Pétition: Non à l’occultation des crimes coloniaux français

Pétition

NON A L’OCCULTATION DES CRIMES COLONIAUX FRANÇAIS

mardi 8 juillet 2003, par Ici & Là-Bas

Signez la pétition demandant le retrait de la proposition de loi visant à la  » reconnaissance de l’œuvre positive de l’ensemble de nos concitoyens qui ont vécu en Algérie pendant la période de la présence française « .

Le 5 mars 2003, une proposition de loi complètement aberrante a été enregistrée à l’Assemblée Nationale. Elle est portée par M. Jean Leonetti et vise à la  » reconnaissance de l’œuvre positive de l’ensemble de nos concitoyens qui ont vécu en Algérie pendant la période de la présence française « .

Aujourd’hui en France, en pleine période de retour sur le passé colonial français, ce genre d’ignominie intellectuelle et politique peut être prononcée par des membres de la représentation nationale, dans l’indifférence générale. Car il faut nous expliquer en quoi la colonisation française en Algérie a été  » positive « .

Qu’y a-t-il de  » positif  » dans l’extermination et la torture de tous les Maghrebins, et des Algériens en particulier, dès lors qu’ils résistaient à l’occupation étrangère ? L’armée française a de lourdes responsabilités qui n’ont pas encore été reconnues.

Qu’y a-t-il de  » positif  » dans l’exploitation économique des hommes et des femmes à qui la France colonialiste a exproprié les terres et les ressources de leur pays ? Loin de l’idée d’un déterminisme historique qui réduit l’existence du Maghreb au  » sous-développement « , nous considérons que c’est l’Europe, dont la France, qui sous-developpa le Maghreb, en spoliant toutes ses richesses. Qu’y a-t-il de  » positif  » dans le racisme véhiculé par l’idéologie colonialiste qui soutenait l’expansion coloniale française, qui considère les  » indigènes  » comme des êtres inférieurs, serviles et corvéables à merci ? Cette idéologie n’a pas disparu en France, cette proposition de loi en est la parfaite illustration.

Qu’y a-t-il de  » positif  » dans la véritable entreprise de destruction de la société paysanne, des cultures, des langues maghrébines, des sociabilités, des liens sociaux qui donnaient une cohérence à des sociétés qui étaient loin d’être  » arriérées  » ?

Qu’y a-t-il de  » positif  » dans l’aliénation politique que pratiquait la France en usurpant le pouvoir souverain à son profit, et au détriment de la quasi-totalité des Maghrébins à qui tous les droits étaient niés ?

Qu’y a-t-il de  » positif  » dans le code de l’indigénat qui criminalisait toute velléité de résistance ou de désobéissance, et en général l’existence entière de millions d’êtres humains considérés comme indignes d’avoir des droits ?

Non, nous ne voyons rien de  » positif  » là-dedans. Les méfaits de la colonisation française au Maghreb, et en particulier en Algérie, se font encore ressentir. La colonisation a disparu, le colonialisme est encore là. En tant que citoyens français, nous ne pouvons, et nous ne devons absolument pas légitimer a posteriori des crimes contre l’humanité. Car telle a été l’œuvre  » civilisatrice  » française au Maghreb : une succession terrible de crimes contre l’humanité.

La dite proposition de loi évoque pourtant le  » devoir de mémoire « . Mais de quoi parle-t-on ? Des parlementaires peuvent-ils sans sourciller réécrire l’histoire de France en occultant sa face cachée, la colonisation et tous ses méfaits ? Si le devoir de mémoire doit s’exercer, il doit se faire en portant un regard lucide, de vérité, sur ce passé douloureux. Cette vision du devoir de mémoire implique donc la reconnaissance des crimes de la colonisation française et non leur occultation qui persiste aujourd’hui, des manuels scolaires aux discours officiels.

Pour ces raisons, nous appelons tous les citoyens des deux rives de la Méditerranée, et en particulier les héritiers de l’immigration post-coloniale, à se soulever contre cette proposition de loi inacceptable au regard de notre passé et de la vérité historique, et qui doit être immédiatement retirée.

Signature sur http://icietlabas.lautre.net

ou par email : [email protected]