans le même sens : “Ça se fera dans les plus brefs délais.” Le 28 mars, le ministre, qui avait abordé l’avenir de la presse écrite, lors d’une rencontre à Oran, a souligné que “la corporation doit, du fait de ces mutations, prendre conscience des risques qui pèsent sur ses acquis éthiques et professionnels, sans lesquels, dans la cacophonie de la sphère numérique et des réseaux sociaux, elle n’arriverait guère à marquer sa différence fondatrice et fondamentale, qui en fait un médiateur crédible, et donc incontournable de l’information, l’information juste, sourcée et fondée”. Il avait également affirmé que “malgré ces défis et ces contraintes, j’ai la conviction que le journalisme a devant lui un avenir radieux et demeure au centre de toutes ces mutations, et il ne tient qu’aux journalistes de préserver ce métier et lui donner ses lettres de noblesse”. Mais en attendant, l’autorité de régulation de la presse écrite n’est toujours pas installée.

Mehdi Mehenni