Les archs empêchés d’entrer à Batna

CARAVANE DE SOLIDARITÉ AVEC LE MOUVEMENT DES AURÈS

Les archs empêchés d’entrer à Batna

L’Expression, 31 mai 2004

Le mouvement des archs, forcé de rebrousser chemin, doit préparer une riposte dans les tout prochains jours.

Conformément à la décision entérinée, lors du dernier conclave interwilayas de Sidi Aïch, les délégués du mouvement citoyen de Kabylie ont pris, hier, le départ vers la région des Aurès, où ils devaient en principe se rapprocher des familles de la victime et des détenus de la région. Hier, l’heure était à la mobilisation.
Des délégués qui ne se sont pas encore remis de la fatigue de leur dernière très longue rencontre, étaient au rendez-vous fixé pour le départ de la caravane de solidarité.
Les services de sécurité, présents en force sur les routes menant à Batna, ont intercepté la caravane, à environ une cinquantaine de kilomètres de Tkout pour l’obliger à rebrousser chemin. Venus de Tizi Ouzou, de Bouira et de Béjaïa, plusieurs dizaines de délégués et citoyens s’étaient retrouvés, hier matin, au carrefour de M’chedallah ex-Maillot d’où ils partiront ensemble en direction de Tkout, première halte de la caravane, dont les participants rencontreront les parents de la victime tuée par un garde communal de Tkout. Les parents des détenus ne seront pas en reste, puisqu’une rencontre avec ces derniers est également prévue.
Aujourd’hui, les membres de la caravane de solidarité du mouvement citoyen de Kabylie étaient censés prendre part au sit-in de protestation prévu devant le tribunal d’Arris où seront traduits les manifestants et délégués interpellés lors des événements qui ont secoué récemment, la ville de Tkout au lendemain de la bavure du garde communal. La concrétisation de toutes ces actions de soutien et de solidarité reste, bien évidemment conditionnée par le ralliement de la région des Aurès. Une chose qui n’est pas du tout sûre lorsqu’on sait que la première tentative avait échoué devant les barrages dressés par la gendarmerie au portes de la ville de Batna.
En effet, nombreux étaient les délégués de Béjaïa et de Tizi Ouzou qui se sont vu refuser l’accès à la ville la semaine passée. Ils ont dû rebrousser chemin vers leurs régions respectives. Cette nouvelle tentative est elle aussi demeurée infructeuse. Il y a lieu de rappeler que les événements des Aurès ont eu la part du lion lors du conclave de Sidi Aïch, à l’issue duquel l’interwilayas avait constaté que «depuis la supercherie électorale du 8 avril 2004, le pouvoir mafieux et assassin, fidèle à sa logique répressive et totalitaire, n’a pas cessé de déployer son arsenal de guerre et ses forces de répression contre des jeunes révoltés dans plusieurs wilayas du pays notamment, à Khenchela, Adrar, BBA, Ouargla, Djelfa, Chlef, Ghardaïa et Batna provoquant assassinat, arrestations, pratiquant des actes de torture et instaurant un climat de terreur généralisé. L’exemple du drame vécu par nos frères de Tkout situé dans la région des Aurès est plus qu’illustratif.»
Face à cette situation, jugée «préoccupante, désastreuse et chaotique qui vise à étouffer toute forme de protestation», le mouvement citoyen des archs, qui «a déjà exprimé et apporté son soutien en alertant l’opinion publique nationale et internationale tant en interpellant le pouvoir et ses représentants à mettre un terme aux expéditions punitives dans l’immédiat, qu’en provoquant un conclave interwilayas extraordinaire pour arrêter des actions en faveur des délégués et manifestants en détention arbitraire, dans ce cadre, la coordination interwilayas des archs, daïras et communes», a décidé d’organiser une deuxième caravane de solidarité dans les Aurès afin «d’apporter son soutien agissant à la population de cette région et d’exiger la libération immédiate et inconditionnelle des détenus tout en apportant son aide matérielle et morale à ces derniers ainsi qu’aux familles victimes».
A ce propos, l’interwilayas relève que «le pouvoir procède à une répression tous azimuts de la société au moment où il appelle au dialogue : ce qui traduit, on ne peut mieux, sa politique de la carotte et du bâton».

Arezki SLIMANI